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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel
Autoren: Walter Scott
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CAPITAINE. – Vraiment, dans ce cas-là, je craindrais que certaines gens n’en fissent une farce ; ainsi donc, si vous vouliez changer de style, je vous conseillerais de composer un volume de drames comme lord Byron.
    L’ACTEUR. – Non ; Sa Seigneurie est d’une autre trempe que moi. Je ne veux pas jouter contre lui, si je puis m’en dispenser. Mais voilà mon ami Allan qui vient de composer une pièce telle que j’en pourrais écrire une moi-même, dans un jour d’inspiration, et avec une des plumes surfines et brevetées de Bramah. Je ne puis rien faire de bon sans tous ces accessoires.
    LE CAPITAINE. – Voulez-vous parler d’Allan Ramsay ?
    L’AUTEUR. – Non, ni de Barbara Allan, mais d’Allan Cunningham, qui vient de publier sa tragédie de sir Marmaduke-Maxwell, dans laquelle on trouve les fêtes mêlées aux massacres, une scène d’amour auprès d’une scène de sang, et des passages qui ne mènent à rien, mais qui, après tout, sont fort bien. Il n’y a pas une lueur de vraisemblance dans le plan ; mais il y a tant de force dans certains passages, et partout une telle veine de génie poétique, que je désirerais en pouvoir mettre autant dans mes Restes de cuisine, si j’étais tenté de les publier. Dans une édition soignée, on lirait avec admiration les beautés d’Allan ; dans l’état où il se présente, on ne remarquera peut-être que ses défauts ; ou, ce qui est encore pire, on ne fera même aucune attention à lui. Mais ne vous en chagrinez pas, brave Allan, vous n’en êtes pas moins l’ornement de l’Écosse. Il a fait aussi quelques pièces lyriques que vous feriez bien de lire, capitaine. La pièce intitulée ’ Tis hame, and ’tis hame {6} , ne le cède point à celles de Burns.
    LE CAPITAINE. – Je suivrai votre conseil. Le club de Kennaquhair est devenu difficile depuis que Catalani est venue visiter l’abbaye. Mon pauvre Gelé a été reçu pauvrement et froidement ; et les Rives de Bonnie Doon sont tombées à plat. – Tempora mutentur.
    L’AUTEUR. – Le temps ne peut rester stationnaire ; il est soumis au changement ainsi que nous autres mortels. Qu’importe ? – Au bout du compte, un homme vaut un homme.
    Mais l’heure de nous séparer approche.
    LE CAPITAINE. – Vous êtes donc déterminé à suivre votre système ? Ne craignez-vous pas qu’on n’attribue cette succession rapide d’ouvrages à un motif sordide ? On pensera que vous ne travaillez que par l’appât du gain.
    L’AUTEUR. – En supposant qu’outre les autres motifs qui peuvent m’engager à me produire plus fréquemment devant le public, je calcule aussi les grands avantages qui sont le prix des succès en littérature ; – cet émolument est la taxe volontaire que le public paie pour un certain genre d’amusement littéraire ; elle n’est extorquée à personne, et n’est payée, je pense, que par ceux qui peuvent l’acquitter, et qui reçoivent une jouissance proportionnée au prix qu’ils donnent. Si le capital que ces ouvrages ont mis en circulation est considérable, n’a-t-il été utile qu’à moi seul ? Ne puis-je pas dire à cent personnes comme le brave Duncan, le fabricant de papier, le disait aux diables {7} les plus mutins de l’imprimerie : – N’avez-vous pas partagé ? N’avez-vous pas eu vos quinze sous ? – Je pense, je l’avoue, que notre Athènes moderne me doit beaucoup pour avoir établi une manufacture aussi vaste ; et, quand on aura accordé à tous les citoyens le droit de voter dans les élections, je compte sur la protection de tous les ouvriers subalternes que la littérature fait vivre, pour obtenir une place dans le parlement.
    LE CAPITAINE. – On croirait entendre parler un fabricant de calicot.
    L’AUTEUR. – C’est encore de l’hypocrisie, mon cher fils. – Il y a de la chaux dans ce vin-là. – Tout est falsifié dans ce monde. Je le soutiendrai, en dépit d’Adam Smith et de ses sectateurs : un auteur qui réussit est un cultivateur industrieux, et ses ouvrages constituent une portion de la fortune publique, aussi effective que ceux qui sortent de toute autre manufacture. Si une nouvelle denrée, ayant par elle-même une valeur intrinsèque et commerciale, est le résultat de l’opération, pourquoi les ballots de livres d’un auteur seraient-ils regardés comme une portion moins profitable de la richesse publique, que les marchandises de tout autre manufacturier ? Je parle ainsi, eu égard à la
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