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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel
Autoren: Walter Scott
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remplies les unes de vieux bouquins, les autres de livres, qui, rangés sur les rayons dans un ordre uniforme, me parurent être les publications du débit le plus lent parmi les ouvrages modernes, je ne pus résister à une sainte terreur qui s’empara de moi, lorsque je songeai au risque que je courais de déranger quelque barde inspiré, donnant cours à sa fureur poétique, ou peut-être d’interrompre la solitude encore plus formidable d’une bande de critiques occupés à mettre en pièces une proie abattue à leurs pieds. Dans cette supposition, j’éprouvais par anticipation les tortures de ces devins des Highlands que le don fatal de deuteroscopie force de voir des choses cachées aux yeux des autres mortels, et qui sont, pour me servir de l’expression de Collins,
    Tels que les malheureux qu’égare un vain délire,
    Et qui, d’un œil hagard, ont aperçu soudain
    Des spectres préparant leur travail clandestin.
    Cependant l’impulsion irrésistible d’une vague curiosité m’entraînait toujours à travers cette enfilade de pièces obscures, lorsque, comme le joaillier de Delhi dans la maison du magicien Bennaskar, je parvins dans une chambre voûtée, consacrée au secret et au silence, et je vis, assise près d’une lampe et occupée à lire une seconde épreuve couverte de ratures, la personne, ou peut-être je devrais plutôt dire l’ Eidolon ou l’apparition de l’auteur de Waverley. Vous ne serez pas surpris de l’instinct filial qui me fit reconnaître aussitôt les traits de ce vénérable fantôme, en même temps que je pliai le genou en lui adressant cette salutation classique : – Salve , magne parens ! Cependant le spectre m’interrompit en me présentant un siège, et en me donnant à entendre que ma présence n’était pas inattendue, et qu’il avait quelque chose à me dire.
    Je m’assis avec une soumission respectueuse, et je tâchai de bien remarquer les traits de celui auprès de qui je me trouvais d’une manière si inespérée ; mais je ne puis donner à Votre Révérence aucune satisfaction sur ce point ; car, outre l’obscurité de l’appartement et l’agitation de mes nerfs, je me sentais accablé par un sentiment de respect filial, qui m’empêcha de bien saisir et de me rappeler ce que, sans doute, le personnage qui était devant moi pouvait avoir envie de tenir secret. En effet, ses formes étaient si bien voilées et couvertes, soit par un manteau, soit par une robe de chambre, ou par quelque autre vêtement de ce genre, qu’on aurait pu lui appliquer ces vers de Spenser :
    Et cependant les traits de son visage
    N’auraient pu faire encor déterminer
    Quel sexe avait l’étrange personnage.
    Quoi qu’il en soit, je continuerai, comme je l’ai commencé, à me servir du genre masculin ; car, malgré les raisons fort ingénieuses, et qui ont presque l’air de l’évidence, alléguées pour prouver que deux femmes à talent sont l’ auteur de Waverley , je m’en tiens à l’opinion générale, celle qu’il est du sexe le moins aimable. Il y a dans ses écrits trop de choses
    Quæ maribus sola tribuuntur {1}
    pour me permettre d’en douter un instant. Je vais répéter, sous la forme de dialogue, aussi exactement que possible, ce qui s’est passé entre nous ; je ferai seulement observer que, dans le cours de la conversation, son affabilité dissipa insensiblement ma timidité, et que je finis peut-être par retrouver toute la confiance qu’il m’était permis d’avoir.
    L’AUTEUR DE WAVERLEY. – Je désirais vous voir, capitaine Clutterbuck, car vous êtes la personne de ma famille pour qui j’ai le plus de considération, depuis la mort de Jedediah Cleishbotham ; et je crains de vous avoir fait tort en vous assignant le Monastère pour votre part dans mon héritage. J’ai envie de vous en indemniser en vous nommant parrain de cet enfant qui n’a pas encore vu le jour (il me montrait du doigt l’épreuve). – Mais d’abord, parlons du Monastère : qu’est-ce que le monde en dit ? Vous êtes répandu, et il vous est facile de le savoir.
    LE CAPITAINE CLUTTERBUCK. – Hem ! hem ! c’est une question délicate. Je n’ai pas entendu les éditeurs s’en plaindre.
    L’AUTEUR. – C’est l’essentiel ; mais encore un ouvrage insignifiant est quelquefois remarqué par ceux qui ont quitté le port avant lui, avec la brise en poupe. Qu’en disent les critiques ?
    LE CAPITAINE. – L’opinion… générale… est qu’on
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