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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel
Autoren: Walter Scott
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chambre à travers les vitraux de la croisée, lorsque je vis une ombre plus épaisse se placer entre la lune et moi ; je distinguai sur le plancher de l’appartement…
    LE CAPITAINE. – La Dame Blanche d’Avenel, je présume ? vous en avez déjà raconté l’histoire.
    L’AUTEUR. – Non : je vis une femme avec une coiffe ronde, une bavette et un tablier, les manches retroussées jusqu’au coude, tenant d’une main une boîte à farine, de l’autre une cuiller à ragoût. Je pensai d’abord que c’était la cuisinière de mon ami qui se promenait tout endormie ; et comme je savais le prix qu’il attachait à Sally, qui retournait aussi bien une omelette qu’aucune fille du comté, je me levai pour la conduire tranquillement à la porte. Mais lorsque je m’approchai d’elle, elle s’écria : – Arrêtez, monsieur ; pour qui me prenez-vous donc ? Paroles qui me semblèrent si bien dictées par la circonstance, que je ne m’en serais guère inquiété, sans le son de voix creux et surnaturel dont elles étaient prononcées. – Sachez donc ; dit-elle sur le même ton, que je suis le spectre de Betty Barnes. – Qui se pendit d’amour pour le cocher de la diligence, pensai-je ; voilà une belle œuvre. – De cette malheureuse Élisabeth ou Betty Barnes, continua-t-elle, qui fut long-temps cuisinière de M. Warburton, ce laborieux amateur, mais, hélas ! ce trop négligent dépositaire de la plus volumineuse collection de pièces de théâtre qui ait jamais existé, et dont, pour la plupart, les titres seuls sont restés pour orner les préfaces des éditions variorum de Shakspeare. Oui, étranger, ce sont ces mains fatales qui ont voué à la graisse et à la flamme ces nombreux et lourds in-quarto, qui, s’ils existaient encore, feraient perdre la tête à tout le club de Roxburgh. Voici les doigts coupables qui flambèrent des volailles grasses et essuyèrent des assiettes sales avec les ouvrages perdus de Beaumont et Fletcher, de Massinger, Johnson, Webster, je dirai plus… de Shakspeare lui-même.
    Comme tout amateur des antiquités dramatiques, j’éprouvais un choc mortel pour mon ardente curiosité en voyant que des pièces citées dans le répertoire des théâtres, objet de tant de recherches, avaient été comprises dans l’holocauste des victimes que cette malheureuse avait sacrifiées au lieu de la bonne chère. Il n’est donc pas étonnant que, comme l’ermite de Parnell,
    J’aie à l’instant rompu les liens de la crainte,
    M’écriant en accens entrecoupés d’horreur :
    Ô femme abominable ! – À peine ma fureur
    Avait-elle lâché cette unique parole,
    Que Betty brandissant en l’air sa casserole…
    – Prenez garde, s’écria-t-elle ; prenez garde que la colère à laquelle vous vous livrez si mal à propos ne vous fasse perdre l’occasion que j’ai encore d’indemniser le monde du tort que lui a fait mon ignorance. Dans ce caveau au charbon, qui n’a point servi depuis long-temps, gisent, souillés de graisse et de noir, le petit nombre de fragmens de ces anciens drames qui n’ont pas été entièrement détruits. Ainsi donc…
    Hé bien ! pourquoi cet air d’étonnement, capitaine ? je vous jure que c’est la vérité ; à quoi me servirait de vous faire un mensonge ? comme dit mon ami le major Longbow.
    LE CAPITAINE. – Un mensonge, monsieur ? ah ! Dieu me garde d’employer cette expression envers une personne aussi véridique que vous ! Seulement vous êtes disposé à vous divertir un peu ce matin ; voilà tout. Ne feriez-vous pas bien de réserver cette anecdote pour servir d’introduction – à trois pièces de théâtre retrouvées, ou quelque titre équivalent ?
    L’AUTEUR. – Vous avez bien raison ; l’habitude est une étrange chose, mon fils. J’avais oublié à qui je parlais. Oui, à des pièces de théâtre destinées à être lues dans le cabinet, et non à être représentées…
    LE CAPITAINE. – Fort bien : et de cette manière vous êtes sûr d’être joué ; car les directeurs aiment prodigieusement à forcer les gens à s’enrôler sous leurs bannières, tandis que des milliers de volontaires s’offrent pour les servir.
    L’AUTEUR. – J’en suis une preuve vivante, car, bon gré mal gré, on a fait de moi un poète dramatique, comme un autre Laberius. Je crois que ma muse serait terrifiée au point d’être forcée à monter sur le théâtre, quand même je n’écrirais qu’un sermon.
    LE
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