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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel
Autoren: Walter Scott
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voudrais sincèrement qu’il en eût fait usage pour quelque objet plus important : elles prouvent, du reste, que l’incognito que j’ai conservé a engagé un talent précoce dans une discussion épineuse et délicate. Mais une cause, quoique ingénieusement plaidée, n’est pas pour cela gagnée. Vous devez vous souvenir que tous les témoignages qui avaient été si habilement rassemblés pour prouver les titres de sir Philip Francis aux Lettres de Junius semblaient d’abord irrécusables ; cependant ces raisonnemens ont perdu leur force, et Junius, dans l’opinion générale, est aussi inconnu que jamais. Mais ni la flatterie ni la violence ne pourront me déterminer à dire un mot de plus à cet égard. Dire qui je ne suis pas serait un pas pour dire qui je suis ; et comme je n’ambitionne aucunement, pas plus qu’un certain juge de paix cité par Shenstone {4} , la rumeur ou les on dit que de tels ouvrages font naître dans le monde, je continuerai de garder le silence sur un objet qui, selon moi, ne mérite pas tout le bruit qu’on en a fait, et encore moins les débats sérieux dans lesquels le jeune auteur de ces lettres a déployé tant d’esprit.
    LE CAPITAINE. – Mais en admettant, mon cher monsieur, que vous n’ayez pas besoin de vous inquiéter de votre réputation personnelle, ni de celle de tout homme de lettres sur qui vos fautes pourraient retomber, permettez-moi de dire que la reconnaissance que vous devez naturellement au public, pour l’accueil obligeant dont il vous a honoré, ainsi qu’aux critiques, pour la manière indulgente dont ils vous ont traité, devrait vous engager à donner plus de soin à vos histoires.
    L’AUTEUR. – Je vous exhorte, mon fils, à éloigner de votre esprit toute espèce d’hypocrisie, comme aurait dit le docteur Samuel Johnson. Quant aux critiques, ils ont leur affaire, et moi la mienne. Vous savez ce que disent les nourrices :
    Les enfans en Hollande ont du plaisir à faire
    Ces fragiles jouets, qu’avec même plaisir,
    Nos enfans, à leur tour, brisent en Angleterre.
    De même je suis l’humble pourvoyeur des critiques, le chacal {5} trop occupé à leur chercher de la pâture, pour avoir le temps de m’inquiéter s’ils l’avalent ou la rejettent. – Quant au public, je suis vis-à-vis de lui à peu près comme le facteur de la poste qui laisse un paquet à la porte d’un individu. S’il contient quelque nouvelle agréable, un billet d’une maîtresse, une lettre d’un fils absent, un ordre de paiement d’un correspondant qu’on croyait en faillite, la lettre est reçue avec joie, lue, relue, pliée, ajoutée à la liasse, et déposée en sûreté dans le bureau. Si ce qu’elle renferme est d’une nature fâcheuse, si elle vient d’un créancier exigeant ou pressant, on donne au diable le correspondant, on jette la lettre au feu, et le port en est sincèrement regretté ; tandis que le porteur des dépêches, dans l’un ou l’autre cas, n’y pense pas plus qu’aux neiges de l’hiver précédent. La seule bienveillance que le public accorde réellement à un auteur, c’est qu’il est assez disposé à accueillir avec une sorte d’indulgence les ouvrages qui sortent de la plume d’un ancien favori, ne fût-ce que par suite d’un esprit d’habitude, tandis que l’auteur a naturellement une haute idée du goût de ce public, qui a si libéralement applaudi à ses productions. Mais je nie que, d’une part ou d’autre, on ait le droit de réclamer aucune reconnaissance proprement dite.
    LE CAPITAINE. – Le respect pour vous-même, alors, devrait vous avertir d’être prudent.
    L’AUTEUR. – Oui, si la prudence pouvait augmenter mes chances de succès. Mais, à vous dire vrai, les ouvrages et les morceaux dans lesquels j’ai réussi ont généralement été écrits avec la plus grande rapidité ; et, lorsque j’en ai vu comparer certaines parties à d’autres qu’on trouvait beaucoup mieux finies, j’en appelais à ma plume et à mon écritoire, témoins que les passages dont je m’étais si mal tiré étaient ceux qui m’avaient coûté le plus de travail. Du reste, je doute de l’effet salutaire de trop de relâche par rapport au public et à l’auteur. Il faut battre le fer tandis qu’il est chaud, et mettre à la voile quand le vent est bon. Si un auteur heureux n’occupe pas la scène, un autre s’en empare aussitôt. Si un écrivain reste dix ans avant de faire paraître un second ouvrage, il est
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