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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel
Autoren: Walter Scott
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quantité d’argent en circulation, et au degré d’industrie qu’un ouvrage aussi futile que celui-ci doit exciter et récompenser, avant que les volumes quittent la boutique de l’éditeur. C’est à moi qu’on doit cet avantage, et en cela je rends service au pays. Quant à mes émolumens, je les gagne par mon travail, et je ne dois compte qu’au ciel de l’usage que j’en fais. L’homme équitable pensera que tout n’est pas consacré à satisfaire un vil égoïsme ; et, sans que celui qui agit ainsi prétende s’en faire un grand mérite, il peut s’en trouver une partie
    Qui, par le ciel guidée, aille trouver le pauvre.
    LE CAPITAINE. – Néanmoins on regarde généralement comme une bassesse d’écrire par un motif d’intérêt.
    L’ACTEUR. – C’en serait une si ce motif excluait tous les autres, s’il était le but principal d’une conception littéraire. J’oserais même avancer qu’aucun ouvrage d’imagination composé uniquement dans les vues d’en retirer un avantage pécuniaire n’a jamais réussi et ne réussira jamais. Ainsi l’avocat qui plaide, le soldat qui se bat, le médecin qui donne ses ordonnances, l’ecclésiastique, – si toutefois il en peut exister de semblables, – qui prêche sans avoir ni zèle pour sa profession, ni sentiment de sa dignité ; tous ces gens, en un mot, qui ne songent qu’à toucher leur salaire, leur paie ou leurs appointemens, s’abaissent au rang de sordides artisans. C’est pourquoi, à l’égard de deux des facultés savantes, au moins, leurs services sont considérés comme inappréciables, et ceux qu’elles rendent sont récompensés, non d’après une estimation exacte, mais par un honorarium, ou reconnaissance volontaire ; mais qu’un client ou un patient essaie d’oublier cette petite cérémonie de l’ honorarium , qui est censée être une chose tout-à-fait hors de considération entre eux, et qu’il remarque la manière dont le savant docteur prendra la chose. Hypocrisie à part, il en est de même des émolumens littéraires. Aucun homme de sens, quel que soit son rang, ne doit regarder comme au-dessous de lui d’accepter ce qui est un juste dédommagement de son temps, ou une part raisonnable du capital qui doit son existence même à ses peines. Lorsque le czar Pierre travaillait aux tranchées, il recevait la paie d’un simple soldat ; et les gentilshommes, les hommes d’État et les hommes d’Église les plus distingués de leur temps n’ont pas dédaigné de régler des comptes avec leur libraire.
    LE CAPITAINE. – (Il chante.)
    S’ils ne l’ont jamais négligé,
    Ce n’est donc pas une bassesse ;
    Qui pourrait accuser d’une indigne faiblesse
    Ou la noblesse ou le clergé ?
    L’AUTEUR. – Vous avez raison ; mais aucun homme d’honneur, de génie ou d’esprit n’aura l’amour du gain pour principal objet, encore moins pour unique but de ses travaux. Quant à moi, je ne suis pas fâché de gagner au jeu sous la condition de plaire au public ; je le continuerais probablement pour l’unique plaisir de jouer, car j’éprouve aussi fortement que personne cet amour de la composition qui est peut-être le plus vif de tous les instincts, et qui entraîne l’auteur vers sa plume, le peintre vers sa palette, souvent sans aucune chance de gloire, sans perspective de récompense. Peut-être en ai-je trop dit ; il me serait sans doute possible, avec non moins de sincérité que bien des gens, de me disculper de l’accusation d’avoir l’ame bien avide ou mercenaire ; mais je ne suis pas assez hypocrite pour nier les motifs ordinaires d’après lesquels tout ce qui m’entoure agit sans cesse aux dépens de la tranquillité, du bonheur, de la santé et de la vie. Je n’affecte pas le désintéressement de cette association ingénieuse d’individus dont parle Goldsmith, qui vendaient leur journal à six sous l’exemplaire, uniquement pour leur propre amusement.
    LE CAPITAINE. – Je n’ai plus qu’une observation à faire. – Le monde dit que vous vous épuisez.
    L’AUTEUR. – Le monde a raison ; et qu’importe ? Lorsqu’il ne dansera plus, je ne jouerai plus de ma cornemuse, et je ne manquerai pas de gens assez obligeans pour me faire apercevoir que mon temps est passé.
    LE CAPITAINE. – Et que deviendrons-nous alors, nous qui sommes votre malheureuse famille ? Nous tomberons dans le mépris et l’oubli.
    L’AUTEUR. – Comme tant de pauvres diables chargés déjà d’une
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