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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico
Autoren: Michel Zévaco
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les joues roses de sa
madone prostrée dans son fauteuil.
    Mais le Chico n’aurait jamais eu l’audace de reparaître devant
elle quand elle le chassait brutalement. Il s’en allait la mort
dans l’âme, attendant que la tempête fût apaisée, et qu’elle lui
fît signe pour accourir de nouveau se prêter à ses caprices et à
ses humeurs.
    Et puis, qui sait ? Même s’il avait vu ces deux larmes, le
Chico était si naïf – pour les choses de l’amour – il était si bien
persuadé qu’on ne pouvait éprouver un sentiment sérieux pour un
bout d’homme tel que lui, qu’il se fût imaginé que ces larmes
coulaient encore pour le Français.
    Et pourtant !…

Chapitre 2 FAUSTA ET LE TORERO
    Pendant que Pardaillan prenait un repos bien gagné, après une
journée et une nuit aussi bien remplies, le Torero s’était rendu
auprès de sa fiancée, la jolie Giralda.
    Don César ne cessait d’interroger la jeune fille sur ce que lui
avait dit cette mystérieuse princesse, au sujet de sa naissance et
de sa famille, qu’elle prétendait connaître. Malheureusement la
Giralda avait dit tout ce qu’elle savait et le Torero, frémissant
d’impatience, attendait que la matinée fût assez avancée pour se
présenter devant cette princesse inconnue, car il avait décidé
d’aller trouver Fausta.
    Vers neuf heures du matin, à bout de patience, le jeune homme
ceignit son épée, recommanda à la Giralda de ne pas bouger de
l’hôtellerie où elle se trouvait en sûreté, sous la garde de
Pardaillan, et il sortit.
    Sur le palier du premier étage, en passant devant la porte
derrière laquelle Pardaillan dormait à poings fermés, il eut une
seconde d’hésitation et il allongea la main vers le loquet pour
entrer. Mais il n’acheva pas son geste, et, secouant la
tête :
    – Non ! murmura-t-il, ce serait un crime de le
réveiller pour si peu. Que me dirait-il d’ailleurs ?
Laissons-le reposer, il doit en avoir besoin ; quoiqu’il ne se
soit guère expliqué, j’ai idée qu’il a dû passer une nuit plutôt
mouvementée.
    Et il continua son chemin sur la pointe des pieds, descendit
l’escalier intérieur en chêne sculpté, dont les marches, cirées à
outrance, étaient reluisantes et glissantes comme le parquet d’une
salle d’honneur de palais, et pénétra dans la cuisine.
    Un cabinet semblable à peu près au bureau d’un hôtel moderne
avait été ménagé là, dans lequel se tenait habituellement la petite
Juana. De ce cabinet, à l’abri des regards indiscrets, la fille de
Manuel pouvait, par de grands judas, surveiller à la fois la
cuisinière, la grande salle et le patio, sans être vue
elle-même.
    Le Torero pénétra dans ce retrait et, s’inclinant gracieusement
devant la jeune fille :
    – señorita, dit-il, je sais que vous êtes aussi bonne que
jolie, c’est pourquoi j’ose vous prier de veiller sur ma fiancée
pendant quelques instants. Voulez-vous me permettre de faire en
sorte que nul ne soupçonne sa présence chez vous ?
    Señorita ! La petite Juana, toujours parée comme une dame,
gracieuse et avenante avec tous, savait néanmoins imposer le
respect. Peu de personnes, comme Pardaillan, se permettaient de
l’appeler Juana tout court ; bien moins encore, comme
Cervantès, la tutoyaient. Les serviteurs et les clients la
saluaient, pour la plupart, de ce titre de señorita, ou demoiselle,
alors réservé aux seules femmes de noblesse.
    Avec son plus gracieux sourire, Juana répondit :
    – Seigneur César, vous pouvez aller tranquille. Je vais
monter à l’instant chercher votre fiancée, et tant que durera votre
absence, je la garderai près de moi, dans ce réduit où nul ne
pénètre sans ma permission.
    – Mille grâces, señorita ! Je n’attendais pas moins de
votre bon cœur. Vous voudrez bien aviser M. le chevalier de
Pardaillan, à son réveil, que j’ai dû m’absenter pour une affaire
qui ne souffre aucun retard. J’espère être de retour d’ici à une
heure ou deux au plus.
    – Le sire de Pardaillan sera prévenu.
    Le Torero remercia et, tranquille sur le sort de la Giralda, il
sortit après s’être incliné devant la fillette, avec autant de
déférence que si elle avait été une grande dame.
    Une fois dehors, il se dirigea à grand pas vers la maison des
Cyprès, où il espérait trouver la princesse. À défaut, il pensait
que quelque serviteur serait à même de le renseigner et de lui
indiquer où il pourrait la trouver ailleurs.
    Ce
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