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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico
Autoren: Michel Zévaco
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d’une joie aussi bruyante que
sincère qui l’émurent doucement.
    – J’ai bien cru que vous ne sortiriez pas vivant de
là-dedans, dit-il, quand il se fut un peu calmé.
    – Bah ! répondit Pardaillan en souriant, j’ai la peau
trop dure, on ne m’atteint pas aisément.
    – J’espère que nous allons nous en aller maintenant ?
fit le Chico qui tremblait à la pensée que, pris de quelque
nouvelle lubie, le Français ne s’avisât de s’exposer encore, bien
inutilement, à son sens.
    À sa grande satisfaction, Pardaillan dit :
    – Ma foi, oui ! Ce séjour est peut-être agréable pour
des bêtes de nuit, mais il n’a rien d’attrayant et il est trop peu
hospitalier pour d’honnêtes gens comme Chico. Allons-nous-en
donc !
    Le soleil se levait radieux, lorsque Pardaillan, accompagné de
son petit ami, le nain Chico, fit son entrée dans l’auberge de
La Tour.
    Tout le personnel s’activait, frottant, lavant, balayant,
nettoyant, mettant tout en ordre, car ce jour était un dimanche et
la clientèle serait nombreuse.
    Dans la vaste cheminée de la cuisine, un feu clair pétillait, et
la gouvernante Barbara, pour ne pas en perdre l’habitude, maugréait
et bougonnait contre les jeunes maîtresses qui ne veulent en faire
qu’à leur tête, et qui, après avoir passé la plus grande partie de
la nuit debout, sont levées les premières et parées de leurs plus
beaux atours, gênent les serviteurs honnêtes et consciencieux
acharnés à leur besogne.
    C’est qu’en effet la petite Juana était descendue la première,
n’ayant pu trouver le repos espéré.
    Elle était bien pâle, la petite Juana, et ses yeux cernés,
brillants de fièvre, trahissaient une grande fatigue… ou peut-être
des larmes versées abondamment. Mais si inquiète, si fatiguée et si
désorientée qu’elle fût, la coquetterie n’avait pas cédé le pas
chez elle. Et c’est, parée de ses plus riches et de ses plus beaux
vêtements, soigneusement coiffée, finement chaussée – coiffure et
chaussures, ses deux plus grandes coquetteries, en vraie Andalouse
qu’elle était – qu’elle allait et venait, par habitude, mais
l’esprit absent, ne surveillant nullement les serviteurs, ayant
toujours l’œil et l’oreille tendus vers la porte d’entrée comme si
elle eût attendue quelqu’un.
    C’est ainsi qu’elle vit parfaitement, et du premier coup d’œil,
entrer Pardaillan, flanqué de Chico, l’air triomphant. Et du même
coup le sourire s’épanouit sur la pourpre fleur de grenadier
qu’étaient ses lèvres, ses joues si pâles rosirent, et ses yeux
inquiets, comme embués de larmes, retrouvèrent tout leur éclat,
comme par enchantement.
    Elle les vit parfaitement, mais il se trouva, comme par hasard,
que juste à ce moment elle remarqua une négligence d’une servante à
qui elle se mit à faire des reproches très vifs, des reproches
exagérés par rapport à la faute commise, ce qui parut surprendre et
chagriner la servante, peu habituée sans doute à une telle
sévérité.
    Quand elle jugea que le seigneur français avait suffisamment
attendu, Juana daigna remarquer sa présence, et avec un joli petit
cri de surprise, admirablement jouée, et avec un air d’indifférence
hypocrite :
    – Ah ! monsieur le chevalier, vous voici de
retour ? Savez-vous que vos amis, don Cervantès et don César,
sont très inquiets à votre sujet ? dit-elle.
    – Bon ! fit Pardaillan en souriant, je vais les
rassurer… dans un instant.
    Mais, chose bizarre, Juana, qui avait, quelques heures plus tôt,
si vivement pressé le Chico de sauver le chevalier, s’il était
possible, Juana, qui avait prodigué des promesses sincères de
reconnaissance et d’attachement, Juana ne dit pas un mot au nain,
dont l’air triomphant se changea en consternation. Elle ne parut
même pas le voir ; ou plutôt, si. Elle lui jeta un coup d’œil.
Mais un coup d’œil foudroyant, comme si elle eût eu à lui reprocher
quelque trahison indigne.
    Le pauvre Chico, qui s’attendait à des remerciements bien
mérités, somme toute, demeura pétrifié, et son petit visage se
crispa douloureusement : « Qu’a-t-elle donc ? Que
lui ai-je fait ? »
    Juana, sans plus s’occuper du nain, demandait :
    – Seigneur, désirez-vous monter vous reposer de
suite ? Désirez-vous prendre quelque chose avant ?
    – Juana, ma jolie, je désire me restaurer d’abord.
Faites-moi donc servir la moindre des choses, quelque tranche
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