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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico
Autoren: Michel Zévaco
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dimanche matin, on devait, comme tous les dimanches, griller
quelques hérétiques. Comme le roi honorait de sa présence sa bonne
ville de Séville, l’Inquisition avait donné à cette sinistre
cérémonie une ampleur inaccoutumée, tant par le nombre des victimes
– sept : autant de condamnés qu’il y avait de jours dans la
semaine – que par le faste du cérémonial.
    Aussi le Torero croisait-il une foule de gens endimanchés qui
tous se hâtaient vers la place San-Francisco, théâtre ordinaire de
toutes les réjouissances publiques. Nous disons réjouissances, et
c’est à dessein. En effet, non seulement les autodafés
constituaient à peu près les seules réjouissances offertes au
peuple, mais encore on était arrivé à lui persuader qu’en assistant
à ces sauvages hécatombes humaines, en se réjouissant de la mort
des malheureuses victimes, il travaillait à son salut. Le clergé,
pour obtenir ce résultat, avait tout simplement prêché en chaire
que chaque fidèle qui assisterait au supplice aurait droit à un
certain nombre d’indulgences.
    La foule se rendait donc en masse à ces exécutions puisque
c’était tout profit pour elle.
    En dehors des autodafés, il y avait encore les corridas. Mais
les corridas étaient plutôt rares. En outre, il ne faudrait pas
croire que la corrida était ce qu’elle est devenue
aujourd’hui : un spectacle accessible à tous, moyennant
finance. La corrida était alors, en Espagne, à peu près ce qu’était
le tournoi en France : une distraction sauvage réservée à la
seule noblesse. Pour descendre dans l’arène et combattre le fauve,
il fallait être noble, à telles enseignes que le père de Philippe
II, l’empereur Charles Quint, n’avait pas dédaigné de le faire.
Pour assister à la corrida il fallait encore être de noblesse.
Certes on réservait une place au populaire qu’on parquait debout au
plus mauvais endroit, mais la plus grande partie des places était
réservée à la noblesse.
    Pour les exécutions, il n’en était pas de même. Ces spectacles
s’adressaient surtout au peuple avec l’intention de le moraliser et
de l’édifier. Naturellement on lui réservait la place d’honneur et
il en était fier.
    Parmi cette foule de gens pressés d’aller occuper les meilleures
places ou de jouer leur modeste rôle dans la fête, car toutes les
confréries participaient à l’autodafé, il s’en trouvait qui,
reconnaissant don César, le désignaient à leurs voisins en
murmurant sur un mode admiratif :
    – El Torero ! El Torero !
    Quelques-uns le saluaient avec déférence. Il rendait les saluts
et les sourires d’un air distrait et continuait hâtivement sa
route.
    Enfin il pénétra dans la maison des Cyprès, franchit le perron
et se trouva dans ce vestibule qu’il avait à peine regardé la nuit
même, alors qu’il était à la recherche de la Giralda et de
Pardaillan.
    Comme il n’avait pas les préoccupations de la veille, il fut
ébloui par les splendeurs entassées dans cette pièce. Mais il se
garda bien de rien laisser paraître de ces impressions, car quatre
grands escogriffes de laquais, chamarrés d’or sur toutes les
coutures, se tenaient raides comme des statues et le dévisageaient
d’un air à la fois respectueux et arrogant.
    Toutefois, sans se laisser intimider par la valetaille il
commanda, sur un ton qui n’admettait pas de résistance, au premier
venu de ces escogriffes, d’aller demander à sa maîtresse si elle
consentait à recevoir don César, gentilhomme castillan.
    Sans hésiter, le laquais répondit avec déférence :
    – Sa Seigneurie l’illustre princesse Fausta, ma maîtresse,
n’est pas en ce moment à sa maison de campagne. Elle ne saurait en
conséquence recevoir le seigneur don César.
    « Bon ! pensa le Torero, cette illustre princesse
s’appelle Fausta C’est toujours un renseignement. »
    Et tout haut :
    – J’ai besoin de voir la princesse Fausta pour une affaire
du plus haut intérêt et qui ne souffre aucun retard. Veuillez me
dire où je pourrai la rencontrer.
    Le laquais réfléchit une seconde et :
    – Si le seigneur don César veut bien me suivre, j’aurai
l’honneur de le conduire auprès de M. l’intendant qui pourra
peut-être le renseigner.
    Le Torero, à la suite du laquais, traversa une enfilade de
pièces meublées avec un luxe inouï, dont il n’avait jamais eu
l’idée.
    « Oh ! oh ! songeait-il, je comprends les
exclamations admiratives
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