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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise
Autoren: Michel Zévaco
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je vous
déclare traître et rebelle, et je vous arrête. »
    Foscari tira sa dague et voulut s’en frapper ; vingt bras
le saisirent aussitôt et le désarmèrent.
    Quelques minutes plus tard, il était dans le palais ducal et
gardé à vue. On dit qu’au moment où il commençait à monter
l’escalier des géants, il saisit sa couronne et la jeta à terre
d’un geste violent, ce même geste qu’il avait vu faire au vieux
Candiano la nuit des terribles fiançailles.
    Au-dehors, la grande rafale des clameurs populaires portait très
haut, dans une large envolée, le nom de Roland. Et toujours, le
même cri passionné, délirant, se déchaînait en tempête :
    « Liberté ! Liberté !… »
    Roland, pâle et calme, donna alors des ordres pour faire garder
les principaux points de Venise. Une centaine de patriciens qu’il
accueillit froidement accoururent l’assurer de leur bonne volonté.
Ce qui restait de sénateurs vint aussi faire sa soumission.
    Telle fut cette révolution qui se termina en quelques heures et
qui fut semblable à toutes les révolutions de Venise, à cela près
que le peuple y joua le grand rôle.
    Tandis que les divers mouvements indiqués par Roland
s’accomplissaient, tandis que tous les papiers étaient saisis dans
le palais, que les portes des puits et des plombs s’ouvraient
devant les prisonniers extasiés, que les chefs de la flotte
accouraient prêter serment au nouveau doge et que des chants
d’allégresse emplissaient la ville, tandis que des fêtes
s’improvisaient partout et que les prisonniers de Foscari étaient
portés en triomphe, tandis que tout s’activait dans le peuple des
barcarols pour une illumination générale des canaux, Roland se
dirigeait vers le pont des Soupirs, descendant l’escalier qu’il
avait descendu jadis.
    Une puissante émotion étreignait son cœur…
    Il était doge, ses ennemis étaient tous tombés l’un après
l’autre.
    Il tenait le dernier, le plus terrible dans sa main.
    Mais tout cela lui rendait-il le bonheur perdu… l’amour…
Léonore !…
    « Que va-t-elle devenir, hélas !… Comment va-t-elle
supporter le coup qui frappe l’homme qu’elle avait
choisi !… »
    Il atteignit le pont.
    Il était entouré des principaux de ses compagnons de la montagne
qui tous connaissaient son histoire et le rôle joué jadis par
Foscari. Ils étaient graves comme des juges qui vont accomplir une
œuvre terrible et nécessaire.
    Foscari était attaché sur la chaise de pierre, la terrible
chaise où jadis on avait assis le vieux Candiano pour
l’aveugler.
    Roland s’avança vers lui, et dit :
    « Foscari, nous sommes ici pour vous juger et délibérer sur
vos actes passés : j’entends seulement le crime que vous avez
commis sur le doge Candiano… car pour moi, je vous
pardonne ! »
    *
    * *
    Il faut, pour quelques instants, nous transporter au palais
Arétin. Là, tout est fermé, cadenassé, barré de chaînes ; aux
fenêtres on a placé des matelas. Il semble que la révolution n’ait
d’autre but que d’épouvanter maître Pierre.
    Posté au centre de son palais, dans la pièce la mieux abritée,
enfermé à triple verrou, l’Arétin tremble, grelotte, sue et
blêmit.
    Il n’a même pas la consolation d’avoir autour de lui ses
Arétines, qui toutes ont été se poster à une fenêtre que, malgré
les menaces apocalyptiques de maître Pierre, elles ont refusé de
matelasser.
    Elles veulent voir. Et penchées à tomber, elles regardent…
    Seul un valet de confiance est auprès de Pierre ; tous les
autres ont reçu l’ordre de se placer devant la porte d’entrée,
armés de pistolets, d’arquebuses.
    « Faites-vous tuer jusqu’au dernier pour que j’aie le temps
de m’enfuir ! » a clamé l’Arétin.
    Son valet de confiance, Gianetto – cet ancien marin que Roland
avait placé près de Pierre Arétin – Gianetto, donc, s’efforce en
vain de rassurer son maître.
    Tout à coup, des cris retentissent.
    Ah ! cette fois, c’est bien l’extermination finale :
c’est dans le palais même que ces cris éclatent.
    « Ohimé ! gémit l’Arétin aplati sous son lit. Je suis
mort ! mort sans rémission !… »
    On frappe à grands coups à la porte de la chambre.
    « Grâce ! hurle l’Arétin. Je n’ai rien fait, par la
madone !… »
    La porte a été ouverte par Gianetto et… et ce sont les Arétines
qui entrent à la débandade, en frappant des mains et en
criant :
    « Candiano !
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