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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise
Autoren: Michel Zévaco
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mettaient à sonner le tocsin.
    Roland arriva à un carrefour.
    En un clin d’œil, au moyen de tonneaux vides sur lesquels on
posa une porte qui fut arrachée de ses gonds, une estrade fut
improvisée.
    Des centaines de bras se tendirent vers lui. Il fut saisi, porté
sur l’estrade.
    « Parle ! parle ! criaient les femmes.
    – Sauve-nous ! À nous, Roland ! » hurlaient
les hommes.
    Et comme il faisait un signe, un silence terrible plana tout à
coup sur cette foule.
    D’une voix forte, Roland demanda :
    « Voulez-vous l’esclavage ou la liberté ? »
    Ce fut une clameur, un hurlement indescriptible :
    « Liberté ! Liberté !…
    – Voulez-vous me confier la garde de votre
liberté ? »
    Et la clameur s’éleva, plus furieuse, plus intense :
    « Oui, oui, Roland ! Roland le Fort ! Le doge du
peuple !… »
    Roland fit signe qu’il acceptait ce que le peuple acceptait.
    Ce fut ainsi que fut conclu, dans le tumulte de l’émeute, parmi
les bruits de la bataille, le pacte entre Roland Candiano et le
peuple de Venise.
    Roland descendit de l’estrade et continua à marcher vers le
palais ducal.
    *
    * *
    Maintenant, voici ce qui se passait dans les flancs du vaisseau
amiral au moment où Foscari et son cortège débouchaient sur les
quais du Lido.
    Au moment où Scalabrino avait commencé à descendre l’escalier de
la grande écoutille, tout dormait dans le vaisseau.
    L’heure de mettre les matelots au courant de ce qui allait se
passer n’était pas encore venue pour l’amiral de la flotte.
    Scalabrino put donc descendre sans avoir été vu par qui que ce
fût.
    Il descendit deux ponts, puis se trouva enfin dans le dernier
pont qui le séparait de la cale.
    Alors, sûr qu’on ne viendrait pas le chercher là, il tira de ses
vêtements de marin une petite lanterne sourde et l’alluma.
    Puis il chercha le trou d’homme qui permettait de descendre à la
cale.
    C’était, au milieu du pont, une écoutille hermétiquement fermée,
le couvercle maintenu par de solides cadenas.
    Scalabrino regarda autour de lui et, dans un coin, aperçut une
barre de fer.
    Avec cette barre, il fit sauter les cadenas.
    Puis il leva le couvercle et posait déjà le pied sur le premier
échelon de fer lorsqu’un étrange mouvement se manifesta au-dessus
de sa tête, dans le vaisseau.
    Il s’arrêta court, et prêta l’oreille.
    Il entendait de sourdes rumeurs, des grincements de chaînes, des
ordres jetés d’une voix étouffée.
    Alors, il referma soigneusement l’écoutille, éteignit sa
lanterne et remonta d’un étage.
    Là, il écouta encore, immobile, l’esprit tendu, cherchant à
comprendre ce qui se passait.
    Des voix parvinrent jusqu’à lui.
    Un balancement plus prononcé du navire lui indiqua que les
ancres venaient d’être levées.
    Au bout d’une heure de cette attente dans les ténèbres,
Scalabrino sourit.
    Il avait compris…
    Alors, il regagna l’écoutille de la cale et, cette fois, s’y
enfonça sans hésiter…
    Le fond de la cale était divisé en deux vastes
compartiments.
    Celui qui s’étendait sous l’avant renfermait des boulets de fer,
des balles d’arquebuse, des piques, des sabres d’abordage. Celui
qui s’étendait sous l’arrière contenait la poudre placée dans une
quinzaine de tonneaux. Chacune de ces chambres était fermée par une
porte solide.
    Avec sa barre de fer, Scalabrino fit sauter la serrure des deux
portes.
    Et il visita les deux compartiments.
    Il besognait sans se hâter, avec méthode et précision.
    Il commença par rapprocher les tonneaux l’un de l’autre.
    Puis il pratiqua dans le tonneau central une entaille avec son
poignard.
    Un peu de poudre s’égrena.
    Scalabrino introduisit alors dans l’entaille l’extrémité d’une
mèche qu’il tira de sa cotte de marin.
    La mèche était assez longue.
    « Il faudra à peu près une minute », calcula-t-il.
    Alors, il posa sa lanterne sourde près de l’extrémité de la
mèche demeurée au-dehors et l’ouvrit.
    Puis il se mit à genoux.
    Et il attendit.
    Soudain, en haut, sur le pont, des clameurs retentirent.
    Quelques minutes s’écoulèrent.
    Scalabrino, à genoux, sa lanterne ouverte à la main,
écoutait.
    Les clameurs se turent tout à coup, et des ordres brefs
retentirent :
    « En avant ! à terre ! à terre !… »
    Alors, il saisit le bout de la mèche et le plaça sur la flamme
de sa lanterne.
    La mèche se mit à pétiller et se tordit comme un serpent
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