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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise
Autoren: Michel Zévaco
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de
feu.
    Scalabrino se releva, laissant là sa lanterne.
    « Je lui ai juré de ne pas me tuer »,
murmura-t-il.
    Et d’un pas tranquille, sans hâte, il se mit à remonter.
    « Trahison ! trahison ! » tonna Foscari en
apercevant le vaisseau amiral amarré au quai.
    En même temps, il se retourna vers Guido Gennaro et lui porta un
furieux coup de dague à la poitrine.
    Gennaro tomba en criant :
    « Je suis mort ! »
    Et la face contre terre, il ne bougea plus.
    Mais si quelqu’un eût eu la curiosité de s’approcher de lui très
près, il l’eût peut-être entendu qui murmurait :
    « Décidément, maître Molina est le premier armurier du
monde ; ses cottes de mailles sont des
chefs-d’œuvre. »
    Et ce curieux eût vu le mort entrouvrir un œil à la façon des
chats et regarder ce qui se passait autour de lui.
    Au cri de Foscari, Altieri et les conjurés avaient tiré
l’épée.
    « À moi, les Suisses ! hurla le doge. À moi,
sénateurs, on étrangle la loi, on assassine la liberté !…
    – Non pas, tonna Altieri de son côté, c’est vous seul qu’on
veut tuer si vous ne vous rendez… Rendez-vous,
Foscari ! »
    Le doge jeta autour de lui des yeux sanglants. Il vit les
conjurés se ruer sur les Suisses qui tinrent bon.
    « Courage ! courage ! » leur cria-t-il en se
jetant au milieu d’eux.
    Les deux bandes en présence se précipitèrent l’une sur
l’autre ; les coups de pistolet, les arquebusades, les
hurlements de fureur, les gémissements des blessés se heurtèrent,
formèrent un chaos de bruits étranges et formidables.
    « À terre ! rugit Altieri en faisant signe à ses deux
compagnies.
    – Je suis perdu ! » gronda le doge.
    Du haut du vaisseau amiral, des clameurs répondirent à la
clameur d’Altieri, et ses soldats se ruèrent sur le large pont de
planches.
    À ce moment, une détonation inouïe ébranla les airs.
    Le vaisseau amiral s’ouvrit comme un volcan.
    Une immense colonne de flammes surmontée d’un panache de fumée
noire s’éleva toute droite.
    Puis une pluie de feu, débris embrasés, membres déchiquetés, se
mit à tomber en mer et sur le quai.
    Un instant de stupeur épouvantée suspendit l’ardente
bataille.
    Puis il y eut un silence lugubre.
    Le vaisseau amiral avait disparu, et, avec lui, les deux
compagnies d’Altieri, et la plupart des conjurés qui s’étaient
embarqués.
    Alors on entendit un hurlement féroce.
    Et Foscari, levant son épée, ivre de joie, se précipita,
entraînant non seulement les Suisses, mais tous les patriciens qui
jusqu’à ce moment avaient hésité.
    Ce fut une tuerie affreuse.
    En quelques instants, deux cents cadavres jonchèrent le sol.
    Altieri, avec une dizaine de ses amis, se battait encore
lorsqu’un Suisse gigantesque, d’un coup de hallebarde, brisa son
épée.
    Altieri, alors, jeta sur Foscari un regard de folie.
    Il saisit ses cheveux à pleines mains, et un lamentable sanglot
éclata sur ses lèvres tuméfiées.
    « Qu’on le saisisse ! » tonna le doge
vainqueur.
    D’un bond, Altieri se mit hors de portée.
    On le vit s’enfuir, disparaître au tournant d’une ruelle. Et le
doge, dans l’ivresse du triomphe, dédaigna de le faire
poursuivre.
    « Au palais ducal ! » cria-t-il.

Chapitre 31 LE PONT DES SOUPIRS
    Et comme la foule des sénateurs et des patriciens s’ébranlait
acclamant Foscari, celui-ci se prit à demander :
    « On sonne le tocsin ! Pourquoi sonne-t-on le
tocsin ?
    – Au palais ! au palais ! lui crièrent quelques
sénateurs.
    – On crie là-bas… Pourquoi ces clameurs ?… »
    Cependant, il se mit en route.
    Dans la bataille, cent cinquante de ses Suisses étaient tombés.
Mais il avait encore autour de lui une force imposante.
    Autour de lui, on criait : « Foscari !
Foscari !… »
    Après une heure de marche lente où l’on avançait de trois pas
pour reculer de deux, marche arrêtée à chaque instant par des
bandes du peuple, Foscari atteignit le carrefour
della
Croce,
étroit embranchement de plusieurs ruelles.
    « Prenons par les canaux ! lui dit un des Dix.
    – Non ! répondit le doge, le peuple croirait que j’ai
peur de lui ! »
    Mais du carrefour, une arquebusade soudaine éclata. Quinze
hommes rangés en bataille, quinze inconnus, venaient de lâcher
ensemble leur coup d’arquebuse et se repliaient aussitôt dans la
direction du palais ducal en criant :
    « Liberté ! Liberté !…
    – Candiano ! Roland
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