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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu
Autoren: Mary Reed McCall
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Prologue
    Juin 1309, Dunleavy Castle, Lowlands, Écosse
     
    — Le mur ouest montre des signes de faiblesse, madame. Il ne résistera peut-être pas au prochain boulet.
    Atterrée, lady Elizabeth de Selkirk se redressa pour faire face à Aubert, l’intendant au château. S’il l’avait trouvée agenouillée, ce n’était pas parce qu’elle était en prière, mais parce qu’elle s’activait à panser les plaies d’un blessé.
    Ils étaient en effet une soixantaine de soldats à être tombés lors de l’assaut, et on les avait installés tant bien que mal sur des paillasses jetées à même le sol de la grande salle commune transformée en infirmerie. Et maintenant, des enfants et des femmes commençaient à s’ajouter aux blessés. Il ne fallait pas s’en étonner. Le siège durait depuis longtemps. Il avait commencé à peine un mois après une attaque anglaise que la garnison avait heureusement réussi à repousser.
    Cette fois, l’assaut avait été donné par Archibald Drummond, comte de Lennox, un Écossais dont les terres jouxtaient celles d’Elizabeth au nord.
    La jeune femme était tombée des nues en apprenant que son voisin et compatriote lançait une offensive contre Dunleavy.
    — Dois-je faire mander le capitaine des gardes, madame ? demanda Aubert.
    — Non. Il a bien autre chose à faire que de répondre à des questions dont vous connaissez probablement les réponses tout autant que lui.
    L’intendant hocha la tête afin de montrer qu’il était plein de bonne volonté et ferait de son mieux pour répondre aux attentes de sa maîtresse.
    — Lennox cause beaucoup de dégât avec son trébuchet. Pourquoi ne ripostons-nous pas avec notre catapulte ?
    — Hélas, la dernière volée du comte de Lennox l’a presque réduite en miettes ! Le cadre est brisé et les boulets sont éparpillés un peu partout. Nos hommes sont en train d’essayer de la réparer, mais elle ne sera pas utilisable avant la tombée de la nuit. C’est un véritable chaos dans la cour extérieure.
    Aubert s’exprimait d’une voix calme, comme toujours, mais sa tension était palpable.
    Elizabeth s’efforça de dissimuler la consternation dans laquelle ces nouvelles la plongeaient.
    Son regard balaya la grande salle commune dont le sol était jonché de blessés souffrant de brûlures, de fractures, de lacérations ou de contusions sévères. Ces soldats l’avaient servie avec la plus grande loyauté depuis que son époux, Robert Kincaid, avait rejoint les troupes écossaises qui combattaient pourtant contre ses compatriotes anglais.
    Il était parti quatre ans, dix mois et cinq jours auparavant, quelques semaines à peine après leur mariage. Puis il avait été fait prisonnier. Depuis, les nouvelles étaient rares. Elizabeth savait seulement que son mari croupissait dans une geôle, quelque part en territoire anglais, pendant que le roi Édouard lançait des attaques répétées contre Dunleavy Castle.
    Mais, pardieu, ces satanés Anglais ne réussiraient pas à prendre la forteresse ! Elizabeth s’en était fait le serment, elle l’avait promis aux siens et, dans le secret de son cœur, elle l’avait aussi juré à Robert.
    — Milady ?
    Arrachée à ses pensées, elle tressaillit. Aubert attendait ses consignes. D’un geste, elle lui fit signe de la suivre. Au passage, elle demanda à Maria, une de ses suivantes, d’aller la remplacer au chevet du blessé dont elle s’occupait une minute auparavant.
    Une fois dans le couloir, elle inspira avec soulagement l’air frais, débarrassé des miasmes qui empoisonnaient l’atmosphère de la grande salle.
    — Il faut agir, et vite, décréta-t-elle. Pas question d’attendre la nuit pour riposter. Et il faut alerter Robert Bruce {1} de ce qui se passe ici. Le roi n’a sûrement pas autorisé le siège d’un château écossais dont le maître se trouve prisonnier des Anglais. Il sera furieux d’apprendre le forfait de Lennox.
    — Pardonnez-moi, madame, mais dans la lettre qu’il nous a fait parvenir, le comte affirme avoir appris de source sûre la nouvelle de la mort récente de votre époux en captivité.
    — Il ment ! Sinon, les Anglais n’auraient pas manqué de le faire savoir lors de leur dernier assaut contre Dunleavy. Croyez-moi, ils auraient sauté sur l’occasion s’ils avaient possédé une telle arme contre nous.
    Aubert baissa la tête sans répondre, mais Elizabeth voyait bien qu’il aurait aimé ajouter quelque chose.
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