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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu
Autoren: Mary Reed McCall
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L’intendant, dont l’attitude pontifiante se révélait parfois agaçante, comptait cependant parmi ses plus fidèles serviteurs et, dans un moment aussi désespéré, il aurait été stupide de ne pas écouter ce qu’il avait à dire.
    — Parlez, Aubert. Dites-moi sans crainte ce que vous avez sur le cœur.
    — Je ne peux m’empêcher de songer, madame, que si le comte croit vraiment votre mari mort, il voit peut-être dans ce siège plus qu’un moyen de gagner quelques têtes de bétail. S’il pense le domaine en perdition, peut-être considère-t-il son action comme purement patriotique.
    — Et pourquoi le domaine serait-il en perdition ? Il ferait beau voir !
    — Pardonnez-moi, madame, mais certains doutent de votre... loyauté envers l’Écosse. Votre père était certes écossais, mais votre mère était anglaise. Beaucoup pensent qu’il vous sera impossible de tenir très longtemps face aux attaques des compatriotes de votre mère. Certains redoutent qu’au bout du compte, vous ne préfériez signer la paix avec nos ennemis plutôt que de subir ces sièges répétés. Le comte de Lennox voit probablement là une raison suffisante pour justifier son attaque. Et Robert Bruce aussi.
    — Comme c’est étrange ! rétorqua Elizabeth. Il y a cinq ans de cela, lorsque mon Anglais de mari s’est rangé à ses côtés pour combattre le roi Édouard, Lennox ne doutait pas de ma loyauté. Non, Aubert. Si ce renard passe aujourd’hui à l’attaque, c’est uniquement parce qu’il nous sait affaiblis. Et Robert Bruce prendra mon parti, vous verrez !
    Les yeux toujours baissés, Aubert observa d’une voix tranchante :
    — Alors que proposez-vous de faire en attendant son intervention ? Milady, vous l’avez dit vous-même, nous ne pouvons nous permettre d’attendre la tombée de la nuit pour répliquer. Or le comte ne montre aucun signe de faiblesse. Ne vaudrait-il pas mieux envisager une alliance avec lui ? Ainsi, la prochaine fois que l’Anglais...
    — Je ne m’allierai pas à Lennox, ni à aucun homme prêt à faire tomber Dunleavy, Aubert !
    Le silence s’étira entre eux, pesant. Tête baissée, l’intendant affichait une posture qui laissait clairement entendre qu’il réprouvait l’attitude de sa maîtresse. Néanmoins, en l’absence de son mari, elle seule était habilitée à commander au château. Aubert le savait, et il se soumettait à son autorité.
    — Il nous faut pourtant réagir, reprit Elizabeth dans un murmure. Et pour nous en sortir, il ne nous reste plus qu’à prendre l’ennemi par surprise. Ce sera risqué, bien sûr, mais peut-être que...
    Elle laissa sa phrase en suspens. L’idée qui venait de germer dans son cerveau était en train de prendre forme.
    Elle s’éloigna soudain à vive allure. Dans sa hâte, sa guimpe se défit, révélant sa longue chevelure couleur de miel.
    Aubert lui emboîta le pas.
    — Milady, où allez-vous ? cria-t-il, une note d’exaspération dans la voix.
    — Dans ma chambre. Je veux me changer et passer une toilette plus seyante.
    — Je vous demande pardon ?
    Sans ralentir l’allure, elle lui jeta un bref regard de côté.
    — Je n’ai pas perdu l’esprit, Aubert. Pour mener à bien le plan qui m’est venu à l’idée, je dois changer de tenue. Mais tout d’abord, dites-moi si nous avons encore suffisamment de poix dans l’arsenal ?
    — Eh bien... oui, madame, mais...
    — Je veux qu’on en fasse chauffer de grandes quantités dans les cuves. Et vous allez demander à une douzaine d’hommes de creuser dans la cour extérieure une tranchée peu profonde, qui suivra l’arrondi du mur d’enceinte, à environ une vingtaine de pas de l’entrée.
    Les sourcils froncés, Aubert attrapa sa maîtresse par le bras pour l’obliger à s’arrêter. Réaction déplacée qui lui valut un regard noir.
    — Veuillez me pardonner, madame, fit-il en la lâchant, mais je suis pour le moins dérouté par vos ordres. Les hommes du comte se tiennent à une bonne distance des murailles. Dans ces conditions, verser de la poix bouillante par-dessus le parapet ne servira à rien.
    — En effet, Aubert. Mais je ne veux pas qu’on jette la poix sur Lennox et ses hommes. Je veux qu’on la dépose au fond de la tranchée lorsque celle-ci aura été creusée. Tout à l’heure, je me tiendrai au sommet de l’escalier qui mène à la grande salle. L’ordre sera donné d’abaisser le pont-levis et de relever la herse. Lennox croira à
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