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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu
Autoren: Mary Reed McCall
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déboires. Mais il n’était pas dans sa nature de jouer profil bas. Et aurait-il eu quelque chose à perdre que cela n’y aurait rien changé.
    Une dizaine de secondes s’écoulèrent avant que l’Anglais se détourne enfin. Il rejoignit le soldat et lui parla à mi-voix si bien qu’Alexandre ne put saisir ce qu’il disait. Le soldat décocha un coup d’œil acéré au prisonnier, puis s’éloigna à grands pas.
    Le gradé reporta alors son attention sur Alexandre.
    — Il paraît que vous avez semé une sacrée pagaille parmi mes hommes ce matin, messire... ?
    — Alexandre de Ashby, compléta Alexandre sans hésiter.
    À quoi bon mourir dans l’anonymat ? Et puis, son frère Damien aurait peut-être l’occasion d’apprendre son infortune et, ainsi, ne demeurerait pas dans l’incertitude des années durant.
    À la pensée de son frère cadet, Alexandre serra les mâchoires. Il ne devait pas songer à ce qui pouvait l’atteindre et amoindrir sa résistance. Il ne devait trahir aucune faiblesse devant ce chien d’Anglais. Cette nuit, tandis qu’il se préparerait à l’inévitable, il aurait tout le loisir de se remémorer ce passé difficile qui le reliait à son frère.
    Mais pas maintenant.
    — Messire Alexandre, répéta l’Anglais.
    Les mains croisées dans le dos, il hocha brièvement la tête.
    — Et vous êtes ?
    L’impudence de son ton appelait des représailles, Alexandre le savait. Mais qu’importe ! De devoir mourir le lendemain n’impliquait pas qu’il courbe l’échine. Rien de ce que pourrait lui faire cet Anglais ne surpasserait en horreur ce qu’il avait enduré entre les mains des inquisiteurs au cours des deux années passées dans les prisons françaises. Même la pendaison semblerait douce comparée aux supplices qu’il avait subis.
    Un peu décontenancé, l’Anglais répondit enfin d’un ton acerbe :
    — Je suis Roger de Gravelin, comte d’Exford.
    Alexandre ne put s’empêcher de tiquer. Le comte d’Exford ? Il avait beau avoir quitté le territoire anglais depuis longtemps pour servir la confrérie de l’ordre du Temple, il connaissait ce nom. Les Gravelin jouissaient de la faveur royale, et pour avoir combattu depuis longtemps les rebelles écossais, ils étaient fort influents dans le nord du pays.
    Le comte d’Exford était certainement l’un des plus puissants seigneurs du royaume. Et bien sûr, il avait fallu qu’Alexandre tombe sur des soldats de sa garnison !
    Mais fallait-il vraiment s’en étonner ? Il semblait avoir le don de s’attirer des ennuis et de donner tête baissée dans les périls les plus grands. Et à trop courtiser le danger, il avait bien des fois payé le prix fort pour sa folle témérité.
    — Messire Stephen m’a appris que lorsqu’on vous a arrêté, vous étiez en possession d’un objet de grande valeur que vous aviez l’intention de revendre à un orfèvre de Carlisle.
    Stephen. Alexandre remercia en silence le comte d’avoir mentionné le nom du soldat, même s’il était peu probable qu’il eût jamais l’occasion de se venger des mauvais traitements infligés par ce dernier.
    — Un objet de valeur qui appartenait autrefois à la confrérie des Templiers, poursuivit le comte d’une voix égale.
    Alexandre eut toutes les peines du monde à masquer sa stupeur. Comment Exford avait-il pu faire le lien entre les chevaliers du Temple et ce ciboire qu’il avait dérobé plusieurs mois auparavant à son frère d’armes, Jean de Clifton, après que celui-ci et leur camarade Richard de Cantor avaient risqué leurs vies pour l’arracher aux mains des Français ?
    Il ricana.
    — Et comment aurions-nous pu, moi ou n’importe quel autre chevalier mercenaire, entrer en possession d’un objet ayant appartenu aux Templiers ?
    — Mieux vaut poser la question au capitaine de mes gardes, je pense.
    Alexandre n’eut pas le temps de s’interroger sur cette réponse énigmatique que l’air parut vaciller tandis qu’un troisième personnage approchait. Il portait un pomander {2} qui distillait un fort arôme de muscade.
    Un flot de souvenirs assaillit Alexandre à la vue de l’homme.
    Décidément, les choses allaient de mal en pis.
    Le nouveau venu se planta près d’Exford.
    — Je constate que tu t’es encore fourré dans de sales draps, Alexandre. Cela fait longtemps que nos chemins ne se sont croisés, mais te trouver aujourd’hui enchaîné à cet arbre, dans l’attente de ton jugement, me rappelle bien
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