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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu
Autoren: Mary Reed McCall
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indélébiles dans sa chair. Ainsi, il pourra s’en servir comme preuve, si jamais certains émettent des doutes sur son identité une fois qu’il sera entré à Dunleavy.
    Tout en parlant, le comte avait désigné le torse d’Alexandre strié de cicatrices, bien visibles entre les pans de sa chemise déchirée.
    Ce dernier aimait de moins en moins ce qu’il était en train d’entendre.
    — Mais le plus convaincant est ailleurs, enchaîna le comte avec un sourire. Vous ne vous en rendez compte parce que vous n’avez jamais rencontré Kincaid, Lucas, mais la ressemblance est extraordinaire ! Moi-même, je n’en reviens pas. Ashby a la même taille, le même gabarit, la même couleur d’yeux que Robert Kincaid. Et songez que cinq ans se sont écoulés depuis que ce dernier a quitté Dunleavy Castle. Sa propre femme ne sera pas capable de faire la différence une fois qu’Ashby aura reçu l’instruction qui convient en matière de maintien et de diction.
    Aussi insensé que cela puisse paraître, il devint clair pour Alexandre que le comte avait l’intention de lui faire usurper l’identité d’un mort.
    Par tous les feux de l’Enfer...
    — Je suppose qu’il s’agit d’une espèce de plaisanterie perverse, gronda-t-il. Sinon, cela ne m’amuse pas du tout.
    — Ce n’est pas une plaisanterie, Ashby, répondit Exford d’un ton suave. Votre choix est simple. Soit vous êtes pendu demain à l’aube, soit vous acceptez d’entrer dans la peau de Robert Kincaid, comte de Marston, et de réclamer Dunleavy Castle en tant que seigneur et maître.
    — Vous devez avoir perdu l’esprit !
    — Et vous, vous perdrez la vie si vous refusez ce marché, riposta le comte d’une voix mortellement calme. Nous devons infiltrer Dunleavy. Il nous faut des informations sur la garnison, le nombre de soldats qui la composent, la disposition des lieux, les faiblesses de l’architecture, que sais-je encore ? Une fois renseignés, nous pourrons élaborer une stratégie et prendre le risque de lancer une nouvelle attaque au nom du roi Édouard.
    Alexandre demeura muet. Si fou soit-il, le plan d’Exford avait des chances de fonctionner. Mais l’idée d’être manipulé de cette façon pour servir les ambitions de ce rapace lui donnait envie de vomir. Cela ne lui rappelait que trop ce qu’il avait vécu en France, quand ses tortionnaires l’avaient obligé à combattre un camarade dans un duel à mort, le menaçant de tuer son frère Damien s’il refusait d’obtempérer.
    Depuis, Alexandre s’était juré de ne plus jamais être le jouet de qui que ce soit.
    D’un autre côté, il ne voulait pas mourir. Il devait donc ne serait-ce que réfléchir à la proposition d’Exford. Pour autant, il n’était pas question qu’il demeure passif et accepte cette offre comme s’il s’agissait d’une manne tombée du ciel.
    — Alors ? s’impatienta le comte. Votre réponse ?
    Arquant les sourcils avec plus de morgue encore que de coutume, Alexandre répliqua :
    — Eh bien, cela dépend.
    — Et de quoi ? s’enquit Exford, incrédule.
    — De ce que vous êtes prêt à m’offrir en compensation des risques que je prendrai.
    Le comte en resta bouche bée. Il ne s’attendait certes pas à une telle audace de la part d’un captif menacé de la potence. De son côté, Lucas ne put dissimuler un sourire narquois et cependant appréciateur.
    Alexandre, quant à lui, se moquait de ce qu’on pouvait penser de lui. N’ayant rien à perdre, il était prêt à tout.
    — Je vous offre de rester en vie ! s’exclama enfin Exford. Cela ne vous suffit donc pas ?
    — Non, riposta Alexandre en le fixant d’un regard glacial. J’estime normal de demander plus. Je ne suis pas idiot. Ma participation à votre projet ne fera que retarder mon exécution. Quand les habitants de Dunleavy auront découvert l’imposture, je finirai au bout d’une corde !
    — Cela ne dépend que de vous et de la façon dont vous mènerez votre barque, objecta le comte, qui avait retrouvé son ton impérieux.
    Alexandre ne se laissa pas ébranler.
    — L’issue n’en reste pas moins incertaine. C’est pourquoi je mets des conditions à notre entente.
    Le comte pinça les lèvres. De toute évidence, il mourait d’envie d’envoyer Alexandre au diable, mais il tenait à son plan, et ne pouvait donc se passer de sa coopération.
    — Quelles sont ces conditions, je vous prie ? lâcha-t-il d’un ton sec.
    — Tout d’abord, je veux
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