Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le souffle de la rose

Le souffle de la rose

Titel: Le souffle de la rose
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
de centre de recrutement et
de base de formation militaire aux templiers en attente de départ vers la
croisade. Enfin, elle restituait au triangle formé par Arville, Saint-Agil et
Oigny la vie religieuse qui leur faisait défaut depuis que l’envahisseur romain
avait rasé cette jadis florissante ville gauloise.
    Les dons en forêts, terres arables, bois, et les privilèges
de four à pain ou de marché avaient ensuite afflué, qu’ils émanassent des
vicomtes de Châteaudun ou des comtes de Chartres et de Blois, voire des comtes
de Nevers, faisant de la commanderie une des plus riches du royaume de France.
L’inquiétude croissante des seigneurs de Mondoubleau, vicomtes de Châteaudun,
avait remis en cause cet état de grâce en 1205, en dépit de leur générosité
passée. Ils avaient pris ombrage de la puissance et de la richesse croissante
des chevaliers. La querelle devait s’envenimer au point que le pape Honorius
III avait excommunié en 1216 le comte Geoffroy IV, lequel entendait interdire
aux templiers d’Arville de conduire leurs convois hors la châtellenie de
Mondoubleau, de posséder un four à pain, d’étaler dans les halles leurs
marchandises afin de les vendre, ou de cueillir la fougère qui nourrissait
leurs bêtes. À l’issue d’une courte rébellion, Geoffroy IV avait fini par plier
devant l’autorité papale.
    Les activités de la commanderie avaient vite attiré une
population plus nombreuse, puisque les chevaliers offraient le pain et de
petites tenures [11] avec maison contre un cens [12] modeste et des services. En cette année 1304, sept cents âmes vivaient autour
de l’épaisse enceinte.
    Lorsque Francesco de Leone sortit de la forêt de
Mondoubleau, qui prolongeait celle de Montmirail, le soleil était haut. La
vieille jument qu’il avait louée à la Ferté-Bernard avançait à pas lents. La
pauvre bête avait tant porté, tant marché qu’il n’avait pas eu le cœur de la
pousser pour arriver plus vite. Son estomac, vide depuis la veille au matin, le
rappelait à l’ordre par des crispations de plus en plus fréquentes en dépit du
sac de victuailles offert par sa tante, Éleusie de Beaufort, peu avant son
départ furtif de l’abbaye des Clairets. Pourtant Leone s’interdisait de jamais
prononcer le mot « faim » par décence et souvenir des ravages de la
vraie faim. Nul doute qu’il serait nourri une fois parvenu à sa destination. C’était
là geste de charité chrétienne qu’aucun moine-soldat ne pouvait ignorer, malgré
les relations difficiles  – pour ne pas dire conflictuelles  – existant
entre l’Hôpital et le Temple*.
    Leone ne pouvait certes pas requérir l’aide des templiers
pour avancer dans la quête qui l’obsédait depuis tant d’années, une quête menée
jusqu’à lui dans les souterrains d’Acre, juste avant la sanglante défaite qui
signait la chute de l’Orient chrétien. Pressentant l’imminence du massacre, un
chevalier templier avait tendu à Eustache de Rioux, le parrain de Leone, un
carnet résumant ses années de recherche, de questions, d’impénétrables
mystères. Avant de rejoindre le carnage qui faisait rage au-dessus d’eux, il
avait mentionné un rouleau de papyrus rédigé en araméen, un des textes les plus
sacrés de l’humanité, précisant qu’il était maintenant caché en lieu sûr, en l’une
des commanderies templières.
    Le commandeur d’Arville ne devait à aucun prix soupçonner
les véritables mobiles de Leone. Quant à l’hospitalité qu’il lui offrirait, le
chevalier ne doutait pas qu’elle serait brève et circonspecte. Avant même de
commencer ce voyage, Francesco de Leone prévoyait que sa démarche serait un
échec. Un vain espoir n’expliquait pas son entêtement à l’entreprendre quand
même. Il voulait humer les lieux, convaincu qu’il sentirait, une fois dans
cette église, la présence du secret, de la clef, qui y était dissimulé.
Peut-être le papyrus.
    Il remonta la sente de caillasse vers le haut mur d’enceinte
qui défendait les divers bâtiments. Le pont-levis du porche était abaissé sur
les douves qui l’encerclaient et qu’inondaient les eaux d’un cours d’eau
voisin, le Coëtron. À gauche se trouvaient les écuries dont on affirmait qu’elles
pouvaient héberger plus de cinquante chevaux. Les animaux seraient ensuite
acheminés, sanglés sur des huissières [13] ,
jusqu’en Terre sainte. Au bout des écuries, le jardin potager et médicinal qui
apportait
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher