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Le souffle de la rose

Le souffle de la rose

Titel: Le souffle de la rose
Autoren: Andrea H. Japp
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quelques légumes et fournissait la plupart des médicaments de la
communauté templière. À droite du porche, ce modeste édifice coincé entre l’église
et les bâtiments utilitaires, ouvert de quelques minces meurtrières, devait
être le logis du praeceptor [14] . Un peu plus loin, la
tour de guet ronde qui défendait l’église construite de grison, conglomérat
naturel noirâtre de silex, de quartz, d’argile et de minerai de fer. Ce temple
Notre-Dame  – ainsi consacré pour rappeler la dévotion templière à la
Vierge  – avait été détaché de la muraille afin de permettre aux
villageois d’assister aux offices sans traverser la commanderie et de respecter
ainsi la clôture des moines templiers. Une autre porte, plus petite, permettait
aux frères de pénétrer par l’un de ses flancs sans jamais sortir de l’enceinte.
Son clocher à deux niveaux était porté par un arc brisé, avec ses trois arcades
en plein cintre symbolisant la Trinité. Au centre de l’enceinte s’élevait la
grange dîmière dans laquelle était stocké un dixième de toutes les récoltes
avoisinantes, perçu à titre d’impôts. Derrière elle, une autre tour de guet
large et ronde surveillait ces richesses. Non loin, le four à pain  – enjeu
de tant d’aigreurs  – narguait les vicomtes de Châteaudun de sa
permanence.
    Leone se dirigea vers ce qu’il pensait être la demeure du
commandeur.
    Son manteau noir orné d’une croix blanche à huit pointes ne
passa pas inaperçu. Un jeune écuyer leva la tête et vira au blême comme s’il
venait d’apercevoir un revenant. Il tourna la tête de tous côtés, cherchant
peut-être une aide, et Leone se demanda s’il n’allait pas prendre ses jambes à
son cou. Un sourire triste lui vint : ils avaient tant combattu côte à
côte, s’aidant, se sacrifiant mutuellement pour sauver l’autre, quelle que fut
la couleur de leur croix. Templiers et hospitaliers étaient morts ensemble par
milliers, leurs sangs se mêlant pour être aspirés par une terre étrangère.
Pourquoi fallait-il que la paix leur fasse ensuite oublier la fraternité des
jours de carnage ?
    Il héla le jeune homme :
    — Mène-moi, je te prie, à Archambaud d’Arville, votre
commandeur.
    — C’est que... messire... bafouilla l’adolescent.
    Compatissant à son embarras, Leone précisa :
    — Annonce Francesco de Leone, chevalier de grâce et de
justice de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Va. Ma monture et moi sommes
également fourbus.
    L’écuyer disparut en courant et Francesco démonta. Il s’écoula
une petite demi-heure durant laquelle Leone se demanda si le précepteur
accepterait de le recevoir. Sans doute. Le faire éconduire eut été fort
maladroit de sa part en cette période de délicatesse politique.
    L’homme qui émergea de sous le porche était d’impressionnante
stature, soulignée par son mantel blanc orné de la croix rouge pattée de
gueules et son bliaud [15] long. L’épée pendue à un large baudrier de cuir battait contre sa jambe.
Archambaud d’Arville avança vers le chevalier. Son visage buriné, encadré d’une
belle chevelure et d’une barbe grise, rendait l’évaluation de son âge
incertaine. Quarante ans, quarante-cinq, peut-être davantage. Un sourire de
circonstance étira ses lèvres lorsqu’il attendit les présentations de Leone. Il
sembla à ce dernier qu’une lueur s’allumait dans le regard du commandeur à leur
énoncé. De fait, il remarqua :
    — Le Francesco de Leone pressenti pour devenir pilier
de la langue d’Italie de votre ordre ?
    Qu’un commandeur templier fut au courant de remaniements
internes à l’Hôpital n’étonna pas Leone outre mesure. Chaque ordre soldat se
renseignait aussi discrètement que possible sur les autres. En revanche, qu’il
l’admette si volontiers était plus surprenant.
    — Un honneur et une charge dont je ne me croyais pas
encore digne, aussi les ai-je déclinés.
    — Prouvant que vous êtes homme de sagesse en plus de
votre réputation de piété et de bravoure. À quoi devons-nous le bonheur de
votre visite, mon frère ?
    Leone avait opté pour un prétexte anodin, de façon à ne pas
éveiller la méfiance. Il ne pouvait requérir l’hospitalité pour la nuit dans
une commanderie templière, aussi devrait-il se contenter d’une courte visite.
    — Au besoin de prier, et... à la fatigue de ma monture
tout autant qu’aux plaintes de mon estomac, je l’avoue. Je me rends
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