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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia
Autoren: Mario Puzo
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enfer pour les péchés qu’il avait commis ? Si elle-même ressentait de la pitié, un Dieu tout-puissant ne le pourrait-il pas ? Elle se souvint de ce qu’il lui avait dit lorsqu’elle pleurait la mort de son mari, assassiné par César : « Dieu est compatissant, il pardonnera à l’un et à l’autre… Sinon, il n’aurait aucune raison d’exister. Et un jour, quand la tragédie de l’existence aura pris fin, nous serons tous de nouveau ensemble. »
    La nuit venait, les eaux du lac se chargeaient de reflets argentés. Lucrèce se dirigea à pas lents vers le petit pont de bois près duquel ils nageaient quand ils étaient enfants.
    La voix de César sembla lui résonner aux oreilles : « Non, Lucrèce, il n’y a pas assez d’eau. » « Ne crains rien, je te protégerai. » Puis la même voix, plus tard, alors que certains de leurs rêves étaient déjà détruits : « Si c’est ce que tu veux, je m’efforcerai de te venir en aide. » Enfin, la dernière fois qu’ils s’étaient vus : « Si je meurs, Lucrèce, il faudra vivre pour moi. » Elle le lui avait promis.
    Comme elle se dirigeait vers l’extrémité du pont, la nuit vint l’envelopper de son obscurité miroitante, et elle vit une lune pâle se lever au-dessus des grands cèdres. Ôtant le couvercle de l’urne, elle dispersa lentement les cendres de son frère dans les eaux du lac.
    Plus tard, comme elle regagnait la rive, plusieurs pénitents qui repartaient vers les collines après avoir prié et s’être repentis la remarquèrent.
    Une très belle jeune femme, se tournant vers son compagnon, la désigna du doigt :
    — Qui est-ce ?
    — Comment ? Tu ne le sais donc pas ? C’est Lucrèce d’Este, la bonne duchesse de Ferrare !

POSTFACE
    Quand je rencontrai Mario Puzo pour la première fois, je fus surtout surprise de constater qu’il ne ressemblait en rien à ses personnages. L’homme que j’en vins à connaître fut un époux, un père, un amant, un mentor, un véritable ami. Il était bon, généreux, aussi authentique qu’on peut l’être, sincère, intelligent, drôle. C’est à lui qu’appartenaient la fidélité et la compassion que l’on trouve dans ses livres ; mais la bassesse venait de ses cauchemars, non de ses rêves. C’était un homme timide, à la voix douce, qui jugeait rarement les autres. Nous avons passé vingt ans ensemble, à jouer, à réfléchir et à travailler.
    Mario était fasciné par la Renaissance italienne, et surtout par les Borgia. Pour lui, c’était la première grande famille criminelle, bien plus retorse que tout ce qu’il avait pu écrire sur la mafia. Les papes avaient été les premiers « Dons », et Alexandre VI le plus grand de tous.
    Il me racontait souvent des anecdotes sur les Borgia, qui le choquaient et l’amusaient tout à la fois ; il en transpose même quelques-unes dans ses livres.
    Voyager était l’un de ses plus grands plaisirs : nous le fîmes souvent. En 1983, lors d’une visite au Vatican, il fut à ce point enchanté par l’Italie (et sa cuisine !), passionné par son histoire, qu’il voulut leur consacrer un livre. C’est à cette époque qu’il entreprit d’évoquer les Borgia, bien qu’il ait souvent présenté ce futur ouvrage comme « une autre histoire de famille ». Entre-temps, il écrivit plusieurs romans, mais à chaque fois qu’il peinait, se sentait bloqué ou se décourageait, il en revenait aux Borgia pour retrouver l’inspiration.
    Comme il me le dit un jour, allongé sur le sofa de son cabinet de travail, à regarder au plafond, comme toujours :
    — Si seulement je pouvais écrire sur eux un livre qui me rapporte énormément d’argent !
    — Et pourquoi ne le fais-tu pas ? demandai-je.
    — Je n’ai percé comme auteur qu’à l’âge de quarante-huit ans. J’ai écrit deux livres que les critiques considèrent comme des classiques, mais qui ne m’ont rapporté que cinq mille dollars ! Ce n’est qu’après Le Parrain que j’ai réussi à nourrir ma famille. J’ai été pauvre trop longtemps pour courir le risque d’écrire autre chose, si tard dans ma vie.
    En 1992, après sa crise cardiaque, je lui demandai de nouveau :
    — Et les Borgia ?
    — Il faut d’abord que j’écrive deux livres sur la mafia, et ensuite je serai prêt. D’ailleurs, les fréquenter me fait plaisir, je ne sais pas trop s’il faut les laisser courir !
    Du temps où nous étions à Malibu, où il se reposait après son
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