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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia
Autoren: Mario Puzo
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Charlotte m’a souvent parlé de vous, vous êtes le bienvenu ! Nous avons bien de temps à autre quelques escarmouches avec des barons un peu rétifs, mais rien qui puisse menacer votre sûreté. Reposez-vous, détendez-vous, restez ici aussi longtemps que vous le voudrez. Je vais charger le tailleur royal de vous tailler de nouveaux vêtements !
    César fut éperdu de gratitude : cet homme, qu’il n’avait jamais rencontré, lui sauvait la vie ! Il lui faudrait payer sa dette, d’autant plus qu’il avait laissé Charlotte en France voilà bien des années.
    — Je vous remercie du fond du cœur, Votre Majesté. Mais j’aimerais vous assister dans ces « escarmouches » dont vous parlez. J’ai une certaine expérience de la guerre, et serais ravi de la mettre à votre service.
    — J’ai entendu parler de vos exploits ! répondit le roi qui, souriant, tira son épée et lui en toucha l’épaule d’un air facétieux. Je vous fais commandant en chef de l’armée. Il me faut toutefois vous prévenir que le précédent a été réduit en bouillie la semaine dernière.
    Jean de Navarre éclata de rire, révélant des dents d’une blancheur éblouissante.
    César dormit ensuite deux jours d’affilée, tant il était exténué. Toutefois, à peine s’était-il réveillé qu’il revêtit la tenue offerte par le roi et s’en alla inspecter l’armée qu’il allait commander. La cavalerie se composait d’hommes aguerris, bien entraînés et bien nourris : ils sauraient tenir leur place dans les batailles.
    L’artillerie comptait vingt-quatre canons, servis par des artilleurs eux aussi pleins d’expérience. Bien entendu, ils n’étaient pas à la hauteur des hommes de Vito Vitelli, mais feraient l’affaire quand même.
    L’infanterie était moins reluisante. Elle se composait essentiellement de paysans tenus à des corvées militaires, par ailleurs de bonne volonté, mais mal équipés et peu formés. Ce n’est pas sur elle qu’il faudrait compter en cas d’affrontement.
    Les semaines qui suivirent s’écoulèrent paisiblement. Jamais César n’avait été aussi heureux, sauf peut-être du temps du Lac d’Argent, ou avec Charlotte. Sa vie n’était plus en danger, il n’avait plus à comploter contre qui que ce soit, ni à redouter que l’on complote contre lui.
    Le roi Jean était un compagnon charmant, qui appréciait fort son beau-frère, un homme bon dont César n’avait à craindre aucune traîtrise. Ils passaient bien des journées ensemble, à chasser et à chevaucher ; le soir, après souper, ils restaient près du feu à discuter de livres qu’ils avaient lus, de questions d’État, des responsabilités des chefs… Ils s’affrontèrent même lors d’une rencontre de lutte que César remporta, mais ce n’était pas une vraie victoire : il était certain que Jean de Navarre, grand et musclé, l’avait laissé gagner par affection.
    Pour la première fois depuis des années, César se sentait en sécurité. Il dit donc à Jean :
    — Je crois qu’il est temps que ma femme et ma fille viennent me rejoindre. Depuis que nous sommes séparés, j’ai souvent écrit à Charlotte, je lui ai envoyé des cadeaux, plus d’une fois j’ai pensé qu’il faudrait qu’elle vienne me rejoindre avec Louise. Mais il y avait toujours des crises, des périls qui les auraient mises en danger.
    Le roi l’approuva avec chaleur et tous deux burent à l’arrivée prochaine de Charlotte d’Albret.
    Rentré dans ses appartements, César écrivit à sa femme, qui séjournait au château de La Motte-Feuilly, dans le Berry :

    Chère Charlotte,
    Voici enfin la nouvelle que je voulais t’apprendre depuis si longtemps. Je crois que tu peux enfin me rejoindre ici, en Navarre, avec la petite Louise. Je suis devenu l’ami de Jean, et la situation permet que nous soyons tous réunis. Je sais que le voyage sera long, mais une fois ensemble nous ne serons plus jamais séparés.

    Il confia la lettre à un courrier royal dès le lendemain. Il faudrait des mois avant que sa femme et sa fille le rejoignent, mais la pensée de les retrouver le remplissait de joie.
    Quelques jours plus tard, arrivant pour le dîner, César vit que le roi brûlait d’une fureur qu’il contenait à grand-peine.
    — Que se passe-t-il, mon frère ? demanda-t-il.
    Jean de Navarre éclata :
    — Cela fait des mois que le comte Louis de Beaumont me défie ! Ses hommes volent le bétail et le grain de mes villageois, ce qui
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