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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia
Autoren: Mario Puzo
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restent un jeu d’enfant. Mes lieutenants me sont fidèles, le peuple les soutient, et je suis occupé à rassembler de nouvelles troupes, dont des mercenaires étrangers et des fantassins italiens.
    Une fois ma position en Romagne assurée, tout ce que nous voyons d’ici tombera entre mes mains. Le nouveau pape a été mon ennemi autrefois, mais tout cela appartient au passé. Il a juré publiquement qu’il me soutiendrait, qu’il me confirmerait dans mes fonctions. Nous avons même parlé d’unir nos deux familles par un mariage – peut-être entre son fils, Francesco, et ma fille Louise. Une nouvelle ère commence !
    Qu’est donc devenu, songea Machiavel, consterné, le chef militaire si brillant, si sagace, que j’ai vénéré autrefois ? Que j’ai idolâtré… Certes, César était toujours son ami. Mais Florence passait avant tout.
    Ce soir-là, il quitta Rome, chevauchant aussi vite qu’il pouvait, pour arriver avant qu’il ne soit trop tard. Cette fois, il aurait à dire à la Signoria des choses inattendues.
    Quand il prit la parole devant l’assemblée, ce fut d’une voix morne et d’un air sombre – il était encore très fatigué de son voyage. Ce qu’il allait déclarer ne lui plaisait guère, mais il le fallait.
    — Excellences, ce serait une folie que de soutenir César Borgia. Certes, le Saint-Père a promis publiquement de le confirmer dans ses fonctions, de lui laisser ses conquêtes. Mais je suis convaincu que le souverain pontife ne se sent nullement tenu de le faire. Il déteste toujours les Borgia, et trahira César ; il l’a déjà décidé.
    César lui-même a beaucoup changé. Autrefois, il ne révélait jamais rien de ses intentions ; et il m’a accablé de chimères que jamais il ne pourra accomplir. Il a déjà un pied dans la tombe, Excellences, et Florence ne doit en aucun cas l’y suivre.
    Machiavel voyait juste. Le pape Jules II finit par se convaincre que la menace vénitienne, comme le pouvoir de César Borgia, étaient très exagérés et, rompant tout accord avec lui, exigea qu’il cède sur-le-champ les forteresses dont il était encore maître. Cela fait, il le mit en état d’arrestation et l’envoya sous bonne garde à Ostie, afin d’être sûr qu’il soit hors jeu.
    César écrivit aux capitaines commandant ses places fortes pour leur dire qu’il avait reçu l’ordre de les rendre à leurs anciens propriétaires. Son arrière-pensée était évidemment que ses adjoints, le comprenant à demi-mot, ne tiendraient aucun compte de ses directives.
    À Ostie, il était placé sous la surveillance d’un vieux cardinal, à qui il demanda la permission de se rendre à Naples, passée sous contrôle espagnol. Le vieillard accepta, persuadé que César avait obéi aux ordres du pape et ne pourrait causer d’ennuis tant qu’il resterait hors de Romagne. Il l’accompagna jusqu’au port et veilla à ce qu’il monte à bord du premier bateau disponible.
    À Naples, César avait encore une carte à jouer : Gonsalvo de Cordoba. Les Espagnols, maîtres du royaume, avaient plus d’influence que jamais sur les affaires de toute l’Italie. Il voulait solliciter l’aide de Ferdinand et d’Isabelle, qu’il pensait fidèles alliés des Borgia. Il expliqua à Cordoba qu’avec leur assistance, lui et ses lieutenants pourraient retarder indéfiniment la restitution des forteresses, lever de nouvelles troupes et contraindre Jules II à un accord plus avantageux, et surtout plus durable !
    Cordoba accepta de plaider sa cause auprès de la cour. Naples étant devenue territoire espagnol, César se sentait enfin en sécurité. Il envoya de nouveaux messages à ses adjoints pour leur dire de tenir bon, tout en recrutant des mercenaires qui combattraient au côté des troupes commandées par Cordoba.
    Il attendit plusieurs semaines sans recevoir de réponse de Leurs Majestés Catholiques. Ses craintes le reprirent : il ne pouvait rester inactif, il lui fallait faire quelque chose. Il se rendit donc, à cheval, vers les collines qui, au bord de la mer, abritaient le camp des militaires espagnols. Une escorte le conduisit jusqu’au commandant.
    Gonsalvo de Cordoba, assis derrière un bureau encombré de cartes, se leva et vint le serrer dans ses bras.
    — Vous paraissez inquiet, amigo.
    — Si, Gonsalvo caro, répondit César. Je me bats pour défendre mes forteresses et lever des troupes. Mais j’ai besoin du soutien de votre roi, comme de vous et de vos
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