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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia
Autoren: Mario Puzo
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de Pie III. Les jours passèrent, César se sentit peu à peu reprendre des forces. Il se mit à marcher dans sa chambre, puis à se promener dans ses jardins, et enfin à parcourir à cheval la campagne environnante. Il était temps de mettre en œuvre un plan de défense de ses conquêtes, et de vaincre ses ennemis une bonne fois pour toutes.
    Puis un jour, alors qu’il revenait d’une longue chevauchée, il vit Duarte Brandao qui l’attendait, l’air chagrin :
    — Mauvaise nouvelle, dit-il. Pie III est mort.
    Le cardinal Piccolomini n’avait été pape que pendant vingt-sept jours.
    La situation se présentait mal : César ne pourrait plus compter sur la protection papale. Ses ennemis le comprirent aussi bien que lui, et les Orsini convainquirent les Colonna de se joindre à eux pour l’abattre.
    N’ayant plus guère de troupes fidèles à sa disposition, César s’installa au Castel Sant’Angelo, forteresse à peu près imprenable, et envoya Vanozza à Nepi : sa vie passait avant ses auberges et ses vignobles.
    Rien ne pouvait plus arrêter le cardinal Della Rovere, incontestable favori du prochain conclave ; il n’avait aucun rival sérieux, à tel point que les banques florentines le donnaient gagnant à deux contre un. César comprit qu’il ne pourrait éviter cette défaite, et qu’il lui faudrait rassembler toutes ses forces s’il voulait survivre.
    Il s’en alla donc trouver son adversaire, à qui il proposa un marché, en le menaçant d’user de son influence sur les cardinaux français et espagnols. De surcroît, il était le maître du Castel Sant’Angelo, aussi parvint-il à extorquer le compromis qu’il désirait.
    Il soutiendrait Della Rovere lors du conclave, à condition de pouvoir conserver la Romagne et d’être confirmé dans ses fonctions de capitaine général de l’Église. Pour être certain que le cardinal tiendrait ses promesses, il tint également à ce que l’accord ainsi conclu soit proclamé publiquement. Impatient d’accéder au trône de saint Pierre, son interlocuteur consentit à tout.
    Désormais assuré du soutien de César Borgia, Giuliano Della Rovere fut élu pape à l’issue du conclave le plus bref de toute l’Histoire : un scrutin suffit.
    Comme César, le nouveau souverain pontife idolâtrait Jules César, et c’est pourquoi il prit le nom de Jules II. Il avait si longtemps attendu ce miracle ! Combien de fois il avait espéré pouvoir enfin réformer l’Église !
    Il n’était plus très jeune mais restait solide et, occupant dorénavant la position dont il se jugeait digne, cédait moins à la rancœur et à la colère. Ironiquement, il avait pour les États pontificaux des projets ressemblant fortement à ceux de César et d’Alexandre : il faudrait les unifier, les soumettre à un appareil d’État centralisé. La seule différence étant, bien entendu, qu’il ne comptait nullement y associer les Borgia.
    Le nouveau pape, en accédant au trône de saint Pierre, ne savait encore pas que faire de César. Non qu’il fût soucieux de tenir parole ; de telles préoccupations lui étaient étrangères. Mais Jules II savait qu’il lui fallait d’abord rassembler ses forces pour triompher de ses ennemis.
    Il redoutait les Vénitiens plus encore que les Borgia, et César serait en ce domaine un allié puissant. Il faudrait donc nouer avec lui des relations amicales, bien que les deux hommes aient été des ennemis de toujours.
    De son côté, César cherchait à renforcer sa position. Il restait en contact avec ses principaux lieutenants, leur jurant que tout allait bien, en dépit de la fourberie du nouveau pape. Il contacta également son vieil ami Machiavel, qui pourrait lui assurer l’appui de Florence.
    Les deux hommes se rencontrèrent par une froide journée de décembre dans les jardins du Belvédère, et longèrent les rangées de cèdres avant de s’asseoir sur un banc de pierre, d’où on avait une vue superbe de Rome. Le vent avait balayé brumes et fumées ; les bâtiments de marbre ou d’argile se découpaient nettement sur un ciel d’un bleu très vif.
    Machiavel nota que César paraissait agité : il avait de grands gestes en parlant, il riait trop fort et trop souvent. Peut-être était-ce la fièvre ?
    — Ce fut la cité des Borgia, dit César en désignant la ville du doigt, et je jure qu’elle le redeviendra ! Reprendre les forteresses que j’ai perdues ne sera guère plus difficile, conserver celles qui me
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