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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia
Autoren: Mario Puzo
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dans le monde temporel. Ce sont des hommes comme toi et moi qui doivent s’en charger, même si nos âmes sont contraintes de séjourner un moment au purgatoire. »
    À l’époque, ce discours avait paru absurde à César. Cette fois, il fut tenté de revenir à la foi, il confessa tous ses péchés à Dieu – quel qu’Il fût. Mais bientôt il ne put plus entendre que : « Souviens-toi, mon fils, que tu es mon plus grand espoir pour l’avenir des Borgia.  »
    Un soir, peu après minuit, César vit la porte de sa cellule s’ouvrir brusquement. Il crut d’abord que c’était un garde, puis reconnut Duarte Brandao, qui portait un rouleau de corde.
    — Que fais-tu ici ? s’écria-t-il, stupéfait.
    — Je suis venu vous sortir de là. Mais dépêchons-nous : il nous faut partir sans perdre de temps.
    — Et les gardes ?
    — Je leur ai graissé la patte : c’est un art que je maîtrise depuis longtemps.
    Brandao se mit à dérouler la corde.
    — Elle a l’air trop courte, dit César en fronçant les sourcils.
    — En effet, répondit Duarte, qui sourit. Ce n’est qu’une ruse, pour protéger les gardes. Leurs chefs croiront que c’est ainsi que vous vous êtes évadé.
    Il la noua à un anneau de fer dans le mur et la fit passer à travers la fenêtre.
    — Mais nous suivrons un trajet plus aisé.
    Les deux hommes descendirent un escalier en colimaçon, puis sortirent par une petite porte, sans rencontrer âme qui vive. Brandao se dirigea vers l’endroit où la corde qu’il avait jetée oscillait au vent, très au-dessus du sol et, glissant la main dans sa cape, en sortit un petit flacon de terre cuite.
    — Du sang de poulet ! Je vais en répandre un peu sur le sol, de façon à laisser une traînée se dirigeant vers le sud : ils croiront que vous vous êtes blessé en tombant, avant de partir en boitant dans cette direction. Mais en fait nous irons vers le nord.
    Les deux hommes traversèrent un champ, puis grimpèrent une colline en haut de laquelle deux chevaux attendaient, surveillés par un jeune garçon.
    — Où allons-nous, Duarte ? Il n’y a guère d’endroits sûrs pour nous.
    — En effet, César, mais il en existe au moins un. Vous irez jusqu’au château de votre beau-frère, le roi de Navarre. Il vous attend, vous serez en sécurité.
    — Et toi ? L’Italie t’est interdite, l’Espagne va l’être. Tu n’as jamais fait confiance aux Français, et eux non plus, d’ailleurs ! Alors ?
    — Un petit bateau m’attend sur une plage non loin d’ici, répondit Brandao. Je m’embarquerai pour l’Angleterre.
    — L’Angleterre, Sir Edward ? dit César en souriant.
    Brandao parut surpris :
    — Vous le saviez ?
    — Père s’en doutait depuis des années. Mais, et le roi ? Rien ne prouve qu’il sera compréhensif.
    — En effet. Toutefois Henry Tudor est un homme sagace, qui cherche à réunir des gens capables pouvant le conseiller. J’ai même appris récemment qu’il cherchait à savoir où j’étais, laissant entendre que si je revenais le servir, j’aurais droit au pardon, et à un retour à mon ancienne position qui, je dois l’admettre, était assez élevée. Bien entendu, ce peut être un piège, mais quel choix me reste-t-il ?
    — Aucun, j’en ai peur. Mais n’est-ce pas un long voyage, surtout quand on est seul ?
    — Je l’ai déjà fait autrefois et, pour parler franc, j’en suis venu à apprécier la solitude. Il se fait tard : il est temps que nous nous séparions.
    Les deux hommes s’embrassèrent, puis César dit :
    — Jamais je ne t’oublierai. Bon voyage !
    Sautant en selle, il s’éloigna vers le nord, avant que Duarte ait le temps de voir les larmes qui lui coulaient sur le visage.

30
    Soucieux d’échapper à la milice espagnole, qui passerait sans doute les environs au peigne fin, César évita les villes et ne chevaucha que la nuit, dormant dans les bois pendant le jour. C’est sale, épuisé, mourant de faim, qu’il finit par atteindre la Navarre.
    Son beau-frère l’attendait, car Duarte Brandao l’avait prévenu. Le fugitif fut donc admis sans peine au château et conduit dans une chambre spacieuse donnant sur le fleuve.
    César prit un bain, revêtit les habits qu’on lui donnait, puis un soldat le guida vers les appartements royaux.
    Le roi Jean de Navarre, homme de grande taille, à la peau bronzée, à la courte barbe bien taillée, l’accueillit avec chaleur :
    — Mon cher frère, quel bonheur de vous voir !
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