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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia
Autoren: Mario Puzo
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suivi.
    Les défenseurs allaient se ruer vers la brèche et, une fois installés, seraient difficiles à déloger.
    Ralentissant l’allure, César se tourna vers ses hommes et, levant sa visière, hurla :
    — Chargez, bande de lâches !
    Mais ils parurent ne pas entendre.
    Tout devint clair à César : on les avait achetés. Ils trahissaient leur roi… Son ami, son sauveur, Jean de Navarre.
    Lui ne serait pas du nombre ! Rabaissant sa visière, serrant sa lance, il se précipita vers la brèche. Seul.
    Au milieu des nuages de poussière, des hommes armés de piques, d’épées, de gourdins, se ruèrent vers lui. Il fonça droit sur eux, et ils se dispersèrent, mais il n’avait eu le temps que d’en tuer deux avant qu’ils ne se regroupent et, de nouveau, l’entourent de tous côtés.
    L’épée dans une main, sa massue dans l’autre, il combattit avec acharnement. Puis, d’un seul coup, son cheval tomba ; il roula sur le sol, évitant les coups de pique, se redressa d’un bond : il avait perdu la massue dans sa chute, mais donnait de terribles coups d’épée.
    Ils étaient toutefois trop nombreux. Ils parurent se refermer sur lui ; il ressentit une violente douleur sous l’aisselle –une lance venait de l’atteindre. Il perdait son sang et se sentit très faible. Il crut entendre une voix qui disait : « Qui a frappé par l’épée… » et pensa à Lucrèce. Puis il s’effondra et plongea dans le néant. César Borgia était mort.

ÉPILOGUE
    César Borgia, qui avait été cardinal, duc, et capitaine général des armées pontificales, fut honoré à Rome lors d’une cérémonie présidée par son frère, le cardinal Geoffroi Borgia, et le pape en personne. Ses cendres furent ensuite déposées dans un énorme monument érigé dans l’église Santa Maria Maggiore. Les Romains dirent en plaisantant que Jules II voulait garder l’œil sur lui, même après sa mort.
    Le pape aurait été furieux s’il avait su : Lucrèce avait réussi à les faire dérober par Don Michelotto qui, resté miraculeusement en vie, les lui apporta à Ferrare, où elle les déposa dans une urne d’or.
    Le lendemain, elle partit avec une suite de trois cents gentilshommes et soldats pour le Lac d’Argent. Des tentes furent installées sur le rivage. Les pénitents des mines de Tolfa toutes proches occupaient les lieux, tandis que les maîtresses de membres du haut clergé versaient dans les eaux du lac des larmes de repentir. Les hommes de Lucrèce les dispersèrent.
    Des collines, elle voyait les clochers de Rome. Cela lui rappela le temps où elle avait péché, où elle avait craint pour son frère et son père à cause de ce qu’elle savait d’eux. Comme d’autres pécheurs et pécheresses, elle était venue ici se laver de ses souillures, réellement convaincue que les eaux du lac pourraient lui apporter le réconfort ; elles avaient la réputation d’absoudre ceux qui avaient fait le mal.
    Son père, en souriant, lui avait toutefois expliqué que nul n’était aussi sournois qu’un pécheur cherchant la rédemption. De telles gens témoignaient surtout de leur faiblesse de caractère ; ils allaient au gré des vents.
    Assise sur la rive, Lucrèce sentit pourtant que les eaux argentées lui procuraient une paix que jamais encore elle n’avait connue. Son père et son frère étaient morts, son propre destin réglé. Elle aurait d’autres enfants, prendrait sa part du gouvernement de Ferrare, se montrerait juste et surtout miséricordieuse. Jamais elle ne connaîtrait les réussites d’Alexandre et de César ; mais cela lui importait peu, car elle serait ce qu’ils n’avaient jamais été. Il lui fallait bien reconnaître, tristement, qu’ils n’avaient pas connu la pitié. César avait fait mettre à mort le poète Filofila, parce qu’il écrivait des vers scandaleux sur les Borgia. Quelle importance ? Quel danger y a-t-il dans les mots ? Quelqu’un y avait-il jamais cru ?
    C’est pourquoi elle avait apporté ses cendres au Lac d’Argent, comme si ses restes mortels pouvaient encore pécher. Peut-être était-ce aussi un pèlerinage pour expier le péché de chair, le seul qu’elle ait vraiment commis, et dont les eaux magiques la laveraient. Elle connaîtrait enfin la rédemption.
    Il lui vint des souvenirs émus d’Alexandre. Cardinal quand elle était née, père aimant et dévoué une fois devenu pape et vicaire du Christ sur la terre. Son âme brûlerait-elle à jamais en
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