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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia
Autoren: Mario Puzo
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est une catastrophe pour eux ! Son évêque prétend vouloir arranger les choses, mais en fait il contacte discrètement mes officiers pour qu’ils me trahissent, en échange de terres et d’argent ! Et voilà qu’aujourd’hui ses soldats ont brûlé un village, tué les hommes et, bien entendu, violé toutes les femmes. Et ce n’est pas une simple fantaisie d’ivrognes, César ! Beaumont veut s’emparer d’une partie de mon royaume, il recourt à la terreur, pour contraindre mes paysans à le soutenir afin de sauver leurs vies et leurs biens.
    Une fois de plus la trahison relevait la tête, comme un dragon venu des profondeurs. César la reconnut aussitôt et eut peur pour le roi Jean.
    Celui-ci tapa du poing sur la table :
    — Il faut que j’y mette un terme ! Et sur l’heure ! Je suis le maître de la Navarre, je me dois de protéger mes sujets ! Dès demain je prendrai la tête de mon armée et me dirigerai vers son château de Viana. Je le chasserai ou je le tuerai !
    — Jean, dit César, vous êtes un vrai roi ! Mais cette expédition est trop dangereuse pour que vous en preniez la tête ; votre peuple a trop besoin de vous. Je vous suis reconnaissant de tout ce que vous avez fait pour moi alors que je n’étais qu’un fugitif, et vous supplie de m’accorder l’honneur de commander l’assaut. J’ai déjà mené bien des batailles et suis sûr de l’emporter.
    Le roi finit par se laisser convaincre ; tous deux passèrent la nuit à étudier un plan des fortifications de Viana, ainsi qu’à élaborer une stratégie.
    César se leva avant l’aube, l’armée royale attendait déjà, sa propre monture battait du sabot avec impatience. Ils se dirigèrent vers le château de Beaumont, traversant des champs, des collines, des ruisseaux, et finirent par arriver au pied de la forteresse du comte.
    Les murailles en étaient très hautes, et bien conçues, mais César en avait déjà vu de nettement meilleures : après Forli et Faenza, ce ne devrait pas être très difficile.
    Il déploya ses hommes, comme il l’avait fait si souvent, revêtit une armure légère et se prépara à combattre. Ne pouvant trop compter sur ses fantassins, il mènerait la charge de la cavalerie : ce serait décisif, et pourrait suffire à lui assurer la victoire.
    Se souvenant des leçons enseignées par Vito Vitelli, il dispersa ses canons sur tout le périmètre des murailles, les protégeant par des unités d’infanterie et de cavalerie. Cela fait, il ordonna aux artilleurs de bombarder les remparts. De quoi tuer ou blesser beaucoup de défenseurs, donc réduire les risques pour les cavaliers de César.
    Ce fut un succès : le sommet des murailles s’effondra, au milieu des hurlements des soldats ennemis.
    Une heure passa : il était temps de changer de tactique. César enjoignit aux artilleurs de déplacer leurs canons vers un seul côté du château, de façon à ne tirer que sur un endroit d’une quinzaine de mètres de large. C’est là que sa cavalerie chargerait.
    La forteresse était loin d’être aussi bien construite que celles d’Italie. Les murailles se fissurèrent, il y apparut des trous béants : le moment était proche.
    Il donna l’ordre à sa cavalerie de se préparer. Tous ses hommes placèrent sous le bras leur lance, qui serait une arme mortelle. Chacun avait également une épée ; ils feraient des adversaires redoutables, même s’il leur fallait combattre à pied.
    César monta à cheval, prit sa lance, s’assura qu’une massue hérissée de clous était bien accrochée à la selle. Il se sentait d’humeur guerrière, mais ce n’était pas qu’une simple bataille à remporter. Il se battait pour un roi qui lui avait sauvé la vie, qui était devenu son ami. Il devait donc, par simple gratitude, mettre un terme aux exploits de Louis de Beaumont, qui provoquerait trop de dégâts si on le laissait faire.
    « Une brèche ! Une brèche ! » s’écria-t-on autour de lui. Un énorme trou s’ouvrait désormais dans les murailles : sa cavalerie pourrait s’y engouffrer et prendre le château.
    Cœur battant à tout rompre, César donna l’ordre d’attaquer. Baissant la visière de son casque, il éperonna sa monture et s’élança.
    Pourtant quelque chose n’allait pas : il n’entendait pas de martèlement de sabots… Sans s’arrêter, il regarda derrière lui.
    Ses cavaliers étaient restés sur place, immobiles : horrifié, il constata que personne ne l’avait
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