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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos
Autoren: Paul C. Doherty
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Gaveston.
    — C’est fini, rétorquai-je sans réfléchir plus avant. Le roi est las des exigences. Il ne veut pas que Lancastre, Pembroke et leurs pairs lui dictent ce qui doit arriver.
    — Alors consummatum est, murmura le dominicain. C’est bien ce que vous voulez dire, Mathilde ? Qui nous défendra si la guerre civile éclate ? Je pensais en avoir terminé avec les combats ! Je suis prêtre de Dieu maintenant ; non Son écuyer.
    Il se tut alors que retentissaient les cloches dans le grand clocher de l’église.
    — Un peu de guingois, observa-t-il à voix basse.
    — Qu’est-ce à dire ? m’enquis-je.
    — Rien, rien !
    Il me tapota derechef la main.
    Je me tournai vers cet énigmatique religieux pour l’observer : des pommettes hautes, des yeux méfiants, un menton ferme, rasé de près, une fossette à la joue droite. Un homme, croyais-je à l’époque, qui considérait que sa volonté était celle de Dieu et demeurait serein dans cette certitude. Une âme tout à fait en paix avec elle-même et sachant ce qu’elle voulait. Dunheved resserra sa bure noire et blanche autour de lui. Il palpa la cordelière autour de sa taille et les trois nœuds qui symbolisaient ses vœux solennels : l’obéissance, la pauvreté et la chasteté. Puis il marmonna quelque chose disant que la volonté de Dieu était accomplie, se leva et partit à pas précipités. Je le regardai s’éloigner. « Voilà quelqu’un à ne pas lâcher des yeux », me dis-je. Une conviction qui dura au moins quinze ans après ce fatal Pâques de 1312.
    — Mathilde ! Mathilde !
    Je tournai la tête. Demontaigu, portant chape et bottes à éperons, se tenait sous le porche menant du cloître à la salle capitulaire. Il me fit signe.
    — Nous devons y aller.
    Je rejoignis mon compagnon et les autres dans la cour de l’écurie. Sous leur cape et capuchon, ils ressemblaient à un groupe de moines se préparant pour un pèlerinage, pourtant leurs sombres vêtements dissimulaient des armes ; des arbalètes et des haches pendaient au pommeau des selles de leurs montures. Ils avaient été templiers autrefois, mais par décret royal et papal ils étaient, dorénavant, des hors-la-loi, des proscrits. Ceux qui avaient échappé à la capture avaient gagné le Nord et engagé des négociations avec Robert Bruce. Ils cherchaient asile et refuge chez le chef écossais, qui avait la bienveillance et le bon sens d’accueillir ces combattants aguerris. Bijoux, registres et autres biens meubles des maisons des templiers qui avaient échappé à la saisie avaient déjà été répartis dans les Marches du Nord pour les mettre en sécurité. Il y avait peu, cinq sergents du Temple avaient été dépêchés en Écosse avec d’autres coffres, d’autres arches. Demontaigu et ses amis devaient les rencontrer dans la lande au Trou du Diable pour savoir comment on les avait reçus avant de les ramener à York. Rien n’avait été rédigé, Bruce ayant été publiquement déclaré traître à la Couronne anglaise. En dépit des pourparlers secrets de Gaveston avec les Écossais, quiconque était convaincu de traiter avec Bruce risquait les pleines rigueurs de la loi pour trahison, c’est-à-dire la pendaison et l’écartèlement.
    Demontaigu m’avait expliqué tout cela. Détenant des permis sous les sceaux privés et secrets me permettant de me rendre où je le désirais, je devais les accompagner. Les anciens templiers étaient venus au prieuré et s’apprêtaient à présent à partir. Ils m’accueillirent en grommelant et en hochant la tête. J’en reconnus certains : Simon Estivet, faisant fonction de grand maître en Angleterre après l’emprisonnement de William de la More à Cantorbéry ; à ses côtés, Ausel, l’Irlandais, qui prenait plaisir à exagérer ce qu’il appelait son charme et son tempérament celtiques. En réalité, tueur dans l’âme, Ausel se vouait à tirer vengeance de toutes les souffrances endurées par ses frères. Grâce à Demontaigu et à mon statut auprès de la reine, j’étais, disons, tolérée plutôt qu’acceptée par ces hommes pourchassés. Ausel fut le seul à me saluer par mon nom et, courtois, il m’aida à mettre les pieds dans les étriers. Pour rompre l’humeur morose et tendue, il se jeta en selle et se mit sur-le-champ à raconter une histoire paillarde sur un monastère près de Clontarf, dans les faubourgs de Dublin, où les moines pouvaient s’envoler et où leur abbé
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