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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos
Autoren: Paul C. Doherty
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du ciel. Vous avez fait référence à cette légende. Quel meilleur endroit alors que le clocher de ce couvent, surveillé par frère Eusebius, l’écervelé, à qui vous aviez témoigné de l’amitié ? Vous pouviez vous y rendre pour inspecter les grosses cloches dont vous écoutiez le carillon. Vous souvenez-vous, je me trouvais ici ? Vous êtes arrivé pour bavarder de diverses choses et avez fait une remarque en passant sur les carillons qui n’étaient point en accord, mais ce n’est pas le sujet pour le moment. Pour vous le clocher était l’endroit idéal pour exécuter la punition : c’était un sanctuaire isolé, fréquenté seulement par quelqu’un que vous jugiez déséquilibré et fol.
    — Et Lanercost y serait monté ? dauba Dunheved.
    — Bien entendu ! Pourquoi n’aurait-il pas accompagné son confesseur, l’affable dominicain qui ne voulait que l’aider ? Il avait une telle confiance en vous qu’il a débouclé son ceinturon pour gravir les marches.
    — Je célébrais la messe lorsqu’il a chu.
    — Je ne l’ignore pas, mon frère, j’étais aussi là-bas, mais vous avez occis Lanercost beaucoup plus tôt ce matin-là, juste après que frère Eusebius fut parti en hâte déjeuner dans le réfectoire ou la resserre. Vous et Lanercost êtes allés dans le clocher, un endroit parfait où on ne pouvait ni vous voir ni vous écouter. Vous lui avez assené un coup mortel sur la nuque. Le temps que le corps tombe sur le toit de la nef puis enfin sur le sol, ce n’était plus qu’une blessure parmi d’autres.
    — Comment cela a-t-il été possible, s’étonna Isabelle, si frère Stephen célébrait l’office ?
    — L’appui de l’ouverture donnant sur la cour du couvent est large, un peu incliné. Il avait plu : il devait donc être glissant. Le corps de Lanercost y a été étendu, tâche assez aisée qu’on ne pouvait observer d’en bas. Puis Dunheved est parti. Plus tard les cloches ont sonné la fin de la messe. Frère Eusebius m’avait conseillé d’être prudente quand je montais dans le clocher. Il m’avait expliqué que le bruit et l’écho faisaient trépider le bâtiment. Cela suffisait pour faire glisser le cadavre. Et, plus important, le bord épais de l’un des gros bourdons rase le rebord.
    Je joignis le geste à la parole pour me faire comprendre.
    — Tôt ou tard cette cloche ainsi que le vacarme et les vibrations déplaceraient la dépouille sur cette pente glissante jusqu’à ce qu’elle tombe sur le toit de la nef puis, rebondissant, vienne s’écraser dans la cour pavée au terme d’une effroyable chute. Il est vrai que vous étiez avec nous quand cela s’est produit. Tout comme vous l’étiez quand Leygrave a subi le même sort.
    Je lançai un coup d’œil à la reine : elle fixait le sol. Le dominicain se détourna un peu, le visage plissé par l’attention avec laquelle il m’écoutait. Puis il se retourna, les mains jointes.
    — Leygrave ne se serait-il pas méfié, surtout après le trépas de Lanercost, son ami intime ?
    — Pour quelle raison, mon frère ? Leygrave, ainsi que Lanercost, vous faisait confiance. Il se peut que Leygrave ait eu vent du réconfort spirituel que vous aviez apporté à son camarade. Je ne peux expliquer comment vous avez tendu votre piège. Avez-vous dit à Leygrave que vous vouliez le voir en privé – ce que vous auriez aussi dit à Lanercost – dans un endroit, loin de la cohue de la Cour, où personne ne pouvait ouïr vos propos ? Pourquoi Leygrave aurait-il suspecté le benoît dominicain, à l’appui si ferme, aux paroles si consolantes ? Ce n’était qu’une innocente invitation, une visite à l’emplacement où était mort son compagnon, peut-être pour y chercher un indice ?
    J’observai ce prêtre impitoyable, qui ne manifestait ni honte ni sentiment de culpabilité, pas même d’un battement de cil ou d’un tressaillement.
    — Vous avez par ruse attiré Leygrave dans ce clocher. Vous l’avez tué et avez disposé le corps de la même façon que celui de Lanercost. Pourtant vous avez commis une erreur. Pour donner l’impression que Leygrave aurait pu se suicider, une fois que vous l’avez eu assommé, vous lui avez ôté ses bottes afin de laisser une empreinte boueuse sur le rebord. Puis vous avez rechaussé le cadavre et l’avez placé comme celui de son compagnon. Au prochain carillon le corps glisserait sans bruit tel un ballot de tissu. C’est ainsi que le
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