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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos
Autoren: Paul C. Doherty
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chaque porte, vous avez mis le crochet dans son anneau, enfermant ainsi les occupants à l’intérieur. Oh, ils pouvaient finir par sortir, mais il leur aurait fallu du temps et cela vous aurait alerté. Vous êtes parvenu au sommet de cette tour battue par les vents…
    — Où Kennington et son escorte m’ont accueilli tel le fils prodigue ? ricana Dunheved.
    — Sans aucun doute ! Pourquoi auraient-ils craint le bon dominicain qui ne pouvait dormir, qui leur apportait une gourde de vin à partager durant leur froide veille solitaire et lugubre ? À Scarborough j’ai vu que vous faisiez de même, que vous vous alliez sur le chemin de garde distribuer aux défenseurs une gorgée de votre gourde. À la tour Duckett vous ne pouviez être que bien reçu. Vous avez fermé la porte, en glissant le crochet dans son anneau, puis offert à ces hommes confiants et las une rasade d’un riche clairet, tonifiant et revigorant. Ils ont bu et ont sombré peu après dans un profond sommeil. Cela fut-il long de basculer ces corps par-dessus les créneaux ? Pour un homme aussi fort que vous, ce dut être rapide, n’est-ce pas ? Vous avez, sans aucune pitié, soulevé ces malheureux endormis par le vin et les avez laissés choir.
    Je m’interrompis.
    — Voyons, cela ne prit pas plus de temps qu’à un écolier pour compter jusqu’à dix.
    — On aurait pu me voir.
    — Comment, mon frère ? Toutes les portes étaient fermées au crochet, y compris celle qui se trouve en haut de la tour. Si on vous avait vu monter, vous auriez changé de plan. Si on vous avait dérangé, vous disposiez d’assez de temps pour faire l’innocent qui, une fois en haut de la tour Duckett, constatait qu’il n’y avait plus personne. Si on vous avait aperçu quand vous redescendiez, il vous était si facile de simuler le candide dominicain qui ne s’était rendu à la tour que pour découvrir que les sentinelles avaient disparu. Évidemment, ajoutai-je, il y avait un danger, un risque à l’instant où vous poussiez ces hommes dans la mort. Réfléchissez, frère Stephen ! Mis à part ces quelques minutes où vous tuiez, à quel vrai péril vous exposiez-vous ? Tout le reste pouvait fort aisément se justifier.
    Le son de la voix des écuyers d’Isabelle qui priaient avec courtoisie l’un des frères de ne pas entrer dans le courtil me permit de faire une pause.
    — La mort de Kennington, repris-je, accabla les Aquilae. Ils cherchèrent protection près de leur maître, mais ce dernier était lui-même menacé par les barons. Middleton fut votre victime suivante. Jouvenceau superstitieux, scrupuleux, hanté par la culpabilité, il ne trouvait guère de réconfort, guère de soutien auprès de Rosselin ou de Gaveston. Sujet à maintes formes de troublantes chimères, il prit l’habitude de visiter la chapelle de la Vierge au château de Scarborough aux petites heures du matin. Vous l’avez remarqué et, de nouveau, avez joué le rôle du frère compréhensif, du prêtre fiable, du confesseur ascétique. Un matin vous l’attendiez. Vous avez déplacé la chaire de miséricorde – que vous n’avez point remise en place – et avez commencé à converser avec Middleton tout en décidant de son trépas, en dépit des regrets dont il vous fit part. La corde était prête et, sous votre chape, vous portiez la petite gourde de clairet altéré.
    — L’huis était clos de l’intérieur !
    L’interruption de Dunheved tenait plus de la moquerie que de la question.
    — Patience ! rétorquai-je. Vous avez fermé la porte à clé. Vous avez offert à un Middleton fort troublé quelques mots de consolation et quelques gorgées de cette gourde pour apaiser ses humeurs. Je ne pense pas que Middleton ait passé une seule bonne nuit depuis Tynemouth. Il était bouleversé. Le vin et la décoction que vous aviez distillée ne tarderaient pas à le calmer, et il est facile de pendre un homme dans ces conditions. Vous lui avez glissé le nœud autour du cou quand il s’est affaissé dans la chaire. Vous êtes monté à l’échelle, avez attaché l’autre bout de la corde à une poutre puis avez hissé le malheureux lentement mais sûrement. Si Middleton reprenait connaissance, quel espoir avait-il de s’en sortir ? S’il portait un ceinturon, vous le lui avez enlevé et l’avez dissimulé sous votre chape. De toute façon, il n’avait pas de dague, rien qui puisse lui permettre de couper la corde ; de plus, se débattre ne
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