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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos
Autoren: Paul C. Doherty
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conduisait à la chambre de Rosselin. Vous aviez une clé dans votre escarcelle. Peut-être était-ce celle du logis de Middleton ou d’une autre pièce de la forteresse ; elles se ressemblent toutes. Vous vouliez reproduire le même plan énigmatique que celui de la chapelle de la Vierge. Vous avez frappé à la porte. Rosselin, ivre, était hébété. Il a regardé par le judas et a vu l’affable visage du prêtre dominicain. Que lui avez-vous dit ? Lui avez-vous annoncé une bonne nouvelle ? Que le souverain approchait ?
    Dunheved eut un léger sourire.
    — Rosselin vous a cru assez pour vous ouvrir. Vous entrez, tout empressé, en ami. Vous l’engagez à rejoindre les autres sur les remparts. Vous prenez sa chape et son ceinturon comme pour l’aider. Il se retourne pour enfiler sa chape, que vous avez laissée choir, vous tirez le poignard de son ceinturon et le lui plongez dans le flanc d’un coup fatal sous les côtes, dans le cœur. Ensuite vous le traînez vers la fenêtre ouverte, le déposez sur l’appui, et précipitez son corps dans la nuit. Ce fut rapide, l’affaire de quelques minutes. Enfin vous déposez la fausse clé sur la table et vous saisissez celle de la chambre. Vous fermez l’huis de l’extérieur et venez nous retrouver sur le chemin de ronde où vous prenez soin de vous montrer à moi.
    « Le lendemain matin, vous vous êtes assuré que Demontaigu administrait les derniers sacrements pendant que vous veniez avec nous dans la chambre de Rosselin. Vous avez fait semblant de rassembler ses biens dans un panier. Derechef, en un clin d’œil, vous avez échangé les clés. Votre vengeance était à présent complète. Les cinq Aquilae avaient été exécutés d’une façon qui correspondait à leur vie : ils étaient passés de la gloire à une terrible malemort. Le siège commença. Il vous fut bien facile de rompre le roseau ployant. Des appels et des bruits étranges inquiétaient la garnison. La besogne fut aisée pour un dominicain n’ignorant rien des sorcières et des magiciens. Les puits furent pollués, les réserves de nourriture brûlées – ce fut votre œuvre. Qui aurait soupçonné un dominicain, un confesseur royal ?
    — Vous l’avez bien fait ! se moqua Dunheved. Pourquoi pas les Aquilae ?
    — Que nenni ! Les Aquilae, pour reprendre les mots de Rosselin, étaient brisés. Ils avaient été impliqués dans la plus abominable des trahisons. Ils en étaient prisonniers, sans espoir de retour. Peu aimés de la plupart, abandonnés par leur seigneur, vers qui pouvaient-ils se tourner ? Rosselin en fut même réduit à quémander mon aide. Ils ressemblaient à des moutons sans berger, seuls, à la merci d’un loup toujours aux aguets : vous !
    — Et ensuite ? demanda la reine. La capture de Gaveston ?
    — Dieu seul le sait, Votre Grâce. J’ai peu de preuves. Je pense qu’on ne peut mettre en doute l’honnêteté et la loyauté de Pembroke. Warwick et les autres n’ont pas eu besoin de beaucoup d’encouragement pour s’emparer de Gaveston. Mon frère, avez-vous envoyé un message anonyme à Warwick pour lui dire de nous suivre ? Vous aviez l’occasion de commettre une telle vilenie quand vous avez apporté à Pembroke l’acceptation de Gaveston. Avez-vous laissé des messages similaires dans les tavernes où nous nous sommes arrêtés avant d’arriver à Deddington pour y passer la nuit ? Warwick ferait le reste. Il a dupé Pembroke pour l’écarter. Gaveston était donc vulnérable, mais là encore, vous aviez compris, comme moi, qu’une fois loin du roi, c’en était fini de Gaveston. Je suis certaine que vous avez œuvré en secret pour parvenir à ce résultat. Avez-vous conseillé au roi de choisir Scarborough en tant que refuge le plus sûr, alors que ce n’était pas du tout le cas ? L’avez-vous encouragé dans cette voie ?
    Je lançai un coup d’œil à la reine.
    — Mais qui peut savoir quelle autre incitation a pu le convaincre de se séparer de son favori ?
    Isabelle ne broncha pas. « Ah, pensai-je, quand révélera-t-elle son rôle dans cette affaire ? » Dunheved, tapant d’une manière théâtrale ses sandales contre les pavés, se leva soudain en lissant son froc.
    — Je suis prêtre, clerc.
    Il s’éclaircit la gorge.
    — Je réclame le privilège de clergie. Je ne peux être jugé par le tribunal royal.
    — Sa Grâce peut sans nul doute être informée.
    Il me sourit avec un brin
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