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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos
Autoren: Paul C. Doherty
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servirait qu’à serrer davantage le nœud coulant. Vous avez mentionné la porte fermée, me semble-t-il, mon frère ?
    Dunheved cilla et détourna les yeux.
    — Je vais vous raconter comment vous vous y êtes pris. Vous vous êtes emparé de la clé de l’huis de la sacristie. Vous l’avez posée sur le sol comme si c’était celle de l’église ; mais vous aviez gardé la clé de cette dernière. Vous avez attendu que Middleton soit mort, placé l’habituel message railleur sur son corps, puis vous êtes parti en fermant la porte et en emportant la clé de la chapelle avec vous.
    — On aurait pu me voir.
    — Quand ? Vous pouviez vous précipiter vers la porte pour l’ouvrir. Vous pouviez prétendre être entré, avoir découvert le drame à l’instant, et, terrifié à l’idée que l’assassin puisse revenir, avoir fermé la porte tout en tentant de porter secours à Middleton.
    — Ces clés ont-elles été échangées ? questionna Isabelle.
    — Oh, oui ! Frère Stephen, vous avez donné l’extrême onction à vos deux premières victimes, mais avez abandonné Middleton à Demontaigu. Pendant qu’il administrait les derniers sacrements, vous avez procédé à un minutieux examen de la porte principale et de celle de la sacristie. Je me souviens très bien de la scène. C’est alors que vous avez pris la clé de la sacristie, si semblable à celle de l’église, et que vous les avez troquées l’une contre l’autre. Dans le désordre et l’affolement, personne ne s’apercevrait que vous remettiez en place la clé de la sacristie parce que personne ne s’en souciait vraiment.
    — Et si on m’avait vu sortir ?
    — C’était un risque, là encore. Mais vous aviez entrouvert cette porte. Vous avez regardé dehors. L’allée de la chapelle était gravillonnée, ce qui aurait révélé le bruit de pas. Vous pouviez évoluer en cachette, sous le couvert de la brume matinale. Vous pouviez vous glisser dehors et clore la porte en un clin d’œil.
    — N’aurait-on pas pu constater que la clé de la sacristie n’était pas dans la serrure ?
    — Pour l’amour de Dieu, qui aurait relevé ce détail alors que toute l’attention était fixée sur le pauvre Middleton ? Qui, même, se souvenait qu’elle existait ?
    Je haussai les épaules.
    — Après tout, vous l’avez remise en place plutôt vite !
    — Et Rosselin ? s’enquit Isabelle.
    Je me demandai ce qu’elle savait exactement. Avait-elle joué un rôle dans ces meurtres ? Cela attendrait, me dis-je.
    — Rosselin, repris-je, était alors un homme brisé. Gaveston l’avait abandonné.
    Isabelle me coupa la parole :
    — Pourquoi ?
    — Parce que Gaveston, en dernier ressort, ne se souciait que de lui-même. Le mieux qu’il pouvait faire, c’était de mettre au service de l’infortuné Rosselin l’un des archers d’Ap Ythel, mais vous, frère Stephen, avez déjoué la précaution. Rosselin se terrait, fuyant surtout les endroits élevés. La nuit où le tocsin a été mis en branle afin de nous tromper et où le fanal a été allumé ? C’était vous le responsable, comme vous l’étiez de tous les ennuis au château : la pollution des puits et l’incendie des réserves de vivres. Tâche assez aisée. Du poison sur le parcours des rats, de l’huile et du petit bois dans les caves parfaitement sèches.
    — Et Rosselin ? insista le dominicain, toujours impavide.
    — Oh, on a sonné le tocsin, donné l’alarme. Nous nous sommes rassemblés sur les remparts. Vous n’avez pas perdu de temps. Vous avez fait venir le garde d’Ap Ythel.
    — Je ne suis pas gallois.
    — Qui a prétendu que c’était une voix galloise ?
    — J’ai ouï…
    — Il se peut, frère Stephen. Bien que française, je peux quand même imiter l’accent gallois d’Ap Ythel. Je le fais souvent pour le taquiner. Sa Grâce en a été témoin.
    Je tendis le doigt vers Dunheved.
    — C’est ce que vous avez fait cette nuit-là. Vous êtes un bon comédien, frère Stephen. Je vous ai entendu ici, dans la roseraie, imiter les trouvères et les jongleurs. En fait, vous êtes un excellent mime. Vous mettez un masque ou l’ôtez selon les circonstances. Vous avez écarté ce garde qui n’avait pas besoin d’un tel encouragement ; nous étions tous, n’est-ce pas, sur des charbons ardents. Les barons étaient-ils arrivés ? Était-ce le roi ? Une fois qu’il fut parti, vous avez monté en hâte l’escalier qui
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