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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance
Autoren: Diana Gabaldon
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Un charmant garçon du nom d’Emile. Il me fait penser à toi dans ta jeunesse. Mince, blond, musclé et brutal.
    A sa consternation, Grey manqua éclater de rire.
    — Tout cela me paraît très français, dit-il d’un ton sec. Tu dois t’y sentir comme un poisson dans l’eau. Que me veux-tu ?
    — Il s’agit plutôt de ce que toi tu voudras.
    Percy n’avait pas encore entamé la bouteille de vin. Il versa lentement le liquide rouge sombre en poursuivant :
    — Ou plutôt… de ce que voudra l’Angleterre.
    Il tendit son verre à Grey avec un sourire.
    — Car on peut difficilement séparer ses propres intérêts de ceux de son pays, n’est-ce pas ? D’ailleurs, je dois t’avouer qu’à mes yeux tu as toujours personnifié l’Angleterre, John.
    Grey aurait aimé lui interdire de l’appeler par son prénom mais cela n’aurait fait que raviver le souvenir de leur intimité d’autrefois, ce que cherchait Percy. Préférant se taire, il but une gorgée de vin. Il était bon. Il se demanda qui le payait et, si c’était lui, quel en serait le véritable prix.
    — Ce que veut l’Angleterre ? répéta-t-il. Et à ton avis, que veut-elle ?
    Percy but une gorgée et la garda quelques instants en bouche, la savourant.
    — Ce n’est pas vraiment un secret, mon cher, n’est-ce pas ?
    Grey soupira en le dévisageant fixement.
    — Tu as lu cette « Déclaration d’indépendance » publiée par le prétendu Congrès continental ? demanda Percy.
    Il se retourna et, ouvrant une sacoche en cuir, en extirpa une liasse de papiers pliés qu’il tendit à Grey.
    Grey n’avait pas encore lu le document en question bien qu’il en ait beaucoup entendu parler. Il n’avait été imprimé que deux semaines plus tôt à Philadelphie mais des copies s’étaient déjà répandues comme du chiendent à travers les colonies.
    Il déplia les papiers et lut le premier en diagonale.
    — « Le roi est un tyran » ? dit-il en s’esclaffant devant l’outrance de certains des sentiments les plus extrêmes exprimés dans la déclaration.
    Il replia les feuilles et les jeta sur la table.
    — Si je suis l’Angleterre, je présume que tu incarnes la France, du moins dans cette conversation ?
    — Disons que je représente certains de ses intérêts, ainsi que ceux du Canada.
    Une sonnette d’alarme retentit dans la tête de Grey. Il s’était battu au Canada sous les ordres du général Wolfe. Au cours decette guerre, la France avait perdu une bonne partie de ses territoires nord-américains mais elle restait férocement accrochée aux régions du Nord, de la vallée de l’Ohio au Québec. Suffisamment proche pour créer des problèmes à présent ? Il en doutait mais il la croyait capable de tout. Tout comme Percy.
    Ce dernier agita ses longs doigts vers les papiers.
    — De toute évidence, l’Angleterre souhaite mettre rapidement un terme à ces inepties. L’armée continentale, comme ils l’appellent, est une association bancale d’hommes divisés et sans expérience. Que dirais-tu si je te fournissais des informations susceptibles de… saper l’allégeance de l’un des officiers les plus haut gradés de Washington ?
    Grey fit une moue sceptique.
    — Quand bien même ce serait le cas, en quoi cela favoriserait-il la France… ou tes propres intérêts ? Car je suppose qu’ils ne sont pas tout à fait les mêmes ?
    — Je vois que le temps n’a pas émoussé ton cynisme naturel, John. Je ne sais pas si je te l’ai déjà dit, mais cela a toujours été ton trait de caractère le moins attirant.
    Le regard de Grey se durcit et Percy soupira.
    — Soit. Des terres. Le Territoire Nord-Ouest ; nous voulons le récupérer.
    Grey eut un petit rire.
    — Et quoi encore !
    Le territoire en question, une vaste étendue au nord-ouest de la vallée de l’Ohio, avait été cédé à l’Angleterre par la France à l’issue de la guerre franco-indienne. Les Britanniques ne l’avaient toutefois pas occupé en raison de la résistance armée des indigènes et des négociations en cours pour établir des traités avec ces derniers. Les colons n’étaient pas ravis de cette situation. Grey, qui avait rencontré certains des indigènes en question, estimait la position du gouvernement britannique à la fois raisonnable et honorable.
    — Les négociants français entretiennent de nombreux liens avec les aborigènes de cette région, ce qui n’est pas votre cas.
    — Les marchands de fourrures constituant certains des…
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