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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance
Autoren: Diana Gabaldon
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Oui, milord. Il a dit qu’il était un de vos vieux amis… Attendez voir… il m’a bien donné son nom…
    Elle plissa le front un instant.
    — Bow-Shaw ou quelque chose comme ça. Ça sonnait français. D’ailleurs, lui-même avait l’air plutôt français. Voulez-vous que je vous monte également de quoi manger ?
    — Non, merci.
    Il monta les marches quatre à quatre en se demandant s’il n’avait rien laissé de compromettant dans sa chambre.
    Un Français, nommé Bow-Shaw… Beauchamp . Le nom retentit dans sa tête comme un coup de tonnerre. Il s’arrêta un instant au milieu de l’escalier, puis il reprit son ascension, plus lentement.
    Ce ne pouvait être… Mais qui d’autre ? Après avoir quitté le service actif il y avait de cela des années, il avait entamé unecarrière diplomatique au sein de la Chambre noire d’Angleterre, cette organisation trouble d’agents chargés d’intercepter et de décoder les courriers diplomatiques (ainsi que des messages à caractère privé) échangés entre les gouvernements d’Europe. Toutes les nations possédaient leur « chambre noire » et il n’était pas inhabituel que les membres de l’une connaissent leurs confrères étrangers sans les avoir jamais rencontrés mais par leur signature, leurs initiales, leurs annotations en marge des missives.
    Beauchamp avait été l’un des agents français les plus actifs. Grey avait croisé sa piste à plusieurs reprises au fil des ans même s’il avait quitté la Chambre noire depuis longtemps. S’il connaissait Beauchamp de nom, il était fort probable que la réciproque soit vraie… mais leur association invisible remontait à des années. Ils ne s’étaient jamais vus et que cette rencontre se produise ici … Il palpa la poche secrète de sa veste et sentit le bruissement rassurant du papier.
    Une fois sur le palier, il hésita. Toutefois, il était absurde de se montrer discret dans la mesure où il était attendu. Il longea le couloir d’un pas assuré et tourna la poignée de sa porte, la porcelaine lisse et fraîche dans sa paume.
    Une bouffée de chaleur lui monta au visage et il retint son souffle malgré lui. Ce qui l’empêcha fort opportunément de proférer le juron qui lui était venu aux lèvres.
    Le gentleman assis dans l’unique fauteuil de la chambre avait effectivement « l’air français », vêtu d’un costume impeccablement taillé, rehaussé de cascades de dentelles d’un blanc neigeux au col et aux manchettes ; ses chaussures ornées de boucles en argent assorties à ses tempes grises.
    Grey referma lentement la porte derrière lui.
    — Monsieur Beauchamp ?
    Sa chemise moite adhérait à sa peau et il sentait son pouls battre dans ses tempes.
    — Je crains que vous ne me preniez au dépourvu.
    Perseverance Wainwright esquissa un sourire.
    — Je suis content de te voir, John.

    Grey se mordit la langue pour éviter toute parole regrettable… ce qui excluait à peu près tout ce qu’il pouvait dire, à l’exception de : « Bonsoir ».
    Il arqua un sourcil intrigué.
    — Monsieur Beauchamp ?
    Percy fit mine de se lever, mais Grey l’arrêta d’un geste et se retourna afin d’approcher un tabouret, espérant gagner ainsi les quelques secondes qu’il lui fallait pour se ressaisir. N’y parvenant pas, il s’accorda quelques instants supplémentaires en allant ouvrir la fenêtre et en prenant quelques goulées d’air chaud. Puis il se tourna enfin vers son hôte et demanda avec une nonchalance feinte :
    — Comment est-ce arrivé ? Je veux dire « Beauchamp ». Ou est-ce simplement un nom de guerre 1 ?
    Percy extirpa un mouchoir en dentelle de sa manche et se tamponna délicatement le front. Grey remarqua qu’il commençait à se dégarnir.
    — Pas du tout. J’ai épousé l’une des sœurs du baron Amandine. Beauchamp est leur patronyme. Je l’ai adopté. Il m’a ouvert certaines portes dans les milieux politiques. De là…
    Il esquissa un geste gracieux qui englobait sa carrière dans les renseignements… et sans nul doute ailleurs.
    — Mes félicitations pour ton mariage, dit Grey sans chercher à cacher son ironie. Avec qui dors-tu, le baron ou sa sœur ?
    Percy parut amusé.
    — Les deux, parfois.
    — En même temps ?
    Le sourire s’élargit. Il avait encore de bonnes dents quoique légèrement tachées par le vin.
    — Cela arrive. Ceci dit, Cécile, mon épouse, préfère les attentions de sa cousine Lucienne, et moi celles de notre sous-jardinier.
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