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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance
Autoren: Diana Gabaldon
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l’attendrait au bout du voyage.
    Richardson anticipa sa question :
    — Une fois dans le Nord, vous pourriez éventuellement rejoindre l’état-major du général Howe.
    Ah ! Telle était la carotte ! Elle était belle et bien croquante. William était conscient que Richardson entendait par là : « Si le général Howe veut bien de vous. » Néanmoins, il avait foi en ses capacités et ne doutait pas de pouvoir se rendre utile.
    Il n’était en Caroline du Nord que depuis quelques jours, mais cela lui suffisait pour évaluer assez précisément les différentes possibilités d’avancement qu’offraient les Départements du Nord et du Sud. L’ensemble de l’armée continentale se trouvait avec Washington dans le Nord. La rébellion dans le Sud semblait n’être constituée que de quelques poches séditieuses de pionniers et de milices improvisées… rien de bien méchant. Quant aux statuts de commandants de sir Peter et du général Howe…
    Espérant que sa voix ne trahissait pas trop son enthousiasme, il déclara :
    — J’aimerais réfléchir à votre proposition, mon capitaine. Puis-je vous donner ma réponse demain ?
    — Mais certainement. Je suppose que vous voudrez en discuter avec votre père. Ne vous gênez pas.
    Puis le capitaine changea de sujet. Quelques instants plus tard, lord John et M. Bell les rejoignirent et la conversation prit un tour général.
    William ne les écoutait que d’une oreille distraite, son attention étant accaparée par deux silhouettes blanches et élancées qui flottaient tels des spectres entre les buissons de l’autre côté du jardin. Deux têtes coiffées de bonnets qui se rapprochaient puis s’écartaient. De temps à autre, l’une d’elles se tournait brièvement vers la véranda, semblant le guetter.
    — C’est vrai qu’il s’habille en dépit du bon sens, murmura son père d’un air consterné.
    — Pardon ?
    — Peu importe, répondit lord John avec un sourire.
    Il se tourna vers le capitaine Richardson qui venait de faire une observation sur le climat.
    Des lucioles scintillaient dans le jardin, minuscules étincelles vertes voletant dans les feuillages luisants d’humidité. William était ravi d’en voir à nouveau. En Angleterre, elles lui avaient manqué, tout comme cette singulière moiteur de l’air qui moulait sa chemise en lin sur son torse et faisait battre son sang jusqu’au bout de ses doigts. L’espace d’un instant, le chant des grillons étouffa tous les bruits hormis celui de son pouls.
    — Messieurs, le café est servi.
    La voix chaude de l’esclave des Bell creva sa petite bulle et il suivit les hommes à l’intérieur après un dernier bref regard vers le jardin. Les silhouettes blanches avaient disparu, mais l’air chaud et fragrant semblait toujours chargé de promesses.
    Une heure plus tard, il rentrait à pied à son cantonnement, l’esprit agréablement embrouillé, son père marchant en silence à ses côtés.
    A la fin de la soirée, Mlle Lillian Bell lui avait accordé un baiser parmi les lucioles, chaste et fugace mais sur les lèvres. En dépit des odeurs tenaces provenant du port, il flottait autour de lui des effluves de café et de fraises mûres.
    Lord John lança sur un ton léger :
    — Le capitaine Richardson m’a parlé de sa proposition. Es-tu intéressé ?
    — Je ne sais pas, répondit William avec le même détachement. Mes hommes me manqueraient, bien sûr, mais…
    Mme Bell l’avait invité à venir prendre le thé un peu plus tard dans la semaine.
    — La vie militaire n’est pas pour les sédentaires, poursuivit son père. Je t’avais prévenu.
    William acquiesça vaguement.
    Lord John ajouta comme si de rien n’était :
    — Cela pourrait t’ouvrir des portes, assurément, bien que cette mission ne soit pas sans danger.
    William eut un petit rire moqueur.
    — Que pourrait-il bien m’arriver entre Wilmington et New York, où m’attendra un bateau ? Il y a une route presque de bout en bout !
    — Empruntée par un nombre considérable de continentaux, souligna lord John. Si les nouvelles sont exactes, pratiquement toute l’armée du général Washington se trouve de ce côté-ci de Philadelphie.
    William haussa les épaules.
    — Richardson m’a choisi parce que je connais la région. Je peux très bien m’orienter en coupant à travers champs.
    — En es-tu sûr ? Cela fait près de quatre ans que tu n’as pas mis les pieds en Virginie.
    Son scepticisme agaça William.
    — Quoi ?
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