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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance
Autoren: Diana Gabaldon
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1
    Parfois, ils sont bel et bien morts
    Wilmington, colonie de Caroline du Nord, juillet 1776
    William ne voyait plus la tête du pirate. Non loin sur le quai, un groupe de badauds en discutaient justement, se demandant si elle réapparaîtrait. L’un d’eux, un métis en haillons, déclara avec conviction :
    — Cette fois, il est parti pour de bon. Si un alligator lui fait pas son affaire, la mer s’en chargera.
    Son voisin, un rustre probablement venu de l’arrière-pays, cessa de mâchouiller sa chique un instant et cracha dans l’eau.
    — Non… tiendra bien encore un jour. Même deux, qui sait ? C’est la faute à tous ces tendons qui retiennent la tête. En se desséchant au soleil, ils deviennent durs comme fer. J’ai vu ça souvent sur les carcasses de chevreuils.
    William vit Mme MacKenzie lancer un regard bref vers le port puis détourner les yeux. Devant son extrême pâleur, il se déplaça discrètement de quelques centimètres afin de lui cacher la vue des hommes et de l’eau brunâtre derrière eux. La marée étant haute, il était normal que l’homme ligoté au pieu ne soit plus visible, mais le pieu lui-même l’était toujours, sinistre rappel du prix à payer pour une vie de crimes. Condamné à mort, le pirate avait été attaché au milieu de la laisse de mer quelques jours plus tôt pour y être noyé par la marée. Depuis, toute la ville ne parlait plus que du temps que mettrait son cadavre en décomposition à être emporté par le courant.
    — Jem !
    M. MacKenzie se précipita devant William à la poursuite de son fils. Aussi roux que sa mère, le garçonnet s’était rapproché des curieux pour écouter leur bavardage. Se retenant d’une main à une bitte d’amarrage, il était à présent penché en équilibre précaire au-dessus de l’eau pour tenter d’apercevoir les restes du supplicié.
    M. MacKenzie attrapa son fils par le col et le prit dans ses bras. L’enfant se débattit, tordant le cou vers les eaux boueuses du port.
    — Je veux voir le walligateur manger le pirate, papa !
    Les hommes s’esclaffèrent. MacKenzie lui-même esquissa un sourire qui s’effaça dès qu’il aperçut la mine défaite de sa femme. Celle-ci paraissait de plus en plus mal en point. Il la rejoignit et, après avoir calé son fils sur sa hanche, glissa une main sous son bras.
    — Nous ferions mieux de vous laisser, lieutenant Ransom… Pardon, je voulais dire lord Ellesmere… Vous avez sûrement à faire.
    William devait retrouver son père pour le dîner, mais ce dernier lui avait donné rendez-vous à la taverne juste en face du quai. Il ne pouvait pas le rater. Il s’empressa de le leur expliquer et insista pour qu’ils s’attardent encore un peu. Il trouvait leur compagnie fort agréable, celle de Mme MacKenzie en particulier. La jeune femme avait retrouvé un semblant de couleurs. Elle sourit d’un air navré et tapota le bonnet du nourrisson dans ses bras.
    — Je suis désolée, nous devons vraiment rentrer.
    Elle regarda son fils qui gigotait toujours dans l’espoir d’être reposé à terre, et ne put s’empêcher de lancer un dernier coup d’œil vers le port et le pieu macabre. Puis elle se tourna à nouveau vers William.
    — La petite se réveille. Elle va avoir faim. J’ai été ravie de vous rencontrer. Je regrette que nous n’ayons pas eu le temps de bavarder plus longuement.
    Elle semblait sincère et effleura son bras, ce qui procura à William une agréable sensation au creux du ventre.
    Les badauds, dont aucun ne paraissait pourtant avoir un sou en poche, pariaient à présent sur la réapparition éventuelle du pirate.
    — Deux contre un qu’il est toujours là quand la mer se retire.
    — Cinq contre un qu’il est là mais sans la tête. Me fiche de tes tendons, Lem ; sa tête tenait plus qu’à un fil à la dernière marée. La prochaine l’emportera à coup sûr.
    S’efforçant de couvrir leurs voix, William se lança dans des salutations alambiquées et, dans un élan de galanterie, alla jusqu’à baiser la main de Mme MacKenzie. Dans la foulée, il baisa également celle du bébé, provoquant l’hilarité générale. M. MacKenzie le regarda bizarrement mais ne sembla pas en prendre ombrage. Il lui serra la main avec une vigueur toute républicaine puis, histoire de montrer qu’il avait lui aussi le sens de l’humour, enjoignit à son fils de tendre la sienne à son tour. Intrigué par l’épée d’apparat de l’officier, l’enfant lui
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