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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance
Autoren: Diana Gabaldon
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demanda :
    — T’as déjà trucidé quelqu’un ?
    — Non, pas encore, répondit William avec un sourire.
    — Mon grand-père, lui, il a zigouillé une vingtaine d’hommes !
    — Jemmy !
    Ses parents s’étaient écriés d’une seule voix. Le garçonnet haussa les épaules.
    — Ben quoi ? C’est vrai !
    William s’efforça de garder son sérieux :
    — Je suis sûr que ton grand-père est très courageux et sanguinaire. Ce sont des hommes comme lui dont le roi a besoin.
    — Mon grand-père dit que le roi, il peut aller se faire voir chez les Grecs.
    — JEMMY !
    M. MacKenzie plaqua une main sur la bouche de son fils tandis que sa mère tançait le petit effronté :
    — Tu sais très bien que ton grand-père ne dirait jamais une chose pareille !
    L’enfant hocha la tête et son père retira sa main.
    — Non, c’est grand-mère qui l’a dit.
    — C’est déjà plus probable, marmonna MacKenzie.
    Il avait du mal à garder son sérieux.
    — Quoi qu’il en soit, on ne parle pas comme ça devant un militaire. Les soldats sont au service de Sa Majesté.
    — Ah, fit Jemmy qui se désintéressait déjà de la question et étirait à nouveau le cou vers le port. C’est quand qu’elle descend, la marée ?
    — Pas avant des heures, répondit fermement MacKenzie. Tu seras couché depuis longtemps.
    Mme MacKenzie adressa à William un sourire contrit, l’embarras faisant rosir ses joues d’une manière charmante, puis la famille prit congé un peu précipitamment, laissant William partagé entre l’envie de rire et le regret de les voir partir.
    — Hé, Ransom !
    Pivotant sur ses talons, il découvrit Harry Dobson et Colin Osborn, deux seconds lieutenants de son régiment. Ils avaient dû faire le mur dans le but de tester les lupanars de Wilmington… ou ce qui passait pour tel.
    Dobson indiqua du menton le petit groupe qui s’éloignait.
    — Qui c’était ?
    — M. et Mme MacKenzie, des amis de mon père.
    — Ah ! Elle est mariée !
    Dobson lorgna la jeune femme en pinçant les lèvres.
    — Voilà qui corse l’affaire mais, après tout, l’enjeu n’en est que plus intéressant.
    — L’enjeu ?
    William lui lança un regard torve.
    — Je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais son mari est trois fois plus grand que toi.
    Osborn éclata de rire.
    — Et elle, elle fait deux fois sa taille ! Tu ne fais pas le poids, Dobby. Elle t’écraserait !
    Dobson se drapa dans sa dignité.
    — Qui vous dit que j’ai l’intention d’être dessous ?
    Osborn riait tant qu’il en était rouge brique. Les trois hommes observaient toujours la petite famille qui avait presque disparu au bout de la rue.
    — Mais qu’est-ce que cette obsession pour les géantes ? demanda William. Cette femme est presque aussi grande que moi !
    — C’est ça, enfonce le clou ! s’indigna Osborn.
    Même s’il dépassait le mètre cinquante de Dobson, Osborn mesurait une tête de moins que William. Il voulut décocher un coup de pied dans le tibia de ce dernier, qui l’esquiva et répliqua par une calotte. Osborn l’évita de justesse et poussa William contre Dobson.
    — Messsssieurs !
    Le ton sifflant du sergent Cutter les arrêta net. Ils avaient beau être tous les trois plus gradés que lui, aucun ne se serait hasardé à le lui faire remarquer. Le bataillon tout entier était terrorisé par ce petit bout d’homme vieux comme le monde. Il ne mesurait guère plus que Dobson, mais son corps compact semblait contenir toute la furie d’un volcan au bord de l’éruption.
    — Sergent !
    Le lieutenant William Ransom, comte d’Ellesmere et le plus âgé des trois, se redressa, le dos raide et le menton plaqué contre sa cravate. Osborn et Dobson l’imitèrent aussitôt, tremblant dans leurs bottes.
    Cutter se mit à aller et venir devant eux à la manière d’un guépard. On l’imaginait aisément en train de se lécher les babines, sa queue cinglant l’air. Attendre son attaque était presque pire que de le sentir enfoncer ses crocs dans votre postérieur.
    — Et où sont vos troupes, hein, messsssieurs ?
    Osborn et Dobson se lancèrent dans des explications confuses. Quant au lieutenant Ransom, pour une fois il était en règle.
    — Mes hommes sont de garde devant le palais du gouverneur, sergent. Ils sont sous les ordres du lieutenant Colson. J’ai obtenu une permission pour dîner avec mon père.
    Il ajouta nonchalamment :
    — Elle m’a été accordée par sir Peter.
    Cutter fut arrêté net dans son
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