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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance
Autoren: Diana Gabaldon
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montagnes plongé dans un état de profond abattement, ayant perdu sa mère un mois plus tôt. Quand lord John était tombé malade, il s’était convaincu qu’il allait l’abandonner à son tour, le laissant livré à lui-même au milieu des étendues sauvages. La peur, l’angoisse et le chagrin avaient accaparé son esprit au point qu’il ne conservait que quelques souvenirs confus de leur visite. Il se rappelait vaguement que M. Fraser l’avait emmené pêcher et l’avait traité avec bienveillance.
    Lord John esquissa un petit sourire sarcastique.
    — C’est bien lui. Je suis touché, Willie. J’aurais cru que ta mésaventure lors de ce séjour t’aurait davantage marqué que mes petits ennuis de santé.
    — Ma mésaven… ?
    La scène remonta soudain à la surface, accompagnée d’une bouffée de chaleur plus étouffante que l’air moite de l’été.
    — Merci, père. J’étais parvenu à effacer cet épisode humiliant de ma mémoire, jusqu’à cet instant !
    Lord John pleurait de rire. Il sortit un mouchoir et s’essuya le coin des yeux.
    — Navré, Willie. C’est plus fort que moi. Ce fut… ce fut… Mon Dieu ! Je n’oublierai jamais ta tête quand on t’a repêché des latrines !
    William se raidit.
    — C’était un accident !
    Au moins la fille de Fraser n’avait-elle pas assisté à son humiliation.
    — Oui, je sais bien, mais…
    Son père pressa son mouchoir contre ses lèvres, les épaules agitées de soubresauts.
    — Préviens-moi quand tu auras fini de ricaner à mes dépens, rétorqua William. Au fait, puis-je savoir où l’on va ?
    Ils étaient arrivés au bout du quai et lord John, toujours hilare, les conduisait vers une petite rue tranquille bordée d’arbres, loin des tavernes et des auberges du port. Faisant un effort visible pour reprendre contenance, il annonça :
    — Nous dînons avec le capitaine Richardson.
    Il toussa, se moucha puis rangea son mouchoir avant de préciser :
    — Chez un certain M. Bell.
    M. Bell habitait dans une maison proprette blanchie à la chaux, cossue mais sans ostentation. Le capitaine Richardson lui fit à peu près la même impression : d’âge moyen, soigné, portant un costume bien taillé sans suivre une mode particulière, avec un visage qu’il n’aurait pas reconnu dans la rue deux minutes après l’avoir vu.
    En revanche, il fut nettement plus impressionné par les deux demoiselles Bell, notamment la plus jeune, Miriam, dont les boucles couleur miel pointaient sous son bonnet et dont les grands yeux ronds ne le quittèrent pas tout au long du repas. Elle était assise trop loin de lui pour qu’ils puissent engager la conversation, mais le langage de ce regard était suffisamment éloquent pour lui faire comprendre que l’intérêt était réciproque. Pouvait-il espérer que, si l’occasion d’un entretien plus intime se présentait… ? Un léger sourire, un modeste battement de paupières suivi d’un coup d’œil discret vers la porte entrouverte donnant sur la véranda… Plus tard, quand elle irait prendre l’air. Il lui retourna son sourire.
    — Tu le crois vraiment, William ? lui demanda son père.
    A son ton insistant, il était clair que ce n’était pas la première fois qu’il posait la question.
    — Euh… oui, absolument.
    Puis, se disant qu’après tout il s’agissait de son père et non de son commandant, il osa demander :
    — Si je crois quoi ?
    Lord John se retint de lever les yeux au ciel et répéta patiemment :
    — M. Bell demandait si sir Peter avait l’intention de rester longtemps à Wilmington.
    M. Bell, qui présidait le dîner, inclina poliment la tête non sans avoir d’abord lancé un regard soupçonneux à Miriam. William en déduisit qu’il ferait mieux de revenir le lendemain, une fois le maître de maison occupé à ses affaires. Il répondit avec amabilité :
    — Non, monsieur, je pencherais plutôt pour le contraire. J’ai cru comprendre que le gros des troubles se produisait dansl’arrière-pays. Je suppose que l’on va nous y envoyer mater les rebelles au plus tôt.
    M. Bell parut satisfait. Du coin de l’œil, William vit Miriam faire une charmante moue boudeuse en apprenant son départ imminent.
    — Bien, bien ! déclara M. Bell, jovial. Des centaines de loyalistes se presseront certainement pour rejoindre vos rangs.
    — Sans aucun doute, monsieur.
    Il était peu probable que M. Bell serait parmi eux. William l’imaginait mal marchant au pas. En outre,
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