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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs
Autoren: Michel Zévaco
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cette fois ses yeux lançaient un appel direct à Ferrière, lequel suivait cette scène avec une attention passionnée qui l’étonnait lui-même. Et Ferrière, d’un peu pâle qu’il était, devint brusquement pourpre.
    Le comte de Louvre se leva vivement.
    Au même instant, Beaurevers et Rospignac furent debout. Et tous deux, en même temps et à voix basse, ils eurent le même mot qui fit se dresser leurs compagnons :
    « Attention !… »
    Mais ce n’était pas Fiorinda qu’ils regardaient. C’était le comte de Louvre. Il était clair qu’ils réglaient leurs mouvements sur ceux de ce jeune seigneur. Et lui ignorait – ou paraissait ignorer – l’étrange et très étroite surveillance dont il était l’objet.
    Au même instant aussi, une voix jeune, chaude, vibrante d’indignation, lança :
    « Assez ! En voilà assez !… »
    En même temps, un coup sec, pareil à un éclatant coup de fouet, retentit au milieu du silence.
    C’était Ferrière qui, répondant à l’appel muet de la jeune fille, venait de parler ainsi et qui, ayant dégainé d’un geste rapide, venait de frapper rudement la table du plat de son épée.
    Effarés, ils lâchèrent leur proie, et, soudain hérissés, grinçant des dents, ils firent face à celui qui se permettait de venir les troubler dans leurs amusements et qui leur parlait sur ce ton d’insupportable et insolente autorité.
    Fiorinda en profita pour s’éclipser et se glisser dehors. Elle n’opéra cette retraite qu’après avoir jeté sur son défenseur un regard de gratitude, qu’il ne vit pas, du reste, attendu qu’il était trop occupé avec la meute menaçante.
    Ceci s’était accompli avec une rapidité qui tenait du prodige.
    Le comte de Louvre reprit tranquillement sa place, en disant assez haut pour être entendu :
    « À la bonne heure !… Voici un digne gentilhomme. »
    Aussitôt Beaurevers et Rospignac se rassirent à leur table, s’effacèrent derrière leur rideau de verdure. Et leurs compagnons les imitèrent.
    Fiorinda partie, l’incident reprenait les proportions modestes d’une simple dispute. La fin se passa à peu près inaperçue.
    Ce fut très bref, d’ailleurs :
    « C’est à nous que tu parles sur ce ton ? demanda Saint-Solin de son air le plus rogue.
    – Que signifie cet impertinent : « En voilà assez ! » fit un autre qui s’appelait Saverny.
    Sèchement, le vicomte répondit aux deux questions en même temps :
    « À vous, oui !… Quant à ce que j’ai dit, il me semble que c’est très clair. Toutefois, s’il vous faut de plus amples explications, je suis prêt à vous les fournir… sur le pré qui n’est pas loin. »
    Et il accentua ses paroles d’un petit rire insultant, en fouettant l’air de sa rapière, d’une manière significative.
    Il y eut une bordée de jurons, des grondements furieux, de sourdes menaces, et ce fut la sortie tumultueuse, en tempête.
    Très calme, le vicomte de Ferrière sortit le dernier, posément, sans se presser le moins du monde.

IV – LE PRÉ-AUX-CLERCS
    Trois ou quatre curieux se levèrent précipitamment et partirent en courant, dans l’intention d’assister au spectacle sanglant qui allait se dérouler.
    Le comte de Louvre jeta sur la table deux pièces d’or – qui représentaient largement le double de sa dépense et suivit d’un air de plus en plus intéressé.
    Sur ses talons, et sans qu’il y prît garde, Beaurevers, Rospignac et leurs acolytes sortirent à leur tour.
    Tout ce monde tourna à droite dans le Chemin-aux-Clercs et s’engagea sur la prairie.
    Le vicomte, les personnages que nous avons nommés et les curieux suivaient d’assez loin, espacés et disséminés à droite et à gauche. Seul, Guillaume Pentecôte avait disparu.
    Sur un ordre de Rospignac, il était parti comme une flèche. Il avait tourné à gauche, et, longeant le fossé de l’abbaye, il s’était dirigé vers la ville d’un pas allongé.
    Parvenu aux environs de la porte de Nesle, il siffla une courte modulation.
    À ce signal, des fossés de la ville, de trous invisibles, de derrière des troncs d’arbre ou des mottes de terre, des têtes se montrèrent avec précaution : des gueules effrayantes de loups affamés, avec des yeux ardents comme des braises et des crocs qui semblaient prêts à happer et à broyer la proie. Ils étaient bien une douzaine. Et ils avaient tous de ces faces inquiétantes, faites pour jeter l’épouvante au cœur des plus
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