Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
intrépides.
    « Attention ! » lança Guillaume Pentecôte d’une voix assourdie.
    C’était bref, mais suffisamment explicite pour eux, à ce qu’il paraît. On entendit une série de grognements indistincts, et toutes les têtes plongèrent, s’évanouirent, comme de fantastiques apparitions de cauchemar. Guillaume Pentecôte lui-même sembla s’être volatilisé, tapi sans doute dans quelque trou, tel un monstrueux cloporte.
    Et ce fut de nouveau le silence et la solitude…
    Si bien que l’œil le plus perçant, le mieux exercé, n’eût pu soupçonner qu’une belle et bonne embuscade était tendue là.
    Pendant ce temps, les adversaires de Ferrière étaient arrivés au pied de la butte. Venus là par suite d’une provocation collective, ils avaient, suivant les règles qui régissaient alors le duel, le droit d’attaquer tous ensemble. Il est à présumer que, de sang-froid, ils eussent repoussé avec indignation la pensée de se mettre à cinq contre un. Dans l’état où ils étaient, et sous le coup de la colère, ils n’y songèrent pas. Ils tombèrent en garde avec un ensemble parfait, marquant ainsi leur intention d’user de leur droit.
    Ferrière ne fit pas la moindre observation. Mais le sourire dédaigneux qui errait sur ses lèvres indiquait clairement ce qu’il pensait de cette manière de faire. Il était toujours très calme, presque indifférent. Cependant, une lueur de colère s’allumait dans son œil clair, lorsque cet œil se fixait sur Saint-Solin. On eût dit que c’était à celui-là particulièrement qu’il en voulait. Avec le manteau long, enroulé fortement autour du bras gauche, il se fit une manière de bouclier. Et ce fut lui qui, la dague solidement emmanchée dans le poing gauche, la rapière haute, chargea le premier, avec une irrésistible impétuosité.
    Il y eut comme un tourbillon d’acier, un fourmillement, un tumultueux froissement de fer où jaillirent des étincelles. Et, presque aussitôt, une plainte sourde se fit entendre. Un des cinq tomba en vomissant le sang et demeura étendu sur l’herbe, les bras en croix.
    C’était Saint-Solin, que Ferrière avait spécialement visé… et qu’il n’avait pas manqué.
    Aussitôt le vicomte fit un bond en arrière et souffla un inappréciable instant. Son pourpoint avait reçu plus d’une entaille, mais il était indemne : rien, pas une écorchure.
    Sans leur laisser le temps de se reconnaître, il fonça une seconde fois, tête baissée. Le même choc infernal se produisit, le même tourbillon étincelant, le même froissement fantastique se renouvelèrent. Une voix cria :
    « J’en tiens ! »
    Un homme sortit du rang, se mit à l’écart, en soutenant de sa main gauche son bras droit dont la manche de satin mauve se teignait de pourpre. C’était Saverny.
    Une fois encore Ferrière se mit hors d’atteinte et souffla. Et la même manœuvre recommença pour la troisième fois. Et, pour la troisième fois, elle réussit : un autre combattant tomba et se traîna péniblement hors du champ restreint de la lutte. Celui-là s’appelait Roquebron.
    Cette fois, Ferrière avait ses vêtements en lambeaux. Le manteau qui lui servait à parer les coups était littéralement haché. Le bras gauche et la poitrine étaient couverts d’estafilades. Mais il n’avait pas une seule blessure sérieuse. Et, dans le feu de l’action, il ne sentait même pas ces égratignures.
    Il engagea résolument le fer contre les deux adversaires qui restaient et qui se nommaient Bonneval et d’Abancourt. La lutte allait reprendre plus violente, plus acharnée, plus terrible peut-être, car ces deux-là paraissaient avoir recouvré enfin ce sang-froid nécessaire qui leur avait fait défaut jusque-là.
    Mais alors, au risque de se faire embrocher, le blessé, Saverny, se jeta résolument entre les combattants et écarta les épées de sa main valide, en criant :
    « Assez ! Assez !… Tu es un brave, Ferrière, et je ne me pardonnerai jamais la vilaine action que nous avons commise en nous mettant à cinq contre un ! »
    Et Roquebron, assis sur l’herbe, comprimant des deux mains sa cuisse d’où s’échappait un mince filet de sang, Roquebron appuya :
    « Oui, en voilà assez !… Tu avais raison, Ferrière, nous nous sommes conduits comme de vils manants. Et nous n’avons pas volé la correction que tu viens de nous infliger. »
    Ils étaient dégrisés maintenant, cela se voyait. Et la loyauté avec
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher