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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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convenu avec la propriétaire. Et se penchant à l’oreille du roi, avec une familiarité obséquieuse et un rire cynique :
    – Allez-y, Sire !… Enlevez la place… d’assaut.
    Henri mit le pied sur la première marche et murmura :
    – Jamais je ne fus aussi ému !
    A ce moment une ombre surgit de derrière un des piliers, se campa au milieu, devant la porte, dominant ainsi le roi. En même temps une voix jeune et vibrante lança dans le silence de la nuit cet ordre bref :
    – Holà !… Tirez au large.
    La Varenne, qui déjà s’éloignait, revint précipitamment sur ses pas…
    A cet instant précis, un cavalier s’avançait d’un pas insouciant. Entendant la voix impérieuse, apercevant ces deux ombres au bas d’un escalier, le cavalier s’arrêta à quelques pas du perron, s’immobilisa au milieu de la chaussée, curieux sans doute de ce qui allait se produire, et sans qu’aucun des acteurs de cette scène parût prêter attention à lui.
    Cependant le roi avait reculé d’un pas. La Varenne, sur un signe qui recommandait la prudence, se campa au bas du perron, et d’un ton plein de morgue, il railla :
    – Vous dites ?…
    – Je dis, reprit la voix froide et tranchante, je dis que vous allez vous faire étriller selon vos mérites si vous ne déguerpissez à l’instant.
    Il devenait difficile de parlementer avec un inconnu qui, du premier coup, le prenait sur ce ton. La Varenne l’essaya cependant et, d’une voix où commençait à percer l’impatience :
    – Holà ! êtes-vous enragé ou fou ? monsieur… Comment, un paisible passant ne pourra pénétrer chez lui parce qu’il…
    – Tu mens ! interrompit la voix qui se faisait plus âpre, plus mordante, tu ne demeures pas dans cette maison.
    – Ah ! prenez garde, mon maître !… Vous insultez deux gentilshommes !…
    – Tu mens encore !… Tu n’es pas gentilhomme ! tu es un marmiton… Retourne à tes marmites, mauvais gâte-sauce… Tu vas laisser brûler le rôti !
    On ne pouvait faire une plus sanglante injure à La Varenne – dont la noblesse et le marquisat étaient de création récente encore – que de lui rappeler aussi brutalement la bassesse de son extraction. Livide de fureur, il hoqueta :
    – Misérable !…
    – Quant à ton compagnon, continua la voix dans un rire strident, il doit être gentilhomme, lui… puisqu’il cherche à s’introduire traîtreusement, la nuit, dans le logis d’une jeune fille sans défense pour y jeter la honte et le déshonneur !… Ah ! pardieu oui ! ce doit être un gentilhomme de haute et puissante gentilhommerie… puisqu’il ne recule pas devant une besogne vile… dont rougirait le dernier des truands !…
    La Varenne ne manquait pas de cette bravoure à qui il faut le stimulant d’une galerie attentive pour la faire épanouir. Seul il eût déjà tiré au large comme l’avait ordonné Jehan le Brave – car on a deviné que c’était lui. Mais il y avait le roi. Impossible de se dérober. Puis le ton, écrasant d’impertinence, dont cet inconnu l’avait renvoyé à ses marmites, l’avait exaspéré jusqu’au délire, avait déchaîné en lui une haine implacable. Enfin sa bravoure était en tous points conforme à sa nature vile et tortueuse.
    C’est ce qui fait que sournoisement il dégaina, et traîtreusement, à l’improviste, il porta un coup terrible de bas en haut en grinçant :
    – Drôle !… Tu payeras cher ton insolence !
    Jehan devina le coup plutôt qu’il ne le vit. Il ne fit pas un mouvement pour l’éviter. Seulement, d’un geste prompt comme l’éclair, il leva très haut le pied et le projeta violemment en avant.
    Atteint en plein visage, La Varenne alla rouler sur la chaussée, où il demeura évanoui.
    – Voilà ! « Drôle » est payé, dit froidement Jehan.
    Le cavalier, qui avait assisté impassible à cette scène rapide, murmura :
    – Le superbe lion !… Vrai Dieu ! voilà qui me change un peu de ce répugnant troupeau de loups et de chacals qu’on appelle des hommes. Je devine toute l’algarade. Mais à qui donc en a-t-il ?
    A ce moment Jehan descendait les deux marches et s’approchait du roi.
    – Monsieur, fit-il d’un ton rude, donnez-moi votre parole de ne jamais renouveler l’odieuse tentative de ce soir et je vous laisse aller… je vous fais grâce !
    Effaré, stupide d’étonnement, troublé par l’imprévu, de l’aventure, le roi secoua la tête.
    – Non !… Dégainez
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