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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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en ce cas, dégainez !
    Et en disant ces mots, Jehan, d’un geste large, sans hâte inutile, tira son épée, fouetta l’air d’un coup sec, fit un pas vers le roi et avec un calme terrible :
    – Je vais vous tuer, monsieur, dit-il. Au fait, ce sera plus sûr qu’une parole de gentilhomme, en quoi je n’ai aucune confiance.
    Henri se ressaisissait. L’idée qu’il pouvait être en danger de mort ne lui venait pas encore. L’aventure n’était encore à ses yeux qu’un contretemps fâcheux. Certainement ce n’était qu’un malentendu, une méprise qui se dissiperait dès qu’il aurait fait entendre à ce forcené qu’il se trompait et s’attaquait à qui était assez puissant pour le briser. Il se redressa de toute sa hauteur et d’un ton dédaigneux où il entrait plus d’impatience que de colère :
    – Prenez garde, jeune homme !… Savez-vous à qui vous parlez ?… Savez-vous que je puis d’un geste faire tomber votre tête ?…
    Le cavalier aux écoutes sursauta :
    – Cette voix !… On dirait !…, Oh ! diable !…
    Jehan le Brave fit un pas de plus dans la direction du roi, le toisa de haut en bas, car il le dominait de toute sa tête, et :
    – Je sais, dit-il glacial. Mais avant que vous n’ayez ébauché ce geste, moi je vous plonge le fer que voici dans la gorge !
    Cette fois, Henri commença de soupçonner que ce n’était pas une méprise, que c’était à lui personnellement que ce furieux en voulait. Néanmoins, il ne se rendit pas, et plus dédaigneux, plus hautain :
    – Assez ! fit-il. J’ai affaire dans cette maison. Va-t-en !… Il en est temps encore.
    – Dégainez, monsieur !… Il en est temps encore.
    – Pour la dernière fois, va-t-en !… Tu auras la vie sauve !
    – Pour la dernière fois, dégainez !… ou, par le Dieu vivant, je vous charge !…
    Henri jeta un coup d’œil sur l’homme qui osait lui parler ainsi. Il vit un visage flamboyant. Il lut dans ces yeux étincelants une implacable résolution.
    La peur, ce sentiment sournois et déprimant, Henri IV y était accoutumé. Il l’éprouvait chaque fois qu’il lui fallait faire face à un péril personnel. Mais toujours, par un effort de volonté admirable, il parvenait à maîtriser cette révolte de la chair et alors il n’y avait pas de brave plus follement brave que ce peureux. Cette fois, il s’aperçut, la sueur de l’angoisse sur les tempes, que l’esprit ne parvenait pas à dompter la matière. Pourquoi ?
    C’est qu’il avait en lui une terreur – que les événements devaient justifier – et qu’il ne put jamais parvenir à refouler : la terreur de l’assassinat.
    Or, Henri venait de lire dans les yeux de cet inconnu qu’il se savait en présence du roi. C’est pourquoi il ne se nomma pas. Or, si cet inconnu, sachant qu’il parlait au roi, osait menacer ainsi, c’est qu’il était résolu à tuer. C’était clair. Dès lors, il n’y avait plus qu’une alternative : se laisser égorger bénévolement ou se défendre de son mieux. Ce fut à ce dernier parti qu’Henri, faisant appel à tout son sang-froid, se résigna.
    Lentement il dégaina et tomba en garde. Les fers s’engagèrent.
    Dès les premières passes, Henri reconnut l’incontestable supériorité de son adversaire. Il sentit le frisson de la mort le frôler à la nuque, et dans son esprit éperdu il clama :
    « Oh ! on m’a dépêché un redoutable coupe-jarret !… C’est un assassinat prémédité… Je suis perdu ! »
    Il eut autour de lui ce regard angoissé du noyé qui cherche à quoi il pourra se raccrocher et il aperçut alors le cavalier qui s’était insensiblement rapproché.
    – Holà ! monsieur, cria le roi, êtes-vous complice ?
    Ceci pouvait sous-entendre : si vous n’êtes pas complice, ne me laissez pas égorger.
    C’est ce que traduisit sans doute l’inconnu, car il s’approcha vivement et juste à point pour détourner le bras de Jehan, au moment où il se fendait à fond dans un coup droit foudroyant qui eût infailliblement tué le roi.
    – Malédiction ! gronda furieusement le jeune homme, tu vas payer !…
    Et il se rua l’épée haute sur le malencontreux inconnu.
    A ce moment, la porte du logis si vaillamment défendu s’ouvrit d’elle-même et sur le seuil apparut la demoiselle Bertille.
    Et le bras levé de Jehan retomba mollement. Le geste de mort s’acheva par un geste d’imploration à l’adresse de la pure enfant et cette
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