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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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attendait-il patiemment qu’une heureuse fortune lui permît d’apercevoir encore une fois un bout de ruban ou l’ombre de la bien-aimée se profiler sur les vitraux… Les amoureux, on le sait, sont insatiables. Celui-ci, tout à ses rêves, ne voyait rien en dehors du balcon où
elle
lui était apparue.
    Sous ce balcon, cependant, leur discussion sans doute terminée, la matrone avait franchi les trois marches et mettait la clé dans la serrure.
    Par hasard, les yeux de l’amoureux quittèrent un instant le bienheureux balcon et se portèrent dans la rue. Alors, un cri de colère lui échappa, à la vue du seigneur qui n’avait pas bougé :
    – Encore ce ruffian maudit de Fouquet !…
    Il se pencha à faire croire qu’il allait se précipiter tête première. Et il grinçait :
    – Que fait-il là, devant
sa
porte ?… Qui appelle-t-il ainsi ?…
    En effet, à ce moment, celui que notre amoureux venait de nommer Fouquet appelait la matrone qui se disposait à entrer dans la maison. Elle redescendit une marche et tendit la main. Geste d’adieu ?… Marché conclu ?… Arrhes données ?… C’est ce que l’amoureux n’aurait pu dire. Il lui sembla bien entrevoir une bourse… Mais le geste avait été si rapide, si subtil l’escamotage !… En tout cas, il connaissait la matrone, car en se retirant précipitamment de la fenêtre, il était blême et il bredouillait :
    – Dame Colline Colle !… Ah ! par tous les démons de l’enfer, je veux savoir !… Malheur au damné Fouquet !…
    Et il se rua en trombe dans l’escalier.
    A cet instant précis, trois braves s’arrêtaient devant sa porte. Ils avaient des allures de tranche-montagne, avec des rapières formidables qui leur battaient les talons. A les voir, on devinait des diables à quatre, ne redoutant rien ni personne. Et cependant ils restaient indécis devant la porte, n’osant soulever le marteau.
    – Eh vé ! dit l’un avec un accent provençal, vas-y toi, Gringaille… Tu es Parisien, tu parles bien…
    – Voire ! répondit l’interpellé. Tu n’as pas non plus ta langue dans ta poche, toi, Escargasse… M’est avis cependant que Carcagne me paraît être celui de nous trois qui a le plus de chance de s’en tirer avec honneur… Il a des manières si avenantes, si polies !…
    L’homme aux manières polies dit à son tour :
    – Vous êtes encore de singuliers bélîtres de me vouloir exposer seul à la colère du chef… Savez-vous pas, mauvais garçons que vous êtes, qu’il nous a formellement interdit de nous présenter chez lui sans son assentiment ?… Pensez-vous que je me soucie de me faire jeter par la fenêtre uniquement pour préserver vos chiennes de carcasses ?…
    – Il faut cependant lui faire savoir que le signor Concini désire le voir aujourd’hui même.
    – Que la peste l’étrangle, celui-là ! Il avait bien besoin de nous charger d’une commission pareille !
    – Vé ! allons-y ensemble.
    – Au moins nous serons trois à recevoir l’averse.
    – Ce sera moins dur.
    Ayant ainsi tourné la difficulté, ils se prirent par le bras et allongèrent la main vers le marteau.
    La porte s’ouvrit brusquement, quelque chose comme un ouragan fondit sur eux, les sépara brutalement, les envoya rouler à droite et à gauche. C’était l’amoureux, qui se mit à remonter la rue en courant.
    – C’est le chef ! s’écria Escargasse. J’ai reconnu sa manière de nous dire bonjour.
    Et il se tenait la mâchoire ébranlée par un maître coup de poing.
    – Malheur ! gémit Gringaille en se relevant péniblement, je crois qu’il m’a défoncé une côte.
    – Où court-il ainsi ? dit Carcagne qui n’avait reçu qu’une bourrade sans conséquence.
    Chose curieuse, ils ne paraissaient ni étonnés ni mortifiés. Ils étaient dressés sans doute. Sans s’attarder plus longtemps, tous trois, ensemble :
    – Suivons-le !…
    Et ils se lancèrent à la poursuite de celui qu’ils appelaient « le chef » et qu’ils paraissaient tant redouter.
    Celui-ci, trompé par une vague similitude de costume et de démarche, s’était lancé dans la direction de la Croix-du-Trahoir située au bout de la rue. Il allait droit devant lui, comme un furieux, bousculant et renversant tout ce qui lui faisait obstacle, sans se soucier des protestations et des malédictions soulevées sur son passage.
    Il avait ainsi parcouru une cinquantaine de toises lorsqu’il heurta violemment un
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