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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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bien, oui, ma foi, seize ans… l’âge de Bertille !…
    Pour la première fois, un soupçon vint l’effleurer, car il répéta :
    – L’âge de Bertille !…
    Il rejeta la pensée qui se faisait obscurément jour dans son cerveau :
    – Etait-ce un garçon ou une fille ?… Du diable si je le sais… Je n’aurais jamais pensé à cela sans cette vague ressemblance… Est-elle si vague ?… Heu !…
    Et pour se remonter soi-même :
    – Par Dieu ! je suis content d’être sorti de ce souci… Me voilà plus tranquille… Je veux, pour les beaux yeux de Bertille, faire rechercher cet enfant de la pauvre Saugis et, garçon ou fille, je lui ferai un sort raisonnable. C’est dit, et je ne m’en dédirai pas… Après tout, c’est un enfant à moi… Mais que fait donc ce bélître de La Varenne ?…
    Comme il se posait cette question pour la centième fois, La Varenne fut introduit. Le confident paraissait radieux et, tout de suite, avec cette familiarité qu’Henri IV encourageait dans son entourage et savait d’ailleurs royalement réprimer lorsqu’elle allait trop loin, il s’écria :
    – Victoire ! Sire, victoire !
    Le roi devint très pâle, porta la main à son cœur et chancela en murmurant :
    – La Varenne, mon ami, ne me donne pas de fausse joie… je me sens défaillir.
    Et, en effet, il paraissait sur le point de s’évanouir.
    – Victoire, vous dis-je !… Ce soir, vous entrez dans la place ! Du coup, le roi fut debout et, radieux :
    – Dis-tu vrai ?… Ah ! mon ami, tu me sauves !… Je me mourais… Ce rôle d’amoureux transi commençait à peser. Ce soir, dis-tu, qu’as-tu fait ?… Tu l’as vue ?… Tu lui as parlé ?… M’aime-t-elle un peu, au moins ?… Ne me cache rien, La Varenne… Ce soir, je la verrai, je lui parlerai, enfin !… Jarnidieu ! qu’il fait bon vivre et quel radieux jour que ce jour !… Parle. Raconte-moi tout… Mais parle donc !…, Il faut t’arracher les paroles du ventre !
    – Eh, mordieu ! Vous ne me laissez pas placer un mot !… S’il faut vous dire les choses tout à trac : j’ai acheté la propriétaire, qui nous ouvrira la porte ce soir.
    – Cette matrone qui paraissait incorruptible ? La Varenne haussa les épaules :
    – Le tout était d’y mettre le prix, dit-il. Il m’en a coûté vingt mille livres, pas moins.
    Et en même temps, il étudiait du coin de l’œil l’effet produit par l’énoncé de la somme.
    Henri IV savait se montrer généreux en amour. Il n’en était plus de même quand il s’agissait de lâcher la forte somme à ceux qui servaient ses amours :
    – Tu m’as demandé la place de contrôleur général des postes, dit-il. Tu l’as.
    La Varenne se cassa en deux et, avec une grimace de jubilation, il supputait à part lui :
    – Allons, j’ai fait un bon placement ! La place me remboursera au centuple les dix mille livres que j’ai dû donner à cette sorcière de Colline Colle, que le diable l’étrangle !
    – Raconte-moi tout par le menu, fit joyeusement le roi, qui avait retrouvé toute sa vivacité.
    Pendant que l’homme à tout faire du roi, l’ancien cuisinier créé marquis de La Varenne, expliquait à son maître comment il pourrait s’introduire subrepticement chez une innocente enfant qu’il s’agissait de déshonorer, il se passait dans une autre partie du Louvre une scène qui a sa place ici.
    Une jeune femme était nonchalamment étendue sur une sorte de chaise longue appelée lit d’été. Une carnation de ce blanc laiteux particulier à certaines brunes, des cheveux naturellement ondulés et d’un beau noir, des traits réguliers, des lèvres pourpres, sensuelles, des yeux noirs mais froids, des formes imposantes, la splendeur d’une Junon en son plein épanouissement.
    C’est Marie de Médicis, reine de France.
    Sur un pliant de velours cramoisi, une autre jeune femme dont le corps est maigre et contrefait, le teint plombé, la bouche trop grande, une épaule plus haute que l’autre, une femme dont la laideur semble avoir été choisie pour servir de repoussoir à l’imposante beauté de l’autre. La seule supériorité de cette disgraciée de la nature résidait dans ses yeux : des yeux noirs, immenses, brillant d’un feu sombre, reflet d’une âme forte que consume une flamme dévorante.
    C’était Léonora Doré, plus connue sous le nom de la Galigaï. Elle est dame d’atours de la reine… Elle est aussi la femme légitime
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