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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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un
bravo
extraordinaire… comme on n’en vit jamais de pareil… Ne croyez pas qu’il ira traîtreusement poignarder… celui dont nous parlons. C’est en face qu’il l’attaquera. C’est en un combat loyal qu’il le tuera.
    – Enfin, comment t’y prendras-tu pour l’amener à accomplir… ce geste ?…
    – Je m’intéresse à lui, moi… C’est mon droit… D’ailleurs il est le fils d’adoption d’un de mes compatriotes… Pour lui témoigner cet intérêt, je glisse dans son oreille un renseignement… Est-ce ma faute, à moi, si ce renseignement déchaîne la haine en lui ? Et si la haine, chez lui, se traduit par des gestes qui tuent, en suis-je responsable ?…
    Elle était effroyable de cynisme tranquille, et c’est ainsi qu’elle dut apparaître à Marie de Médicis, car elle murmura, vaguement épouvantée :
    – Tu es terrible, sais-tu ?
    Léonora sourit dédaigneusement et ne répondit pas. Poussée par la curiosité, peut-être avec le secret espoir de faire dévier cette conversation qui l’épouvantait, la reine s’informa :
    – Qui est ce malheureux ?… Comment s’appelle-t-il ?
    – On le connaît sous le nom de Jehan le Brave. Où est-il né ? Le nom de son père et de sa mère ?… Mystère. Saêtta, qui l’a élevé et l’aime comme son fils, pourrait peut-être répondre à ces questions. Mais il est muet sur ces points… Ce que je sais, pour l’avoir vu à l’œuvre, c’est que c’est une force… Malheureusement pour lui, il a des idées à lui… des idées qui ne sont pas celles de tout le monde… C’est un fou.
    A ce moment, la porte du cabinet s’ouvrit silencieusement et Caterina Salvagia, la femme de chambre de confiance de la reine, parut dans l’entrebâillement. Sans entrer plus avant, elle fit un signe à Léonora et se retira discrètement aussitôt.
    Marie de Médicis, sans doute au courant, se redressa sur son lit d’été et s’écria joyeusement, une flamme subite aux yeux :
    – C’est Concini !… Fais-le entrer,
cara mia !…
    Elle pensait que, du coup, la terrible conversation était terminée. Mais la Galigaï ne bougea pas. Et, avec une froideur effrayante, elle posa nettement la question :
    – Madame, dois-je exciter la jalousie de Jehan le Brave ? Et la reine répéta le mot qu’elle avait eu déjà :
    – Tu es terrible !…
    La Galigaï attend, muette, impassible comme la fatalité.
    La reine Marie de Médicis s’est redressée. Son regard s’emplit d’une lointaine épouvante. Ses lèvres tremblantes retiennent le mot terrible qui veut s’échapper et tomber… tomber comme une condamnation, car ce mot, c’est la mort du roi de France !
    Enfin, elle gémit :
    – Que veux-tu que je te dise ?… C’est terrible !… terrible !… Laisse-moi le temps de réfléchir… plus tard… attends… Tu peux bien attendre un peu, voyons !
    Alors Léonora se leva et se courba dans une longue et savante révérence de cour. Elle exagéra la correction des attitudes imposées par l’étiquette et d’une voix tranchante qui contrastait avec cette humilité voulue :
    – J’ai l’honneur de solliciter de Votre Majesté mon congé… et celui de Concino Concini, mon époux.
    La reine pâlit affreusement. Elle bégaya :
    – Tu veux me quitter ?
    – S’il plaît à Votre Majesté, oui, dit Léonora glaciale. Demain matin nous quitterons la France.
    Affolée par la pensée de perdre Concini, Marie cria :
    – Mais je ne le veux pas !
    – Votre Majesté daignera excuser mon insistance… Notre décision est irrévocable… Nos préparatifs de départ sont faits. Nous voulons nous retirer.
    A ces mots, prononcés à dessein, la souveraine chez Marie de Médicis se réveille enfin et se révolte. Elle se redresse de toute sa hauteur, et laissant tomber un regard courroucé sur la confidente toujours courbée :
    – Vous voulez ! répéta-t-elle en martelant chaque syllabe. Et moi, je ne veux pas !
    – Madame…
    – Assez !… Il ne me plaît pas d’accorder le congé que vous sollicitez… Allez !
    Et comme la dame d’atours ébauchait un geste, elle reprit violemment :
    – Allez-vous-en, dis-je, ou par la santa Maria, j’appelle et vous fais arrêter.
    Léonora, comme écrasée, obéit, se retire à reculons. Et la reine, que cette feinte soumission apaise, se reproche déjà sa violence, soupire à la pensée qu’elle va être privée d’une visite de Concini.
    Arrivée à la
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