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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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gentilhomme qui cheminait devant lui. Il continua d’avancer sans se retourner, sans un mot d’excuse. Mais, cette fois-ci, il était tombé sur quelqu’un qui n’était pas d’humeur à se laisser malmener :
    – Holà !… Hé !… monsieur l’homme pressé ! s’écria le gentilhomme.
    L’amoureux ne tourna pas la tête. Peut-être n’avait-il pas entendu.
    Tout à coup, une poigne s’abattit sur son épaule. Sans se retourner, confiant en sa force, il se secoua comme un jeune sanglier, pensant faire lâcher prise au gêneur. Mais le gêneur ne céda pas. Au contraire, son étreinte se resserra, se fit plus puissante. Sous la poigne de fer qui le maîtrisait, l’amoureux fut contraint de s’arrêter. Il se retourna en grinçant.
    Il se vit en présence d’un gentilhomme de haute mine qui pouvait avoir une soixantaine d’années, mais n’en paraissait pas cinquante. En tout cas, ce gentilhomme était doué d’une force prodigieuse, puisqu’il avait pu, d’une seule main, paralyser, sans effort apparent, la résistance de notre amoureux.
    Face à face, les deux hommes se regardèrent dans les yeux un inappréciable instant.
    La stupeur, la honte, l’admiration, la fureur, le désespoir, tous ces sentiments passèrent sur le visage expressif du jeune homme.
    Le gentilhomme, très calme, sans colère, le regardait d’un air froid. Il faut croire que ce gentilhomme n’était pas le premier venu. Comme si cette jeune physionomie qu’il considérait avait été un livre ouvert dans lequel il lisait couramment, une expression de pitié adoucit son œil fixe jusque-là et, lâchant le bouillant amoureux, il lui dit avec une douceur qui n’excluait pas une certaine hauteur :
    – Je vois, monsieur, que si je vous laisse aller, ma susceptibilité va être cause de quelque irréparable malheur.
    « Il me convient d’oublier la brusquerie de vos manières. Allez, jeune homme, pour cette fois-ci le chevalier de Pardaillan oubliera votre incivilité. »
    L’amoureux eut un sursaut violent, ses yeux s’injectèrent, sa main se crispa sur la poignée de sa rapière comme s’il eût voulu dégainer à l’instant même. Mais il n’acheva pas le geste et, secouant la tête, pour lui-même, il expliqua :
    – Non !… Je n’ai pas un instant à perdre !…
    Et se rapprochant du chevalier de Pardaillan jusqu’à le toucher, les yeux dans les yeux, il gronda :
    – Vous voulez bien me pardonner !… Et moi qui ne suis pas chevalier, moi Jehan qu’on appelle le Brave, je ne vous pardonnerai jamais l’humiliation que vous venez de m’infliger… Je vous tuerai, monsieur !… Allez, profitez des quelques heures qui vous restent à vivre. Demain matin, à neuf heures, je vous attendrai derrière le mur des Chartreux… Et s’il vous convenait d’oublier le rendez-vous qu’il vous donne, sachez que Jehan le Brave saura vous retrouver, fussiez-vous au plus profond des enfers !
    Et il repartit comme un fauve déchaîné.
    Le chevalier de Pardaillan fit un mouvement en avant comme pour le saisir à nouveau. Puis il s’arrêta, haussa les épaules avec insouciance et s’éloigna paisiblement en sifflotant un air du temps de Charles IX.
    q

Chapitre 2
    P endant que Jehan le Brave – à défaut de nom, laissons-lui ce fier prénom – pendant que l’impétueux amoureux, disons-nous, le cherchait du côté de la Croix-du-Trahoir, Fouquet était redescendu vers la rue Saint-Honoré.
    Il passa sans s’arrêter auprès du moine Parfait Goulard, à qui il fit un signe imperceptible, et continua son chemin dans la direction du Louvre.
    A peine était-il passé que le moine, poussant du coude son compagnon, lui glissa :
    – Voyez-vous ce seigneur… là, devant nous… C’est Fouquet, marquis de La Varenne, entremetteur, Premier ministre des plaisirs de Sa Majesté !
    Et le moine éclata d’un gros rire égrillard, tandis qu’une lueur fugitive s’allumait dans l’œil de Ravaillac. Tout à coup, le moine se frappa le front :
    – Mais nous l’avons déjà croisé tout à l’heure !… Il était avec… attendez donc !… j’y suis !… avec dame Colline Colle, la propriétaire de cette petite maison devant laquelle je vous ai rencontré, précisément… Par saint Parfait, mon vénéré patron, je devine la manigance !… Dame Colline Colle a pour unique locataire une jeune fille… un ange de beauté, de candeur et de pureté… Je gage que le marquis a soudoyé l’honnête
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