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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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avait une candeur si manifeste dans le ton dont fut posée cette question que le roi, rougissant malgré lui, se hâta de dire :
    – Si fait, jarnidieu !… Mais je tenais à m’assurer… je voulais vous entendre confirmer…
    Gravement, avec un accent touchant de mélancolie, la jeune fille dit :
    – Il y a bien longtemps que je n’espérais plus l’honneur insigne que le roi veut bien me faire ce soir… N’importe, Votre Majesté est la bienvenue chez moi. Entrez, Sire.
    Elle avait l’air d’une souveraine accordant une faveur à un de ses sujets, et le roi, lui, paraissait singulièrement gêné. Il fit un mouvement pour pénétrer dans la maison. Au moment d’entrer, il se rappela tout à coup cet inconnu qui venait de lui sauver la vie, et il se retourna dans l’intention de lui adresser quelques paroles de remerciement. Il n’en eut pas le temps. Un incident imprévu éclata brusquement comme un nouveau coup de tonnerre.
    Lorsque Bertille parut sur le perron, nous avons vu que Jehan était tombé en extase. Cette extase se changea en stupeur douloureuse lorsqu’il entendit la jeune fille se nommer en invitant le roi à pénétrer chez elle. Peu à peu la stupeur tomba et fit place à la colère, laquelle s’exaspéra à son tour pour s’élever jusqu’à la fureur. La fureur froide, aveugle, qui ne raisonne pas, qui se hausse du premier coup aux pires actes de folie.
    Un moment l’inconnu qui le surveillait du coin de l’œil put croire qu’il allait escalader le perron, sauter sur le roi, l’étrangler et, qui sait ? poignarder après la jeune fille.
    Mais il changea d’idée sans doute. Ou plutôt il est probable qu’il ne raisonnait plus et agissait sous l’empire d’un accès de folie. D’un geste rageur, il rengaina violemment son épée qu’il avait toujours à la main, comme s’il eût voulu s’interdire à soi-même tout acte de violence, et croisant ses bras sur sa large poitrine, livide, les yeux exorbités, il éclata soudain d’un rire strident, terrible et en même temps il tonna :
    – Entrez, sire !… Soyez le bienvenu chez noble demoiselle Bertille de Saugis qui n’espérait plus l’insigne honneur que vous voulez bien lui faire ce soir !… Entrez ! la chambre virginale s’ouvrira pour vous !… entrez, les courtines sont tirées ! entrez, la noble demoiselle est prête au sacrifice d’amour !…
    Dès les premiers mots, Henri s’était retourné stupéfait, en songeant :
    « Voyons jusqu’où il osera aller ! »
    Bertille, pâle comme une morte, attachait sur l’exalté un regard chargé d’un douloureux reproche qui prit bientôt une expression de tendre pitié.
    Le fou – car il était fou en ce moment, fou de rage jalouse – continua de sa voix de tonnerre :
    – Ah ! par l’enfer, la farce est plaisante, et j’en ris de bon cœur !… Riez donc avec moi, noble demoiselle, et vous aussi, Majesté !… Riez de ce triste hère, de ce truand, de ce fou qui s’était imaginé défendre une pure, une innocente jeune fille et qui n’avait pas hésité, lui misérable inconnu, sans fortune et sans nom, à se dresser devant un roi, à l’arrêter, à le tenir à sa merci !… Riez, vous dis-je, riez de ce triple fou qui ne soupçonnait pas que la pure, l’innocente jeune fille n’attendait qu’un signe pour se laisser choir dans les bras du galant barbon… mais couronné !
    Comme s’il n’avait rien entendu de ces sarcasmes violents, débités sur un ton de violence inouï. Henri se tourna vers l’inconnu, et avec ce sourire accueillant qu’il avait pour ses amis :
    – Serviteur, Pardaillan, serviteur [2] , dit-il. Et tout aussitôt, très cordial :
    – Puisqu’il est dit qu’à toutes nos rencontres – et il ne tient pas à moi qu’elles ne soient plus fréquentes…
    – 
Votre Majesté sait que de loin comme de près…
    – Je sais, Pardaillan, fit doucement Henri. Il n’empêche que vous me négligez trop, mon ami.
    Pardaillan, puisque c’était lui, s’inclina sans répondre. Henri étouffa un soupir et poursuivit :
    – Je disais donc : puisque à chacune de nos rencontres vous rendez service à moi ou à ma couronne sans qu’il me soit possible de vous prouver ma gratitude, puisqu’il vous plaît qu’il en soit ainsi, rendez-moi encore un service…
    – Je suis à vos ordres, sire.
    Henri se redressa, et très froid, en le désignant d’un coup d’œil dédaigneux :
    – Gardez-moi ce
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