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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
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marchait à son côté. «Je te remercie, kamnan,
    d'avoir organisé une si belle distraction. Mais je suis désolé qu'elle se soit terminée aussi tragiquement.»
    Le kamnan arbora un sourire résigné. « En vérité, nous nous y attendions tous, Puissant Seigneur. La vieille mère Somkit l'avait prédit.
    - Somkit?
    - Il s'agit de l'astrologue que Votre Excellence nous a demandé de convoquer. »
    S'il ignorait le nom de la prophétesse, Phaulkon en connaissait la réputation, laquelle avait été encore amplifiée par son refus réitéré de quitter son village, quel que soit le rang de ses solliciteurs ou la récompense offerte. Désirant à son tour consulter une telle légende, Phaulkon avait envoyé de Mcrgui une délégation pour lui remettre une bague dont d'ordinaire il ne se séparait jamais, ainsi que des indications détaillées sur l'heure et le lieu de sa naissance. L'astrologue vivait en recluse dans une région éloignée de Ban Klang, mais il doutait qu'elle refuse de le rencontrer. Ce n'était pas tous les jours qu'un Barcalon passait par là.
    «Elle a prédit la mort du mahout?» demanda-t-il avec curiosité.
    « Hélas oui, Vénérable Seigneur, tout comme elle avait annoncé la mort de ses deux frères, qui ont connu la même fin tragique. La famille doit expier des péchés commis dans une vie antérieure. Tel est leur karma à tous et il est préférable pour eux qu'ils se soient acquittés rapidement de cette dette. »
    Phaulkon leva un sourcil. «Ses frères ont été également dévorés par des tigres ?
    - En effet, Puissant Seigneur. Il en a bien été ainsi. »
    Stupéfait, Phaulkon insista. «Raconte-moi ce qui
    est arrivé.
    - Qu'il en soit fait selon vos ordres, Auguste Seigneur. Ainsi que Votre Excellence le sait, les tigres attaquent rarement les humains, à moins d'être blessés et dans l'incapacité de chasser leurs proies naturelles. Cependant ce tigre-là a causé des ravages dans tous les villages des alentours. Des hommes, des femmes, des enfants ont été emportés de jour dans les rizières ou, la nuit, dans leurs huttes. L'une des victimes fut précisément le plus jeune frère du mahout tué aujourd'hui. Son frère aîné, résolu à venger sa mort, installa un piège en dehors du village, un enclos circulaire formé de pieux épais. Puis, au centre, il attacha un chien. On ne pouvait pénétrer dans l'enclos que par un étroit passage muni d'une porte qu'il était possible de refermer à l'aide d'une corde. Pendant trois jours et trois nuits, le frère est resté dans un arbre au-dessus de l'enclos, la corde à la main. Chaque jour, les aboiements du chien affamé résonnaient de plus en plus fort. Le quatrième jour, le tigre apparut enfin.
    - Et alors? Qu'est-il arrivé?» insista Phaulkon.
    «Ce fut une scène terrible, Puissant Seigneur. Le
    frère ferma la porte en lâchant la corde et sauta de l'arbre. Tout le village pouvait entendre les rugissements furieux du tigre se mêler aux aboiements du chien et aux cris du jeune homme. Quand nous sommes arrivés, tous trois étaient morts. Le tigre avait un harpon planté entre les yeux. Quand nous l'avons retiré, ce fut pour constater que le fauve était borgne à cause d'un piquant de porc-épic planté dans son œil. La douleur devait avoir ralenti considérablement les mouvements de la bête. Aucun tigre n'aurait perdu la partie contre un homme sans cette infirmité.
    - Et mère Somkit avait prédit tout cela...», murmura Phaulkon, impressionné.
    Il fut satisfait d'avoir fait chercher la prophétesse. Ils s'arrêtèrent alors devant la demeure du kamnan, une maison pauvre mais propre, couverte d'un toit de chaume, un peu plus grande, toutefois, que les autres. L'ensemble reposait sur six solides poteaux ronds et une série de marches semblables aux degrés d'une échelle conduisait à la pièce de séjour qui se trouvait à une distance suffisante du sol pour ne pas être inondée pendant la mousson. Sous la hutte, le sol avait été soigneusement balayé et plusieurs femmes s'y tenaient prosternées, attendant l'arrivée du dignitaire en visite.
    À l'intérieur, une grande jarre était remplie d'eau fraîche pour le bain et une natte de paille tressée avait été disposée à terre en guise de lit. En signe de bienvenue, une grosse guirlande de fleurs de jasmin pendait à un crochet de bois au-dessus des vantaux de l'entrée.
    «Où dormiras-tu, kamnan, si j'occupe ta maison?
    - Je ne manque pas de
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