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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
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nattes dans mon propre village, Puissant Seigneur. J'espère seulement que vous me pardonnerez la simplicité de cette demeure que Votre Excellence me fait l'honneur d'occuper.
    - J'ai tout ce qu'il me faut. Tu es un hôte parfait, kamnan. »
    Le chef de village s'inclina plus profondément encore.
    « Mère Somkit attend dehors votre bon plaisir, Seigneur. Dois-je l'introduire?
    - Pas tout de suite, kamnan. Je souhaite tout d'abord me laver et peut-être me faire masser. Le voyage a été long.
    - Je suis à vos ordres, Puissant Seigneur.»
    Phaulkon pénétra dans la hutte et se libéra de sa
    tunique à col mandarin. Puis il déroula le panung qui encerclait sa taille. Utilisant l 'eau de la jarre disposée dans un coin de la pièce, il s'aspergea lentement, prenant plaisir à sentir les filets d'eau fraîche couler sur son corps et lui redonner vigueur. Il se drapa ensuite d'un panung propre en le faisant d'abord passer entre ses jambes avant d'en fixer l'extrémité autour de sa taille. Il perçut alors un toussotement discret venant de la porte et se retourna d'un bloc pour apercevoir sur le seuil une vieille femme prosternée sur les coudes et les genoux, les mains jointes devant son front. Elle portait un panung d'un bleu délavé et le reste de son corps était nu.
    «Choen », dit-il aimablement en lui faisant signe d'entrer.
    Elle s'avança en rampant, un sourire crispé aux lèvres, visiblement apeurée à l'idée d'approcher l'un des hommes les plus puissants du pays. Avec des gestes timides, elle sortit d'un paquet qu'elle tenait sous le bras une série de petits flacons contenant des onguents.
    Il ôta son panung et la vit sursauter à la vue de sa peau blanche. Depuis qu'il séjournait au Siam, les parties visibles de son corps avaient pris depuis longtemps une couleur semblable à celle des indigènes et, manifestement, la villageoise ne s'était pas attendue à un tel contraste.
    Quand il se fut étendu sur le ventre, il se retrouva naturellement plus bas que la tête de la vieille femme et celle-ci se prosterna aussitôt en implorant son pardon pour la position qu'elle devait occuper afin d'accomplir son travail. Après qu'il lui en eut donné l'autorisation, elle s'agenouilla au-dessus de lui et commença par oindre son dos et ses épaules d'huile de palme. Il soupira d'aise et sentit son corps se détendre. Les courbatures résultant de six jours de navigation et six nuits passées dans l'inconfort Spartiate de villages de fortune commencèrent à se dissiper lentement. Une fois de plus, c'était bon de se sentir en vie, particulièrement dans ce pays béni.
    Tandis que les mains expertes de la masseuse se déplaçaient habilement sur son corps et que ses doigts puissants palpaient les muscles à la limite de la douleur, Phaulkon pensait à ce pays qu'il avait adopté et qu'il aimait tant. Il songeait aussi aux plans qu'il nourrissait pour cette terre comme pour lui-même.
    Son ascension au pouvoir avait été exceptionnelle mais, s'il avait travaillé dur pour y parvenir, il savait aussi que rien n'était jamais définitivement acquis. Autrefois simple moussaillon grec, il était devenu prince de Siam et comte de France. Même son nom avait changé. Ici, on l'appelait Pra Chao Vichaiyen, le Seigneur de la Connaissance, courtisan favori et confident du grand roi Naraï de Siam. Ami de Louis XIV et du pape, nommé comte de Faucon, il possédait à présent des richesses inouïes, deux palais, six cents serviteurs, une épouse et une concubine - et un enfant
    de chacune d'elles. Un homme pouvait-il désirer plus?
    Mais l'histoire enseigne que rien n'est éternel. Sans relâche, il lui fallait consolider sa situation. Et, pardessus tout, il devait veiller sur son maître bien-aimé, désormais souffrant, et faire en sorte que son successeur ait également besoin de ses services. Il n'était pas question non plus de relâcher sa vigilance à l'égard de ses ennemis, en particulier le général Petraja, un grand stratège qu'il avait cependant réussi à écarter dans la course au titre de Barcalon. Le général s'était retiré depuis dans un monastère, officiellement pour se consacrer à une vie de méditation ; cependant, Phaulkon demeurait convaincu qu'il s'agissait là d'un nouveau stratagème pour prendre le temps de souffler et de panser ses blessures avant une nouvelle attaque.
    La vie de Phaulkon, au sommet du pouvoir, devenait un exercice permanent de diplomatie, mais c'était là
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