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Le nazisme en questions

Le nazisme en questions

Titel: Le nazisme en questions
Autoren: Collectif
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L’irrésistible ascension d’un caporal autrichien
    Le 30 janvier 1933, une foule silencieuse se rassemble dans les rues avoisinant la chancellerie à Berlin. Elle attend la fin des âpres discussions qui opposent, autour du maréchal Hindenburg, le président du Reich, les dirigeants nationalistes von Papen et Hugenberg au chef du parti nazi, Adolf Hitler. L’enjeu : la formation d’un gouvernement de coalition dirigé par ce dernier, qui n’entend pas que ses attributions soient rognées par ses partenaires.
    À une fenêtre de l’immeuble voisin du Kaiserhof, où siègent les dirigeants nazis, Ernst Röhm, chef de la SA (Sturmabteilung, la milice armée des nationaux-socialistes), guette anxieusement la sortie du Führer. Un peu après midi, les applaudissements éclatent : Hitler sort de la chancellerie, dévale les marches du perron, s’engouffre dans sa voiture. Il est chancelier du Reich allemand. L’acte décisif d’une prise de pouvoir vient de se jouer.
    Que de chemin parcouru depuis ce jour de septembre 1919 où le caporal autrichien, ulcéré par la défaite du Reich, devenu indicateur du département politique de l’armée, adhère au groupuscule qu’est encore le « Parti ouvrier allemand » (DAP) ! Il le prend rapidement en main, le dote d’un journal, le Völkischer Beobachter , luifournit un drapeau, un programme en 25 points articulé sur le racisme, rassemble autour de lui un petit noyau de fidèles mais ne parvient pas à en faire une véritable force politique.
    On en aura la preuve en novembre 1923 lorsque, profitant des troubles qui agitent l’Allemagne, il tente un putsch à Munich avec l’intention de marcher sur Berlin pour chasser le gouvernement « rouge » (dont les socialistes font partie) et établir une dictature nationale. Pourtant, bien qu’il se soit abrité derrière le prestigieux général Ludendorff, tête pensante de l’état-major allemand durant la guerre et auquel il a confié le commandement des troupes, Hitler échoue. L’armée et la police bavaroises requises par Kahr, commissaire général de l’État de Bavière, brisent par la force le « putsch de la Brasserie » (où Hitler avait dans un premier temps contraint les dirigeants bavarois à accepter le « gouvernement » qu’il proposait). Hitler et Ludendorff sont arrêtés et le chef du parti national-socialiste est condamné à cinq ans de prison à la forteresse de Landsberg – il est libéré au bout de neuf mois, qu’il a mis à profit pour écrire son Mein Kampf .
    De cette première expérience avortée, Hitler tire un incontestable prestige, se présentant en patriote intègre, victime de la pusillanimité des autorités bavaroises. Il peut se targuer d’avoir accru son audience et d’être devenu un personnage de la scène politique bavaroise. Lors des élections de mai 1924, le bloc « populaire » ( Völkisch ) des partis « racistes » auxquels le parti nazi s’est adjoint rassemble 2 millions de voix et remporte 32 sièges (bien que Hitler, alors emprisonné et inéligiblepuisque autrichien, ait manifesté les plus vives réserves sur cette participation au jeu électoral).
    Pourtant, comparant l’échec du putsch de la Brasserie au succès remporté en Italie, en octobre 1922, par Mussolini – son modèle à l’époque –, Hitler en tire la conclusion que la prise de pouvoir doit s’opérer non par la force, mais par l’investissement des pouvoirs établis.
    C’est à la préparation de cette stratégie qu’il se consacre dès sa sortie de prison en décembre 1924. Mais la stabilisation de la situation politique allemande à partir de l’été 1924, le rétablissement de l’équilibre monétaire et économique, la normalisation des rapports de l’Allemagne avec les autres nations du monde, enfin la prospérité retrouvée représentent pour des formations extrémistes comme le parti nazi un véritable « creux de la vague » : aux élections de décembre 1924, les nazis et leurs alliés recueillent moins de 3 % des voix ; à celles de mai 1928, ils tombent à 2,6 %.
    Du même coup, cette marginalisation débarrasse Hitler de la concurrence des leaders parlementaires qui lui faisaient de l’ombre, à commencer par le dirigeant nazi de Berlin, Gregor Strasser. Il peut dès lors forger, loin de toute préoccupation immédiate de pouvoir, l’instrument de sa future victoire en réorganisant le Parti national-socialiste des travailleurs
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