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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines
Autoren: Paul C. Doherty
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coquins !
    — Et Agnès
d'Albret ? s'enquit Isabelle d'une voix dure.
    — Agnès,
expliquai-je, était dangereuse. Amie de messire Gaveston, dont elle surveillait
l'épouse, peut-être a-t-elle eu des soupçons. Elle a pu remarquer des anomalies
et des contradictions, mais elle manquait de preuves et son statut ne lui
permettait pas de porter des accusations. Elle m'a même questionnée pour savoir
si j'avais vu quelque chose d'inhabituel. Agnès voulait d'abord être en lieu
sûr, se réfugier dans la maison de ma maîtresse. Comme elle prêtait le flanc à
la suspicion, on l'a dépêchée faire une course quelconque auprès de Marigny,
qui savait ce qu'il avait à faire : s'en emparer et la renvoyer aussi vite
que possible en France !
    Guido,
embarrassé plutôt que menaçant, se leva. La reine Marguerite voulut le retenir
par le poignet, mais il repoussa brutalement sa main.
    — Madame,
chuchota-t-il d'un ton rauque, c'en est fini. Nous devons suivre nos propres
chemins.
    Il salua
Isabelle avec respect.
    — J'ai un
mandat de votre auguste père. Moi, Pierre Bernard, connu sous le nom de Guido
le Jongleur, suis membre du conseil privé de Philippe, envoyé spécial muni du
sceau personnel du souverain. Je dépends de la juridiction du pouvoir français.
Si on doit m'accuser, je demande...
    Isabelle leva la
main.
    — N'en
dites pas davantage, murmura-t-elle. Nous nous y attendions. Allez, messire,
mais quand vous passerez dans l'antichambre, faites savoir aux comtes Pembroke
et Lincoln...
    Elle feignit de
sourire.
    —... que vous
êtes pressé de rejoindre messire Marigny dans ses appartements, dans une autre
partie de ce château. Que Dieu m'en soit témoin, mon père saura bien assez tôt
de quoi il retourne. Je vous dis adieu.
    Surpris, Guido
s'inclina avec gaucherie devant Isabelle et Marguerite, me lança un sourire
affecté et sortit.
    — Ainsi
qu'à vous, très chère tante, annonça Isabelle d'une voix vibrante.
    Et une fois
encore je compris quelle actrice accomplie elle était. Elle haïssait sa parente
du fond du cœur et, à présent, le manifestait sans détour.
    — Je suis
la reine douairière.
    — En effet,
et vous le resterez, madame.
    Ma maîtresse se
leva.
    — On vous
conduira, vous et vos enfants, dans l'une de vos résidences. De préférence,
railla-t-elle, le plus loin possible de moi, mais assez près de quelque relique
tombant en poussière. Vous pourrez bavasser à son sujet, vous rendre dans les
lieux de pèlerinage, mais, cette fois, ce sera sincère et non prétexte à vos
intrigues. Quant à mon père...
    Elle claqua de
la langue.
    — Vous
pouvez lui dire ce qu'il vous plaira. Mais cette comédie impliquant mon époux,
Gaveston, moi et la France est bien finie. Je suis l'épouse d'Édouard
d'Angleterre, couronnée et ointe, la mère de futurs souverains. Oh, partez !
    Elle se rassit
et reprit d'une voix lasse :
    — Au nom du
ciel, partez, madame ! Mon époux n'a aucun intérêt à rendre votre disgrâce
publique pas plus qu'à vous humilier.
    Marguerite se
mit debout, esquissa un salut, me lança un coup d'œil furieux et quitta la
pièce dignement. Lorsque je revins après avoir fermé la porte, Isabelle tapota
le tabouret qui se trouvait près d'elle. Nous gardâmes le silence quelques
minutes. J'allais parler quand Isabelle ôta une de ses bagues et la pressa dans
ma main.
    — C'est un
cadeau, chuchota-t-elle, les yeux brillants, un anneau que ma mère m'a donné.
Je vous l'offre à présent, Mathilde, avec toute mon affection.
    Elle posa un
doigt sur ses lèvres et s'approcha d'une fenêtre. Elle y resta quelques
secondes, puis plongea le visage dans ses mains, les épaules tressautantes.
    Je fis mine de
me lever.
    — Non,
murmura-t-elle sans se retourner, non, laissez-moi pleurer sur ce qui est, ce
qui a été, mais, surtout, sur ce qui aurait pu être.
    Et elle resta
là, à regarder par la fenêtre. Un coup retentit à la porte. Isabelle fit un
signe. Je m'empressai d'aller ouvrir. C'était Demontaigu. Il portait un
justaucorps et des hauts-de-chausses de cuir noir. Je remarquai des taches de
sang sur ses bottes à hauts talons. Il déposa son ceinturon sur le plancher et
s'agenouilla.
    — Votre
Grâce.
    — Est-ce
fait ? s'enquit cette dernière sans bouger.
    — Comme
vous l'avez ordonné, répondit Bertrand. Pierre Bernard, connu sous le nom de
Guido le Jongleur, a cherché à rejoindre messire Marigny. Lincoln et Pembroke
s'en porteront
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