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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines
Autoren: Paul C. Doherty
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mur.
    Guido releva la
tête. L'affolement se lisait dans ses yeux.
    — Ah oui,
dis-je, le Salve Regina , Mater Misericordiæ . Dans l'esprit confus
de Highill il s'est transformé en Salv. Reg. Sin. Cor. Mat. Dis . Ou,
plus complet, en Salve Regina sine corona, Mater Discordiæ . Au lieu de Salut
Reine des Cieux, Mère de Miséricorde , sa version, écrite selon son code de
clerc, fut : Salut Reine sans couronne, Mère de Discorde , ce qui
était l'idée qu'il avait de vous. Feu le roi a dû être fou de rage contre lui,
mais, en fait, quel crime avait commis Highill, si ce n'est de dire la vérité ?
D'où l'hôpital de Bethléem. Chapeleys aussi savait quelque chose à ce sujet,
mais sans doute pas tout. S'il a eu le bon sens de se taire, il a pourtant fait
une allusion sur un morceau de parchemin retrouvé dans sa chambre : un mot
inachevé, « basil » l'ai cru qu'il faisait référence à un basilic.
Cependant, Chapeleys, comme Highill, connaissait le grec. Dans cette langue le
mot entier, Basilea , signifie reine.
    — Billevesées
et délire ! gaba Marguerite en lançant des regards furieux à ma maîtresse.
    — Attendez,
attendez ! murmura cette dernière.
    — D'une
certaine façon, le vieux roi a eu sa revanche, repris-je. Vous n'avez jamais
été couronnée, n'est-ce pas ? Vous avez passé presque neuf ans en Angleterre,
mais n'avez onc été conduite à Westminster. Nulle couronne n'a été posée sur
votre tête. Vous n'avez jamais été ointe du saint chrême. J'y ai pensé quand je
me suis trouvée à côté du tombeau d'Éléonore à l'abbaye. Haïssiez-vous feu
votre époux, madame ? Il est mort à Burgh-on-Sands en juillet dernier.
Vous étiez là-bas pour le soigner.
    Je laissai
planer l'accusation implicite avant de poursuivre.
    — Après son
trépas, votre rôle en tant qu'Empoisonneuse ne prit pas fin, mais connut un
nouvel essor sous le règne du nouveau roi. Vous avez espionné pour le compte de
votre frère, l'informant de la prééminence de messire Gaveston et du conflit du
jeune souverain avec ses barons. Philippe de France a dû en être fort aise. Il
a commis une erreur : le pâtissier royal, Edmund Lascelles, mieux connu
sous le nom de Pain-bénit, a eu vent de cette conspiration secrète et, d'une
façon ou d'une autre, a découvert que l'Empoisonneuse était à nouveau sur le
point de causer du tort. Je me demande si Pain-bénit avait deviné qui elle
était. Ou s'il savait seulement que Philippe comptait beaucoup sur elle pour
provoquer de grands dommages à la Couronne anglaise. Or Pain-bénit était un
épieur. Il avait servi feu le roi, mais aussi messire Gaveston, changeant de
cheval, pourrait-on dire, au milieu du gué. Il se peut de même qu'il ait appris
quelque chose au sujet de Highill et ait rédigé une lettre prévenant le
souverain et son ami des dangers qui les attendaient.
    Je
m'interrompis.
    — Nous ne
saurons jamais tout à fait ce que connaissaient exactement Chapeleys et
Pain-bénit, parce que vous les avez fait occire tous les deux.
    — Pain-bénit ?
railla Marguerite. Qui est-ce ?
    — Oh, vous
ne l'ignoriez pas ! Février de cette année, vous avez joué les Janus à
deux faces : la dévote reine douairière, qui se proposait comme médiatrice
entre le jeune roi et ses adversaires...
    — Absurde !
    — ... et la
sœur de Philippe de France, prête à le soutenir dans tous ses subtils plans.
    — Avez-vous
des preuves ?
    — Langton a
tout avoué, intervint Isabelle. Il espère que ses crimes seront pardonnés et
que ses biens lui seront rendus.
    — Traître !
    Le mot avait
échappé à Guido, à présent déchiré entre la peur et la colère.
    — Or vous
n'étiez pas médiatrice, dis-je. Langton était votre allié secret avant d'être arrêté
vers la fin de l'automne dernier. Il avait déjà transporté une partie du trésor
de sa réserve au Nouveau Temple pour vous aider. Vous en avez usé pour vous
assurer les services de gens comme Pembroke et Lincoln. Vous rencontriez ces
grands barons à des banquets dans vos appartements privés et les régaliez de
vin, d'argent, d'or et de flatteries.
    — Et quoi
encore ? chuchota Isabelle.
    — Comment
osez-vous !
    Marguerite,
aveuglée par le courroux, se leva d'un bond, mais le vacarme derrière la porte
la fit reculer.
    — Mes
enfants ? interrogea-t-elle d'une voix lasse.
    — Ils sont
en sécurité, répondit ma maîtresse. Davantage que nous l'étions au manoir
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