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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines
Autoren: Paul C. Doherty
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hautain. Guido fut sur le point de
prendre la parole.
    — Langton a
tout avoué, intervins-je.
    Mes mots firent
l'effet d'un coup de fouet. Marguerite, horrifiée, sursauta. Guido gémit sans
retenue.
    — Quel est
l'acte d'accusation, Mathilde ? s'enquit Isabelle d'une voix douce.
    Je tentai de
saisir et de retenir le regard de Marguerite.
    — Madame,
vous êtes la sœur de Philippe de France et vous êtes fort proche de lui. Votre
frère a occupé la Gascogne, possession anglaise, et a obligé feu Édouard
d'Angleterre à signer un traité de paix. Ce dernier devait vous épouser et son
fils, le prince de Galles, devait épouser votre nièce Isabelle. Philippe
voulait à tout prix que le trône du Confesseur, qui se trouve si près d'ici,
soit occupé par un prince descendant des Capétiens. Il n'en démordait pas. Le
mariage eut lieu, et le vieux roi introduisit ainsi le loup dans la bergerie.
Vous étiez son épouse, mais vous étiez aussi l'épieuse de Philippe au cœur de
la Cour anglaise. Or, jadis, une tueuse, l'Empoisonneuse, fut dépêchée dans le
camp ennemi pour y causer autant de dommage que faire se pouvait. Vous étiez,
vous êtes, l'Empoisonneuse de Philippe de France. Vous avez dévoilé les secrets
de votre époux à son pire ennemi...
    — Quelle
preuve avez-vous ? glapit Marguerite, qui n'avait plus rien de la pieuse
veuve, de la dévote douairière, mais ressemblait plutôt à une vieille sorcière
furibonde des bas quartiers de Saint-Denis ou de Cheapside.
    — Fort peu,
il est vrai, accordai-je. Si ce n'est que feu le roi, votre époux, a dû vous
prévenir, sans doute dans une missive qui a été détruite, transcrite par son
fidèle serviteur, John Highill. Ou peut-être, dans un moment de faiblesse,
a-t-il confié ses inquiétudes à ce clerc du sceau privé. Votre époux aimait les
romans évoquant Arthur et le grand Alexandre. Dans l'un des poèmes sur le
Conquérant du Monde, le roi des Indes envoie à Alexandre moult cadeaux très
précieux, dont une splendide jouvencelle qu'il a nourrie et empoisonnée jusqu'à
ce qu'elle ait la nature d'un serpent venimeux. Le conte dit qu'Alexandre,
séduit par sa beauté, se précipite pour l'étreindre mais que son contact, sa
morsure, sa sueur même, déclare le poème, lui auraient été fatals. Il aurait
péri si le philosophe Aristote, son sage conseiller, n'était intervenu.
    Je
m'interrompis.
    — Cela
explique pourquoi feu votre époux employait le mot d'Empoisonneuse pour vous
décrire, mais, en l'occurrence, il vous avait enlacée !
    Marguerite me
regardait sans ciller, le visage curieusement rajeuni, plus belle, les yeux
écarquillés par la colère. Je comprenais l'attirance du vieux roi, qui avait dû
être écartelé entre le courroux et le désir. Guido, tête basse, jouait avec le
fermoir d'une escarcelle attachée à sa ceinture.
    — Comme je l'ai
déjà dit, pour feu le roi, vous étiez l'Empoisonneuse, envoyée pour séduire,
pour trahir. Il désirait votre corps et voulait prendre sa revanche par le
biais du plaisir, mais il ne s'est jamais tout à fait fié à vous.
    — Il
m'aimait ! siffla Marguerite en m'affrontant.
    — Je n'en
doute point, madame, répliquai-je, mais il a été trompé, pris au piège d'un
mariage avec la sœur de son ennemi.
    — Je ne
l'ai onc trompé.
    — Dans un
certain sens, si. Vous avez fait passer les intérêts de votre frère le roi de
France avant ceux de votre mari, Édouard d'Angleterre. Il le savait, mais,
comme tout mari berné, il ne voulait pas que son infortune soit de notoriété
publique. Que pouvait-il faire ? Il était tenu par un traité solennel et
les liens sacrés du mariage. Il ne pouvait que fulminer. Deux autres personnes
savaient toute la vérité. Le trésorier et confident du souverain, Walter
Langton, et le clerc John Highill. Ce dernier, âgé et sénile, a exprimé son
chagrin devant la situation critique où se trouvait son royal maître en
composant une version satirique du Salve Regina  — l'antique
hymne à la Vierge.
    Marguerite, hors
d'elle, se serait volontiers jetée sur moi, mais Guido, à ma surprise, la
retint tandis qu'Isabelle se penchait en avant.
    — Ma tante,
je ne veux point avoir à appeler Ap Ythel pour qu'il vous restreigne.
    — Highill,
résumai-je, perdit l'esprit, mais son attaque voilée contre vous fit qu'on
l'incarcéra à l'hôpital de Bethléem, où il continua à divaguer et alla même
jusqu'à gribouiller sur le
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